Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Issu de la rencontre entre des membres de In Mourning et le batteur de Ahab, Svärd a sorti au début de l'été son premier EP sous la bannière d'Argonauta Records, label réputé pour ses trouvailles dans le stoner/doom/heavy. C'est donc avec une curiosité certaine que j'ai abordé ce premier effort, intrigué par ce que la jonction entre le funeral doom océanique d'Ahab et le prog (un peu trop à mes oreilles) mélodique de In Mourning pouvait donner.
Ce qui saute aux oreilles au premier instant de A Rift In The Green, c'est queSvärdsent à plein nez le projet fait entre amis, plein d'une certaine énergie positive et d'une bonne humeur palpable et ce même si le ton de l'EP reste emprunt d'un certain sérieux. Svärd sonne un peu comme du Mastodon sur The Hunter mais avec un son plus proche de celui de leur début de carrière. Une sorte de stoner/sludge avec une guitare bien épaisse et groovy, composé avec un riffing assez riche et varié, en somme. Produit par Jonas Kjellgren (Sabaton, Hypocrisy, Amorphis), ce premier EP brille par un son assez brut mais qui laisse entendre facilement les nombreuses fantaisies à la guitares qui habillent et enrichissent des riffs solides et prompts au headbang (Palaeocene Flames). La batterie est elle aussi bien mise en valeur : loin des productions un peu lisses qu'a pu proposer Jonas Kjellgren, il y a une crasse certaine dans les fûts tandis que les cymbales scintillent par dessus. Le jeu de Cornelius Althammer est radicalement opposé à son travail avec Ahab, tout en rebondissements et nervosité, avec quelques breaks vraiment chiadés (The Burning Asylum).
Si l'énergie et le dynamisme sont les maîtres mots sur la plupart des titres, The Portal, qui clôture l'album, fait office d'exception. Approchant les dix minutes, il explore des contrées plus progressives et psychédéliques. Une longue intro apaisante et sereine prend le temps de se mettre en place, évoluant lentement vers quelque chose de plus lourd et inquiétant. La suite est également plus sombre que le ton général de l'EP. Le chant avec ses multiples pistes enchassées peut évoquer les Ecossais de Dvne, entre hurlement profond et chant plus clair, mais toujours maîtrisé quel que soit le registre. Une belle dernière piste menée avec habileté.
The Rift donne absolument envie de voir ce dont Svärd est capable sur long format. Et plus encore, ce premier EP donne furieusement envie de voir le groupe en concert : tous les titres sont d'une efficacité redoutable et donnent envie de secouer la tête le poing en l'air. Espérons que les deux soient un jour possible.
Tracklist de The Rift :
01.Hallowed Grounds
02.A Rift in The Green
03.Paleocene Flames
04.The Burning Asylum
05.The Portal