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Album

11 février 2020 - S.A.D.E

Verdun

Astral Sabbath

LabelThroatruiner Records
styleDoom Metal
formatAlbum
paysFrance
sortienovembre 2019
La note de
S.A.D.E
8/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Drôle d'épopée que celle de l'Amiral Masuka. Ayant quitté la Terre sous une forme que l'on pourrait qualifier de spirituelle avec la sortie du premier EP de Verdun, The Cosmic Escape of Admiral Masuka, notre bon soldat erre depuis dans des sphères spatiales aux contours incertains. The Eternal Drift's Canticles nous contait ces pérégrinations interdimensionnelles et presque quatre ans plus tard, Verdun nous fait l'honneur de poursuivre (ou conclure ? rien n'est sûr) l'épique voyage de Masuka.

Et pour ce troisième volet, David Sadok reprend le micro qu'il avait laissé sur l'opus précédent à Paulo Rui (tout en conservant le rôle d'écriture des textes, rôle qu'il garde logiquement cette fois encore). Les premiers pas (ou flottements cosmiques si vous préferez) de Masuka pour ce nouvel album sont lourds et puissants : on retrouve, dès les premiers accords de Return Of The Space Martyr, le son épais et trouble de Verdun, une masse de guitares plombées certes, mais qui se garde de vous étouffer totalement. Verdun c'est quelque chose comme de la lourdeur fine : suffisament menaçant pour vous empêcher de partir, mais pas assez méchant pour vous briser définitivement. Le groupe prend le temps de bâtir ses morceaux, les mouvements des titres suivant les étapes de Masuka dans sa demi-vie. La deuxième partie de Darkness Has Called My Name, avec sa longue progression vers un riff tout à fait monolithique, donne à vivre l'effroi qu'il y a à s'égarer sans but apparent dans un cosmos infini et noir. C'est brillament exécuté, porté par un chant toujours aussi empreint de ce désespoir lucide.

La production par Cyrille Cachet (Fange, Year Of No Light) s'équilibre avec soin et minutie entre les mandales doom bien senties et les envolées plus célestes. L'interlude en cyrillique (интерлюдия) montre ce travail de précision dans les sonorités moins extrêmes, sonorités que l'on retrouve un peu partout dans l'album et qui donnent une saveur supplémentaire aux compositions. Le son de batterie est également intéressant : assez mat mais pas trop claquant, il donne une impression de distance ou de mollesse (sans perdre en impact rythmique pur) qui donne un côté un peu plus vaporeux au son. Si les titres sont tous de bonne facture, The Second Sun demeure mon favori : avec son intro (reprise à mi-parcours) assez mystérieuse et son côté marche inexorable vers un nouvel espace-temps, ce titre donne à voir toute la palette des talents de Verdun. L'enfant Nouveau et son final assez aérien (dans les mélodies, la rythmique reste plombante) habillé d'un chant en français sort également du lot.

Astral Sabbath creuse clairement dans le même sillon que les précédents efforts de Verdun. Du son au récit en passant par le style, Verdun ne boulverse pas ses habitudes. On pourrait trouver ça un peu facile voire ennuyeux, mais il n'en est rien. Les errances de Masuka restent de belles pistes musicales, construites avec patience et savoir-faire. Qu'Astral Sabbath conclut ou non les aventures de l'amiral japonais, à vrai dire peu importe. Le voyage reste fascinant et prenant.

Tracklist d'Astral Sabbath :
01.Return Of The Space Martyr
02.Darkness Has Called My Name
03.интерлюдия
04.Venom(s)
05.The Second Sun
06.L'enfant Nouveau
07.Ästräl Säbbäth

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