Dans les contrées reculées de Tasmanie, aux quasi antipodes de là où j’écris ces quelques lignes, un homme répondant au pseudonyme d’Aciretose a créé en 2013 un projet nommé Dissonant Winds. Après deux premières réalisations de bonne facture, le one-man-band a publié l’année dernière son troisième opus, “Drowning in the Residues of Misery”, paru chez le label français Transcendance, en seulement 300 exemplaires. Son écoute m’a littéralement scotché tant l’atmosphère qui y règne ne m’a pas laissé indifférent.
L’oeuvre s’articule autour de trois monolithes compris entre dix-sept et trente-et-une minutes, temps parfaitement approprié et classique pour du Black Metal atmosphérique. Les compositions sont répétitives et le rythme linéaire, de quoi mettre l’auditeur dans un état hypnotique et se laisser guider par les mélodies aériennes. Appuyé par des nappes de clavier célestes et cristallines, Dissonant Winds propose un véritable voyage transcendantal, où la noirceur de la lumière se peint d’une troublante beauté. Si sur le premier et le troisième morceau le rythme est assez soutenu, donnant un certain ressenti cosmique, le second est beaucoup plus doom dans sa construction et son tempo, plongeant l’auditoire dans les marais poisseux de l’obscurité persistante. Certains passages sont même purement ambiants, comme si le temps était suspendu, où le froid et la mort règnent en maîtres, notamment les dix dernières minutes de l’album, dont les accords ont un effet pétrifiant.
La qualité de la production contribue pour beaucoup à cette atmosphère. Tous les instruments bénéficient d’une certaine clarté, même si l’accent est mis sur le synthé qui prend le dessus pour enrober les compositions. Une fois n’est pas coutume, pour un projet incarné par un seul et même individu, on a le droit à une batterie organique. En effet, Aciretose est aussi batteur de formation, notamment pour son projet parallèle Forn Valdyrheim et, plus récemment, de session pour Sale Freux / Saatkrähe. Au niveau vocal, l’Australien semble incarner une entité fantomatique, dont les cris écorchés lointains et torturés hantent les titres, accentuant l’aspect tragique et lugubre de l’album.
“Drowning in the residues of misery” apparaît sans aucun doute comme une pièce majeure dans la discographie de Dissonant Winds, voire même dans le registre du Black Metal atmosphérique, grâce à des morceaux envoûtants, noirs et sans espoir. Amateurs des travaux de Severoth ou, plus localement, de leurs compatriotes de Moon : vous pouvez y aller les yeux fermés.
Tracklist :
1. The Serenity of Hate
2. Drowning in the Residues of Misery
3. Ephemeral Passage