Non.
Complètement sorti de nulle part, Pothamus s'est dévoilé récemment, pour ma part. A l'automne dernier se découvrait le clip de « Orath », titre d'ouverture sur leur premier album paru en 2020. Flammes infernales en noir et blanc, procession aux flambeaux sur fond de petites pointes de chapeau... On pourrait, au premier abord, penser au Ku Klux Klan ici mais on voit bien que ça n'a pas l'air d'être cela. On peut aussi songer aux pénitents de la Semaine Sainte chrétienne, mais les plans sont assez flous (pas au sens propre hein, c'est plutôt bien filmé) pour qu'on ne sache pas trop ce qu'il se passe. Les images ont, en réalité, été prises lors du grand bûcher de tradition chrétienne qui prend place à Bouge, en Belgique, où un « Winter Man » enflammé célèbre l'hiver qui s'éteint et le printemps à venir. Une évocation totale d'un rituel de renouveau pour introduire l'album Raya, en tout cas.
Si la description peut nous faire attendre du Black Metal, il n'en est rien. On se dirige plutôt vers un Post-metal / Sludge / Doom à tendance « tribale », avec une ambiance progressive et lourde, pesante, sèche et hypnotique. Je l'ai évoqué plus haut, Pothamus nous vient de Belgique et là, ça fait tilt. On est quand même pas si loin de la Church of Ra dans les sonorités, une empreinte qu'on ne peut pas nier bien que le groupe n'en fasse pas partie. On y entend, entre autres, le côté incisif d'Amenra et, d'une certaine manière, le rouleau compresseur émotionnel d'Oathbreaker.
Difficile de ne pas penser à Wyatt E. également, groupe belge qui joue aussi sur cette dualité entre style plutôt Doom et sonorités orientales. Pothamus n'utilise, cela dit, pas vraiment ces mélodies qui nous semblent venir de l'Est, et se focalise sur la progression au sein des titres. On a bien plus l'impression que le groupe tente de faire passer une image de rituel primaire, de recherche d'origine de tout comme un ensemble, de quelque chose qui ait du sens et de la spiritualité à offrir. Dans l'album, cela se traduit par des vocaux en chant clair qui font écho à des déclamations incantatoires ou traditionnelles ou encore par des rythmiques et des percussions qu'on appelle « tribales » par manque d'un terme plus respectueux et clair.
Entre rites de passage, création de la vie et puissance de la mort, notion de cycle, réflexions métaphysiques et évidences mythologiques, Raya est une pépite captivante. On vogue entre de nombreuses références et symboles issus de cultures diverses : christianisme, bouddhisme, mythologie nordique, par exemple mais aussi des concepts communs à toutes les croyances. Peut-on dire une version énervée et plus poussée pour les fans du groupe Om ? Un raccourci un peu trop rapide. En tout cas, on voit l'idée, que Pothamus utilise sans trop tomber dans le cliché exotique ou théologique vu par des Occidentaux en manque de mysticisme !
Il faut se laisser immerger par les vagues, par les concepts et ressortir au dernier moment pour flotter et y trouver de l'or. Raya est indéniablement l'une des découvertes de cette année 2020 et, en puisant dans leurs titres précédents, on se rend compte que la qualité n'est pas une nouveauté chez eux. Pothamus est clairement un groupe à suivre, et à espérer voir en live prochainement pour entrer dans cette transe sensorielle que le groupe a pour but de nous faire vivre, voire subir.
1. Orath
2. Viso
3. Heravis I
4. Heravis II
5. Raya
6. Varos