Non.
Quelle curiosité que ce projet qui accompagne Hexvessel sur leur tournée européenne. Le groupe américain, qui se revendique d'un style unique (Satanic Doo-Wop) semble commencer à faire du bruit en nos contrées. La genèse du groupe repose sur un supposé sacrifice concernant le duo, les visuels du groupe sont choisis avec soin (et cachent une certaine réflexion artistique qui ne va pas forcément de soi dans ce genre de groupe), l'album va droit au but. Assez intrigant pour creuser.
Si le Doo-Wop vous est inconnu, on remet la face A du vinyle histoire de ne perdre personne en chemin. Le style est né dans les fifties aux Etats-Unis, puisant dans le rhythm and blues, le rock n roll, le gospel et finalement la majorité des styles musicaux de l'époque. L'idée est simple et peut se présenter a cappella : un groupe de chanteurs et/ou de chanteuses se décomposant en un fond harmonique et une voix principale, et le tour est joué ! En réalité, il est bien plus accessible, d'un point de vue financier, de travailler sa voix que d'acheter des instruments, ce qui le rend style rapidement populaire. Cependant, le format s'étend également sur des compositions accompagnées d'un piano, d'une guitare, d'une basse et d'une batterie, ainsi que de quelques autres instruments.
Face B. Twin Temple : Satanic Doo-Wop ou pas ? On a Satan, certes. Rituels d'initiation sur scène ou en secret track, pochette explicite, duo aussi sombre qu'enivrant, textes allant droit au but (« Satan, My Love ») : tous les clichés sont réunis. Comprenons-nous bien, c'est kitsch à souhait, les clichés ne pourraient pas être plus poussés (enfin, attendons le prochain album...), et c'est avec ce filtre en tête qu'il faut aborder le groupe.
J'ai vu le groupe être comparé à Coven. Alors, oui, pour le côté musique des décennies passées avec le Malin entre les notes et une forte identité portée par un chant féminin. Toutefois, musicalement on n'y est pas du tout, le Doo-Wop étant ancré dans les décennies précédentes. Sans doute également car il est difficile de croire à l'authenticité des croyances du duo qui prête plus à sourire qu'autre chose (malgré ce qu'ils semblent dire), quand Jinx Dawson ne laisse planer aucun doute.
Je ne peux pas clamer être une spécialiste du Doo-Wop, toutefois à la première écoute j'ai plus eu l'impression d'un retour d'entre les morts d'une Amy Winehouse en prêtresse satanique qu'à un véritable groupe de Satanic Doo-Wop. Le format concis, en duo, ne permet pas aux harmonies vocales auxquelles on s'attend de se développer. L'album évolue autour des lignes vocales d'Alexandra James alors qu'on attend tous un bon chœur d'hommes avec ténors, barytons et basses bien groovy ou mélodieux à l'arrière !
Lorsqu'approche la fin de l'écoute de Twin Temple (Bring You Their Signature Sound... Satanic Doo-Wop), on peut commencer à s'ennuyer un peu. Clairement, quelques chansons sont vraiment sympathiques, en proposant cette saveur assez unique qui mêle ce goût vintage et feel good qui provoque ce roulement d'épaules (inévitable) au sérieux sanglant et incantatoire de l’ode à Satan. Mais en fin d'album, le chant commence à devenir répétitif et les compositions tournent en rond. Twin Temple respire la simplicité, et c'est aussi agréable que redondant. Heureusement, il ne dure que 35 minutes et s'arrête avant que l'overdose soit atteinte.
A retenir que ce n'est que le premier album, comme une blague allée un peu trop loin. Les morceaux n'ont pas été perfectionnés en studio et ils sont mixés en mono pour avoir ce sentiment de cohérence avec l'époque visée : un bon point mais on attend toutefois un peu plus de prise de risques pour la suite. Je reste curieuse de voir comment Twin Temple évoluera dans les années à venir !
1. The Devil (Didn't Make Me Do It)
2. Lucifer, My Love
3. Sex Magick
4. I Know How To Hex You
5. I'm Wicked
6. In Lvx
7. Santa Muerte
8. Let's Hang Together
9. Femme Fatale
10. In Nox
