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Album

09 octobre 2020 - S.A.D.E

Echolot

Destrudo

LabelCzar Of Crickets Production
styleDoom / Sludge / Post Metal
formatAlbum
paysSuisse
sortieoctobre 2020
La note de
S.A.D.E
7.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Le changement dans l'identité musicale d'un groupe peut s'opérer de manière progressive ou bien avec un renouveau plus abrupt sur un album rompant nettement avec les sorties précédentes. Et clairement, le nouvel album d'Echolot se range dans la seconde catégorie, celle des albums se détachant sur de nombreux points des publications antérieures.

Trio suisse en activité depuis 2014, Echolot s'est forgé avec ses deux premiers albums un univers qualifié de Psychedoom/Progresstoner, quelque part entre rock prog et doom, le tout enrobé de belles nuances psychédéliques. C'est donc une surprise de taille qui attend l'auditeur après quelques minutes d'écoute de Destrudo, le troisième album du combo. Si les premières mesures de Frozen Dead Star développent une atmosphère proche des deux premiers albums (mais néanmoins plus froide et distante), le hurlement haineux et désespéré qui explose ensuite soudainement vient rebattre les cartes. L'arrière-fond Floydien qui enveloppait les titres d'Echolot n'est plus, dévoré par une noirceur qui entame même les passages plus aérés. Néanmoins, même si le changement est profond, il subsiste des éléments qu'Echolot explorait déjà auparavant. L'alternance de passages lourds et de respirations, la diversité dans le chant, la construction de morceaux-fleuves, tout cela demeure. Mais l'ensemble est cette fois-ci traversé d'un spectre d'émotions nettement plus négatives que précédemment, portées par une production de qualité.

Si j'avais trouvé la production de Volva un peu terne sur les passages pesants, Destrudo me fait dire tout le contraire : lorsque la grosse distorsion quasi sludge sort les crocs, c'est pas pour rire. Même constat sur le chant : entre black et sludge, le chant hurlé ne fait pas dans la demi-mesure. Les parties plus progressives, lorgnant cette fois-ci plus vers le post-metal que le rock prog', bénéficient elles aussi d'un son bien équilibré, laissant la place aux mélodies froides qui les dirigent de se construire tout en nuances. La basse (bien ronde et claquante) et la guitare (tantôt écrasante, tantôt plus légère) dialoguent à merveille, souvent sur des lignes différentes, mais toujours avec une pertinence et une précision exemplaire dans le mix.

Je parlais un peu plus haut des morceaux-fleuves qui sont la marque d'Echolot depuis ses débuts, Destrudo diffère quelque peu sur ce point aussi : deux titres "courts" (moins de dix minutes pour du post/prog truc, c'est plutôt court ou a minima standard) et un véritable morceau-fleuve composent ce troisième album. Wind Up North, qui clôture l'album, se construit sur presque vingt minutes entre puissance destructrice et accalmie regénérante dans un cheminement tortueux et fascinant. L'évolution se fait par petites touches discrètes (l'arrivée d'une mélodie avec un son plus clair) ou par ruptures plus directes (l'effacement soudain d'un instrument), mais avec toujours une attention portée à l'assemblage. Seules les dernières minutes du titre paraissent un peu longuettes : guitare, basse et batterie se font la malle pour laisser place à une outro sur orgue et piano tout à fait pertinente mais qui s'étire un peu trop.

Lorsqu'un groupe se frotte de manière frontale et soudaine à de la nouveauté, le risque de plantage est bien présent. Echolot a pris cette liberté son nouvel album et relève le défi sans bafouiller. Destrudo est mené avec maîtrise et rigueur (presque) jusqu'au bout, et il est clair que Suisses sont allés au bout de leur volonté de faire quelque chose de différent.

Tracklist de Destrudo :
01.Frozen Dead Star
02.Orbital
03.Wind Up North

 

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