Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Assemblage d'éléments doom, sludge et prog, la musique d'OHHMS se révèle être, depuis les débuts du groupe en 2014, une petite merveille à chaque sortie. 2020 voit le quintet anglais sortir son troisième album intitulé Close, toujours chez Holy Roar Records.
Conçu comme la conclusion d'une trilogie débutée avec les deux premiers EPs (Bloom et Cold), Close reprend le même format d'artwork que les deux premiers volets : un animal comme posé sur des figures géométriques, sobre, simple, mais plein d'une sérénité indéfinissable. En revanche, un coup d'œil sur la tracklist dévoile une nouveauté : la longueur des titres. Pas de morceau fleuve comme le groupe avait l'habitude de nous proposer, mais des formats plus traditionnels. Néanmoins, au premier contact sonore, l'identité des Anglais se rappelle immédiatement à nous.
Alive débute sur un enchevêtrement d'arpèges légers et mélancoliques porté par une batterie toute en finesse, jouant des cymbales et de la caisse claire en ghostnote. Une première explosion fracasse ce paysage paisible pour faire entrer le chant et tout le savoir-faire du groupe se fait déjà entendre : une capacité à bondir d'une ambiance à une autre, de faire jaillir de la colère, de distiller la tristesse ou de faire briller une énergie plus positive, le tout en quelques accords et sans tomber dans le collage mal fichu. Si le procédé était déjà impressionnant sur les titres longs que nous proposait OHHMS, c'est encore plus bluffant de maîtrise sur des titres plus concis.
Si la partie instrumentale est comme d'habitude une vraie réussite, alternant riffs musclés doomisants et méandres prog plus aérés (écoutez Revenge pour en avoir un aperçu), c'est le chant de Paul Waller qui donne un véritable cachet et une puissance énergique à l'ensemble. Avec une tessiture tantôt rocailleuse, tantôt plus claire, jamais tout à fait hurlée mais souvent emplie d'une colère sous-jacente, la voix du chanteur fait des miracles et donne immanquablement envie de reprendre les refrains. À tel point que certains passages semblent trop brefs, à l'image du très (trop!) court Asylum et sa harangue finale qu'on aurait voulu pouvoir chanter plus longtemps.
L'un des talents d'OHHMS (et ce depuis ses premières sorties) est de parvenir à mettre dans sa musique une énergie positive, pas nécessairement perceptible au premier abord, mais qui s'infuse au fur et à mesure des écoutes sans que l'on ne sache exactement comment, qui éclate et vous porte malgré le ton parfois pessimiste des paroles et une certaine gravité dans les sonorités explorées. Pourtant, systématiquement, l'écoute de Close m'a donné cet inexprimable sentiment de regain de vitalité que l'on peut avoir après l'écoute d'une musique "feelgood", alors même que l'on navigue dans un registre assez lourd et pas forcément propice à l'exaltation. Pourtant, il se dégage ce dynamisme positif tout à fait délectable, sorti d'on ne sait où, mais qu'il est plaisant de ressentir.
OHHMS se confirme définitivement avec ce troisième album comme une valeur sûre de la scène anglaise. Parvenant à se renouveler tout en gardant sa personnalité (et son talent !), le groupe délivre un album riche, travaillé et toujours aussi bien produit.
Tracklist de Close :
01.Alive
02.((Flaming Youth))
03.Revenge
04.((Strange Ways))
05.Destroyer
06.Asylum
07.Unplugged