Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Si on vous parle death/doom et violoncelle, le premier groupe qui vous vient à l'esprit est sans doute My Dying Bride. Et c'est également ce que Doug Moore s'est dit lorsque Gina Hendreika Eygenhuysen a rejoint le line-up de Weeping Sores. L'arrivée de la violoncelliste au sein du groupe a, selon les dires de Moore, transformé l'essence du projet. Mais, bien conscient que l'ombre des Anglais sus-mentionnés plane sur l'étiquette doom/death à violoncelle, l'ami Doug s'est lancé un défi : ne pas sonner comme My Dying Bride.
Et de ce point de vu là, False Confession, premier album du trio new-yorkais, remplit ses objectifs. Là où My Dying Bride a toujours développé des atmosphères aux influences gothiques, Weeping Sores joue plus dans un registre lourd et étouffant (pas toujours, on y revient). Le son est très plombé, très épais, les lignes de guitares qui nous accueillent sur Scars Whispering Secret Tongues ne semblent pas vouloir nous donner l'occasion de respirer. Il faut dire qu'avec deux membres de Pyrrhon dans le line-up (Doug Moore au chant et à la guitare et Stephen Schwegler à la batterie), on a affaire à des habitués de suffocation sonore. Le chant est d'ailleurs très similaire à celui que Moore utilise dans son autre groupe : un growl caverneux monolithique, mis légèrement plus en avant dans le mix qu'à l'accoutumée. Sur ce premier titre, l'approche de Weeping Sores peut sembler un peu facile : un gros magma doom/death bien épais, avec quelques mélodies au violoncelle plutôt bien senties amenées à mi-parcours pour alléger un peu l'atmosphère. Un collage un poil convenu qui, sur un album entier, risque de ne pas s'avérer plus incroyable que ça.
Mais le trio parvient par la suite à articuler de manière plus intelligente et surprenante l'association entre la lourdeur de leurs parties saturées et la légereté mélancolique des apparitions du violoncelle. Sur Song Of Embers, Gina sort une mélodie avec une légère touche orientale en guise de pont avant qu'une explosion sur un mid-tempo rageur ne vienne balayer les quelques secondes paisibles que l'on vient de traverser. L'équilibre dans le mix est vraiment bien trouvé : qu'il soit presque en solo ou qu'il recouvre des passages lourds, le violoncelle sonne toujours pur et cristallin, jamais noyé mais n'oblitérant pas la section rythmique non plus. Et il y a quelques moments de grâce où Weeping Sores touche au sublime, notamment cette sorte de valse possédée et enlevée qui constitue le sommet de Valediction Prayer. Et si l'on met ce genre de moment sublime en balance avec de véritables mandales doom/death aussi pesantes que colériques qui composent le gros de l'album (le début de Transfiguration of Flesh Into Dream risque d'en remuer plus d'un), on constate que Weeping Sores parvient à travailler une palette large d'émotion sans même qu'on y prenne garde.
L'écoute de False Confession ne fait à aucun moment écho à My Dying Bride. Avec un son plus moderne et plus dense, une utilisation intelligente et avec parcimonie du violoncelle, des compositions et des structures maîtrisées, Weeping Sores parvient à créer son propre doom/death, s'affranchissant largement de la tutelles des pionniers. Quelques longueurs empêchent toutefois l'album d'être parfait, mais le groupe sait parfaitement où il va et comment y aller.
Tracklist de False Confessions :
01.Scars Whispering Secret Tongues
02.Song Of Embers
03.Transfiguration of Flesh Into Dream
04.The Leech Called Shame
05.Valediction Prayer
06.Sinking Beneath The Waves