Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Kingdom Of Sorrow

Behind the Blackest Tears

LabelRelapse
styleSludge
formatAlbum
paysUSA
sortiejuin 2010
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Le chronique à plusieurs peut avoir un intérêt, et c’est ce que John et moi avons immédiatement pensé lorsque nous évoquions ce second album de Kingdom Of Sorrow. Nos avis divergeaient et c’est pourquoi, sans aucunes concertation entre nous deux, vous n’allez pas avoir une, mais deux chroniques de ce ‘Behind The Blackest Tears’ tout fraichement dispo en bac.

Manu :

Cette chronique n’a failli pas voir le jour, ou tout du moins pas par mes soins! D’entrée de jeu, en cette période de Coupe Du Monde je donne un carton rouge à Relapse sans le moindre avertissement au préalable. Je m’explique : les labels, étant tétanisés par tout l’aspect téléchargement/leaking, ne peuvent s’empêcher de nous balancer des versions promos merdiques en croyant enrayer le problème. La bonne blague ! Dans le cas présent, c’est une version avec des ‘BIP’ toutes les 10 secondes, qui nous a été proposé. Ce qui est honnêtement… casse couilles ! Pour rester poli ! La prochaine fois, ne comptez pas sur moi !
Bref, le disque en question n’aurait pas été ce fameux second album de Kingdom Of Sorrow, j’aurai appuyé sur la touche 'Suppr’ depuis bien longtemps…
Bon en fait c’est ce que j’ai fait ! Mais j’ai attendu de recevoir l’exemplaire acheté par mes bons soins pour en parler et l’écouter comme il faut…

Pour rappel, Kingdom Of Sorrow, c’est un peu les Lorel & Hardy du metal, le petit gros, Kirk Windstein (Down, Crowbar) et le ‘grand’ maigre, Jamey Jasta (Hatebreed, Icepick). Un vrai conflit générationnel qui avait déjà fait merveille il y a de ça 2 ans avec un premier album éponyme qui avait posé les bases du groupe de fort belle manière et qui s'était hissé sur la plus haute marche du mon top album de l'année 2008. Un album qui a l’époque avait été maintes et maintes fois repoussé pour ne voir le jour que quelques années après l’annonce de son existence.
Cette fois-ci, Kirk et Jamey avaient probablement de la ressource et se sont relativement vite empressés de rentrer en studio pour accoucher de ce ‘Behind The Blackest Tears’.

‘Enlightened To Extinction’, le titre d’ouverture donne le ton ! Riffs gras, très ‘southern’ dans l’âme, dans la digne lignée des autres projets de l’ami Kirk, pour ensuite monter en puissance avec l’arrivée d’un Jasta très en voix, et se fend même d’un refrain chanté qui tient plutôt bien la route. Pas de doute sur l’identité de nos lascars, les ingrédients pour lesquels les 2 gaillards sont reconnaissables entre mille, sont bien présents, et on se prépare à passer un bon moment bien enfumé, le gosier arrosé d’un bon vieux Jack, les pieds dans le bayou. Ou alors, pour les moins terre à terre, vous passerez un moins bon moment, poursuivi à dos de canasson dans les bois du Ponant de la Nouvelle-Angleterre par le cavalier sans tête. Ce qui quelque part, peut être tout aussi excitant de s’imaginer dans la peau du Johnny, le temps de quelques chansons…
La paire Windstein/Jasta se complète à merveille bien qu’ils soient tous deux d’une génération différente et d’horizons musicaux qui ne le sont pas moins. Le premier album de Kingdom Of Sorrow était une belle représentation du mix de leurs univers respectifs et j’aurai tendance à dire que ce nouvel album pousse la chose encore plus loin et se révèle être un album dans la continuité, tout en s’avérant différent. Différent dans le sens où on sent l’intégration de quelques éléments nouveaux. Je parlais du refrain chanté sur le premier extrait, Jasta s’y essaye à plusieurs reprises, et pousse la chose encore plus loin que sur le dernier album d’Hatebreed. Bon après attention, Kingdom Of Sorrow n’est pas As I Lay Dying et ne va pas nous infliger des refrains mélo complètement décalés à la limite de l’atroce (pour ne pas dire ‘totalement’ !). L’ensemble reste relativement brutal mais plus ouvert que le précédent. Kirk Windstein ajoute une grande diversité dans son guitare riffing, avec les riffs typiques qui ont fait naître sa légende. On pense bien sûr à Down mais aussi et surtout à Crowbar ! Même dans les plans les plus mélo on sent de vieux relents ‘Crowbar’ comme sur ‘From Heroes To Dust’ qui nous rappel inévitablement le magnifique titre ‘Odd Fellows Rest’ tiré de l’album du même nom, avec cette intro mélodique aux sonorités si caractéristiques, doublé par le chant rocailleux de ce bon vieux Kirk.
Kingdom Of Sorrow dévoile l’alchimie parfaite entre les 2 compères qui se montrent extrêmement à l’aise dans leurs (d)ébats, et se renvoient vocalement la balle de manière naturelle et complémentaire tout au long de l’album, soutenus par la paire rythmique basse/batterie, assuré par les frangins Charlie & Nick Bellmore du groupe Phantoms. Les riffs sont percutants et emprunts d’un groove à faire frémir, et ne manquera pas de faire trémousser l’arrière train, le tout chapoter par une production puissante. Il ne fait aucun doute, et toute la grandeur de ce projets réside ici, que Kingdom Of Sorrow est un groupe à part entière, qui possède son propre son et sa propre identité. Et ce, même avec les influences bien reconnaissables de Windstein et de Jasta. Ce deuxième album semble avoir été plus réfléchis que l’éponyme, qui sonnait plus fougueux, plus jeune, peut-être moins mâture…
Certains critiqueront probablement cette enveloppe ‘Crowbar’ que revêt Kingdom Of Sorrow et on peut le comprendre. Mais est-ce vraiment anormal lorsque l’on a capitaine Kirk à bord ? Il faut également savoir que Jasta est à l’origine de la plupart des titres de ce disque et donc des riffs, et ne sortent pas tous, contrairement à ce qu’on aurait pu le croire, de la tête enfumé de l’ami Kirk.
D’ailleurs une petite note personnelle qui n’a pas vraiment à voir, mais un peu quand même. A l’écoute d’un titre comme ‘Envision The Divide’ j’ai eu une vraie révélation. Il est vrai que l’idée m’était déjà passé par la tête, mais avec le riff principal de ce titre j’en ai maintenant l’intime conviction : Crowbar, Down et Kirk Windstein ont été des influences majeurs pour Metallica lors de l’élaboration de ‘Load’. Ecoutez bien cette guitare… Je reste convaincu que James et Lars avaient en tête de sortir un ‘NOLA’ à la sauce 4 Horsemen. Ce qui concorderait de plus, plutôt bien avec les dates de sortie de ces 2 albums…

