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Album

18 mars 2020 - Circé

Medico Peste

ב : The Black Bile

LabelSeason of mist underground activists
styleBlack Metal
formatAlbum
paysPologne
sortiemars 2020
La note de
Circé
7.5/10


Circé

hell god baby damn no!

Aujourd'hui, je vous propose de pousser la notion de confinement un peu plus loin dans ses retranchements les plus obscurs – là, dans notre propre petite tête, jusqu'à la folie. Car dans la foisonnante galerie des étiquettes personnalisées de style de musique, Medico Peste a choisi « schizophrenic black metal ». Rien d'inédit là-dedans pour le genre, mais après une démo en 2011, un album et un EP, le combo a été pris sous l'aile de Season Of Mist pour son deuxième album. Si les précédentes sorties leur avaient déjà permis de se faire entendre dans l'underground, nul doute que cette signature leur offrira un public encore plus large, continuant ainsi la popularité de la scène polonaise acquise cette dernière décennie.

Et d'ailleurs, dès qu'on se penche sur le projet, l'omniprésence de Mgla se fait sentir : un ancien et deux actuels membres lives, M. co-mixing, M. co-mastering, M. co-producteur, bref, vous assez saisi l'idée. Medico Peste est un groupe polonais. Toute personne ayant déjà jeté une oreille sur le groupe sait pour autant qu'on ne tient pas ici un autre clone de l'entité phare sus-citée. Le premier album, Tremendum et fascinatio, proposait de longues pistes mid-tempo assez répétitives, se rapprochant plutôt d'ambiances inspirées de la scène française type Merrimack. Ca n'avait pas trop accroché à mes oreilles – trop de longueurs. Il y avait pourtant de bonnes idées, assez pour me faire retenir le nom.

Le premier constat, 8 ans et un EP plus tard, est que ce nouvel opus comporte lui aussi 7 morceaux mais dure 10 minutes de plus (on est passé d'environ 40 à 50mn). Et malgré cela, The Black Bile est bien moins répétitif, mieux ficelé en somme. La cover, le clip de « God knows why » renforcent une fois de plus les thématiques névrosées, un sorte d'hôpital psychiatrique habillé d'imagerie chrétienne pervertie. Cette folie, elle se retrouve dans les structures chaotiques des morceaux et leurs changements soudains. La première partie de l'album en particulier, construite comme des labyrinthes tortueux lorgnant vers un Deathspell Omega mélodique, évoque une certaine schizophrénie entre mid-tempo abrutissant, blasts et passages à vide judicieusement placés au milieu des compos. Ce côté déconstruit se perd malheureusement un peu sur les deux derniers morceaux plus linéaires, en particulier le limite sludge « Holy Opium ».

C'est donc cette coupure au sein de l'album qui pêche un peu. Alors que l'album s'ouvre sur des cris possédés, Medico Peste assaille ensuite de motifs répétitifs dissonnants dérivant vers des mélodies inattendues, toujours calés sur la partie rythmique, qui se pare parfois de motifs jazzy. La basse et la batterie savent se faire étrangement catchy, en particulier sur « God knows why », « Numinous Catastrophy » ou « Skin ». Il s'agit là d'ailleurs en définitive du morceau le plus abouti de l'album pour moi, qui synthétise au mieux le propos tout en sachant garder la bonne intensité et touche d'expérimentation. Puis viennent donc les deux dernières pistes, qui sans être mauvaises, font rapidement retomber la tension face aux précédentes. Elles sont pourtant pleines de bonnes idées, l'intro en crescendo d'« Holy Opium », de bons riffs, la montée finale du titre éponyme qui permet à l'album de finir sur un point d'orgue enterrant définitivement toute lueur d'espoir.

Le tout porté, tout au long de l'album sonnant encore plus possédés et torturés que sur les précédentes sorties du groupe. Ils restent tout de même « propres » dans l'ensemble, mais quelques instants de démence suffisent à faire leur effet.

Medico Peste passe donc un cap (au delà la signature sur un label de taille) en variant un peu plus la cadence de son Black Metal mid-tempo, baigné d'harmonies dissonnantes dans une atmosphère maladive. The Black Bile propose une musique plus diverse et aboutie mais surtout plus personnelle, malgré le léger dénotemment sur la fin du disque. Nul besoin de dire que le groupe est à suivre dans les années à venir, comme la plupart de ses compatriotes faisant aujourd'hui parler d'eux. En espérant qu'ils sauront pousser l'aliénation et la catharsis un peu plus loin – il y a de quoi. Et pour l'instant, voici donc un petit cadeau empoisonné (ou salvateur ?) pour vous tenir compagnie.

 

Tracklist :
1. God knows why
2. All too human
3. Numinous catastrophy
4. Were saviours belivers?
5. Skin
6. Holy opium
7. The black bile