"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Trauma n’est peut-être pas un des grands noms de la scène Death-Metal européenne, mais qui sait creuser et surtout est expert dans la scène polonaise connaît bien son petit nom. Même s’il n’y a pas moins de… 17 Trauma répertoriés sur Metal-Archives. Mais à ses débuts, Trauma se faisait appeler par le nom plus original de… Thanatos, comme 8 autres répertoriés sur Metal-Archives toujours, dont le célèbre groupe néerlandais chroniqué par mes soins il y a peu. Bref, tout comme Thanatos (le néerlandais), Trauma mérite néanmoins une certaine considération de par sa longévité, lui qui existe depuis 1988 sous son premier blaze. Et a fini par acquérir une bonne notoriété parmi les plus fins amateurs de Death-Metal polonais, en particulier avec leur troisième album Imperfect Like A God (2003), souvent le plus cité par les fans. Mais leur carrière débutée avec Comedy Is Over en 1996 a connu bien peu de failles. Elle a même connu un sommet avec Archetype Of Chaos en 2010, qui suivait les déjà bien bons DetermiNation (2005) et Neurotic Mass (2007). C’est pourtant avec ce dernier que le groupe a connu quelques remous, avec notamment le départ de leur chanteur Artur « Chudy » Chudewniak présent depuis Imperfect Like A God, qui reviendra pourtant reprendre le micro du groupe quelques temps après l’enregistrement de Archetype Of Chaos. Un album typique du Death-Metal de Trauma, lourd mais véloce, sombre mais technique ; et avec l’autre caractéristique de la scène polonaise, un très gros son bien sûr concocté par les studios Hertz. Archetype Of Chaos restera d’ailleurs pour moi la meilleure production des studios, le son de cet album était absolument colossal, portant des compos infernales, pesantes mais rentre-dedans, comme "Cortex Deformation", "A Dying World", "The Slime" ou autre "Tabula Rasa". Avec le chant plus grave et ténébreux de Robert « Kopeć » Jarymowicz, Trauma avait pondu son manifeste et un album finalement assez sous-estimé dans la scène polonaise la plus « propre ». Il lui fallait passer après un disque assez monumental, et depuis Trauma se fait même un peu désirer…
Maintes fois annoncé par son ancien label Witching Hour, Karma Obscura n’avait déboulé qu’en 2013, avec à nouveau Chudy derrière le micro donc, et le retour à quelque chose de moins dark et plus classique. Pas décevant, Karma Obscura montrait cependant un Trauma qui rentre petit à petit dans le rang. Et il aura fallu à nouveau patienter vu que le 8ème album du groupe ne nous parvient que 7 longues années plus tard. Le groupe a presque eu le temps de se faire oublier, mais les amateurs de Death-Metal polonais savent que nous tenons là une formation qui garde un certain potentiel. Ceci toujours à l’aide du duo d’origine, le batteur Arkadiusz « Mały » Sinica mais surtout le guitariste/bassiste Jarosław « Mister » Misterkiewicz, désormais devenu producteur de son propre groupe. Qu’on se rassure, les studios Hertz assurent toujours mixage et mastering, et le gros son sera toujours au rendez-vous. Même si Archetype Of Chaos fait toujours office de référence et que le son est désormais un peu plus abrasif et gras, ce que montrait déjà Karma Obscura. Archetype Of Chaos restera à sa manière un « one-shot » au niveau de la puissance dégagée, mais Trauma continue son petit bonhomme de chemin avec Ominous Black. Et pas grand-chose n’a changé, nous avons toujours affaire à ce Death-Metal relativement moderne typiquement polonais, avec des compos oscillant entre un aspect rustre et un touché technique, des tempos qui varient quand bon leur semble, et ainsi une ambiance demeurant sombre et pesante, même s’il n’y a rien de bien « Satan » là-dedans. Ça plaira ou pas, mais Trauma roule sa bosse là-dedans depuis 30 ans, et son expérience lui permet de tenir la cadence. Et cela se prouve avec le très bon début, sans surprises ni fioritures mais très efficace et inspiré, qu’est "Inside the Devil’s Heart", tout Trauma y est déjà. Et il enchaîne déjà bien, avec l’un peu plus lourd et toujours mordant "Insanity of Holiness" ; mais surtout l’excellent "Astral Misanthropy", un bon rouleau-compresseur lourd et gras comme à la bonne époque, avec des soubresauts technico-mélodiques du plus bel effet et une ambiance vraiment noire et boueuse. Une belle réussite qui prouve qu’après 32 ans de carrière et sept ans d’absence en bacs, Trauma a encore des choses à dire.
Mais du haut de ses 44 minutes, Ominous Black n’est pas encore fini et Trauma va devoir faire attention à ne pas baisser en tension. Hélas, dès le très classique "Soul Devourer", Ominous Black se tasse assez vite. L’ensemble est plus que correct, mais généralement sans plus notable pour qu’on ne se lasse pas. Il y a bien les passages plus véloces voire chaotiques de "Among the Lies", le départ bien gras et l’aspect mélodique plus prononcé de "The Black Maggots", les riffs massifs et les solos endiablés de "The Godless Abyss", ou encore le côté plus thrashy du final "Colossus", mais rien d’énorme et les 3 premiers morceaux de l’album nous amènent au sempiternel sentiment de soufflé qui retombe. Il y a un même un creux avec le plus - et trop - long "I Am Universe", qui n’apporte rien. Rien de dramatique, car Ominous Black reste un disque de qualité, mais passé un très bon trio d’entrée, Trauma ne nous retourne pas plus que ça. C’est plus dommage qu’autre chose, ça l’est d’autant plus qu’on avait attendu 7 ans après un Karma Obscura qui n’était déjà pas leur meilleur effort. Et si on commence à tenir une comparaison avec Archetype Of Chaos… Ne nous attardons pas trop sur le sujet. Ominous Black reste un bien bon album de Death-Metal bien polonais comme il faut, gras sans déborder, technique sans en faire des tonnes, et toujours bien produit avec un son qui cogne et des riffs souvent saignants. Trauma a été plus lourd, plus efficace par le passé, Ominous Black n’est pas son meilleur opus mais il continue à faire le job. Ensuite, ça sera à chacun de faire sa hiérarchie, d’ailleurs je sais que Archetype Of Chaos ne fait pas non plus l’unanimité. A voir si ça vous fera ressortir vos Imperfect Like A God ou DetermiNation, si vous avez toujours préféré le chant de Chudy à celui de Kopeć, si le gros son bien polonais vous insupporte ou pas, et ainsi de suite. Trauma est toujours là et il a le mérite de continuer sa route, peut-être que ses meilleures années sont derrière lui, Ominous Black ne leur fait pas honte mais c’est toujours dur de passer après des références des années 2000. Un album pour les amateurs de bon petit Death-Metal polonais, dont Trauma reste un des fidèles représentants.
Tracklist de Ominous Black :
1. Inside the Devil's Heart (4:41)
2. Insanity of Holiness (3:53)
3. Astral Misanthropy (5:45)
4. Soul Devourer (4:22)
5. Among the Lies (3:22)
6. I Am Universe (6:42)
7. The Black Maggots (4:57)
8. The Godless Abyss (4:49)
9. Colossus (5:32)