Pour en revenir à notre affaire, nombreux seront donc les avis négatifs sur ‘Behind The Blackest Tears’. Les refrains chantés ? Les riffs poubelle de Crowbar ? Du sous Hatebreed ? Tout cela je l’entends déjà d’ici mais que nénies je vous rassure! Vous ne croyez quand même pas que les 2 zouaves sont allés vous balancer un album au rabais quand même ? Jasta et Windstein sont d’une toute autre trempe et ce second album possède suffisamment de force et d’envergure pour vous le prouver. Selon moi, ‘Behind The Blackest Tears’ ne laisse pas la place à l’a peu près et dévoile 12 plages de pur metal qui raviront bon nombre de metalleux de tous poils de par sa diversité et sa fraîcheur.
Kingdom Of Sorrow nous offre avec ‘Behind The Blackest Tears’ un album gras et burné, qui vous foutra la trique pour vous retourner, faire face, et aller buter ce salopard de cavaliers !

P.S. Il est à noter que la version limité est décliné en digipack inséré dans un slipcase dévoilant un artwork différent, agrémenté de 2 bonus tracks : ‘Soldiers Of Hell’, cover de Running Wild et ‘No Class’ de Motörhead (Ce dernier était déjà dispo sur l’édition japonaise du premier album dans une version identique)

John :

Décrié par certains ne voyant aucun intérêt à ce groupe, apprécié par d’autres comme moi, on peut dire une chose c’est que pour un petit délire entre potes, Kingdom Of Sorrow a bien fait parlé de lui. J’avoue avoir été complètement séduit par le premier opus du groupe. Un album qui certes n’avait rien de novateur musicalement, mais qui transpirait de sincérité.
Un très bon album de « Crowbreed » où l’énergie et la brutalité d’un Hatebreed forniquent avec la mélancolie et la lourdeur pachydermique d’un Crowbar.
Le duo qui fonctionnait à merveille comme sur le magnifique « Screaming Into he Sky » qui pour moi reste une des plus belle ballade jamais composée par Kirk.

Si j’étais enchanté à l’annonce d’un deuxième chapitre, je l’ai beaucoup moins été à l’écoute de celui-ci. Kingdom Of Sorrow a pour moi viré vers une musique beaucoup trop sludge. Bien que j’affectionne ce style comme pas permis, je dois reconnaître que ce « Behind The Blackest Tears » est une vraie déception.
Et pourtant le tout commençait bien avec un « Enlightened To Extinction » très entraînant et catchy, mais la fête fût vite gâchée par le refrain où Jasta s’essaye au chant clair, qui est peut être juste, mais vraiment niais. Quoi qu’il en soit, on espère que les autres titres seront dans la même lignée que celui-ci, quelque chose qui bouge un minimum comme sur le premier opus. Et pourtant je ne sais pour quelle raison, mais la mayonnaise ne prend pas. J’ai eu beau essayer, l’album ne décolle jamais. Pourtant les morceaux ne sont pas mauvais en soit, mais ils n’ont rien de bien spéciaux, beaucoup trop commun à mes yeux. On retiendra par contre un magnifique « From Heroes To Dust » dans la droite lignée d’un « Screaming Into The Sky » sur le premier opus, avec un Kirk Windstein excellent au chant. Ou un « Salvation Denied » sauvage et fougueux en conclusion du disque.

Hélas, ce « Behind The Blackest Tears » est pour moi bien trop linéaire. Il manque le petit truc qui me fera accrocher. Je trouvais le premier opus bien plus inspiré, des refrains mieux trouvés, et un Jasta en meilleure forme vocale (oui je le trouve plutôt limité par moment ici).
Ni mauvais, ni bon, juste passable. En espérant que Kirk Windstein reprenne le chemin de la composition et nous ponde un nouveau Crowbar digne de ce son, qui me fera oublier cette petite déception.

Manu : 9/10
John : 6/10

TOTAL :

1. Enlightened to Extinction
2. God's Law in the Devil's Land
3. Monuments of Ash
4. Behind the Blackest Tears
5. Envision the Divide
6. From Heroes to Dust
7. Along the Path to Ruin
8. With Barely a Breath
9. The Death We Owe
10. Sleeping Beast
11. Torchlight Procession
12. Salvation Denied

Digipack bonus :
13. Soldiers Of Hell (Running Wild Cover)
14. No Class (Motörhead Cover)

Les autres chroniques