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Voyons voir ce que l'on a ici. Un Poséidon armé de dents de morses et d'un trident s'en prenant à une galère au beau milieu de flots déchaînés. Probablement un énième groupe de folk ou de power composant à la gloire d'anciennes joutes maritimes et mythologiques. Et pourtant, il ne faut pas se fier aux apparences car dès la première écoute, les préjugés sont balayés aussi net. Toujours est-il que les premiers abords avec l'album peuvent en décontenancer plus d'un. D'autant plus qu'une fois l'album écouté, on se rend vite compte à quel point le côté Cartoon n'est que de façade.
Le jeune groupe Walrus Resist, dont Staring from the abyss est le premier album s'installe dans la lignée de cette mouvance death "à la Gojira". La musique de WR est lourde, incisive, syncopée mais surtout très planante, nous offrant une ambiance parfois malsaine. Issu à coup sûr d'un immense travail de composition, le rendu est un condensé d'influences anciennes et modernes du death métal transportant au plus profond des abîmes. Une musique cathartique, fluide et intelligente. Les rythmes y sont saccadés avec de nombreux breaks et de vastes changements de rythmes menés par une ligne de batterie très convaincante. La musique du groupe nous emmène au fil des flots, d'une tempête de notes saturées à de douces notes acoustiques, comme imprégnée de ce perpétuel mouvement lancinant de la mer parvenant à nos oreilles. Dans son remarquable Océan mer, Alessandro Barrico a écrit «La mer est sans routes, la mer est sans explications.» Walrus semble ici mettre en musique ces mots de l'écrivain italien. Comme un cri du coeur, comme un cri provenant du ventre de la mer qu'il n'est nul besoin d'expliquer, mais juste de savourer.
Walrus Resist est en quelque sorte un condensé d'Opeth et Meshuggah à la sauce landaise de Gojira. Beaucoup de jeunes groupes surfent sur cette vague du métal moderne, surtout en France. Néanmoins, tous ne le font pas avec brio. Les montpelliérains tirent leur épingle du jeu malgré quelques approximations comme le chant sur The Staccato pouvant laisser de marbre. A ce titre, la musique complexe, riche risque de faire décrocher les non initiés au fil des titres de plus de six minutes. Peu sont ceux qui ont aimé Olivier Messiaen en découvrant la musique classique. WR n'échappera pas à cette constatation.
Toujours est-il que l'ultime titre End of Disfunction vient se briser sur les tympans des auditeurs, comme Belharra sur les côtes basques. Un son de guitare pachydermique, une double pédale omniprésente sur la première partie de la chanson, laissant place à la pesante atmosphère d'après tempête par de syncopés sons acoustiques par la suite. Intensité est le maître mot.
Cet album est un Objet Sonore Non Identifié d'une fraîcheur surprenante. Et s'il faut peut-être du temps pour s'habituer à cette pochette, on reste stupéfait par la maturité dont fait preuve le quintet au fil des titres. Le groupe ne touchera probablement pas toute la communauté par cette musique complexe et peu catchy mais fera planer les nombreux initiés que cette musique touche. Un très bon moment que je vous souhaite à tous de vivre également.
1 : Purgatory
2 : The Staccator
3 : Dejected
4 : Great Chain
5 : N.A.B.
6 : Rejected
7 : Echo of silence
8 : Battlefield
9 : Magic Machete
10 : End of disfunction