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La dernière fois que nous avons quitté le groupe Australien de progressif Unitopia, nous étions dans un jardin qui ressemblait à celui d'Eden. Avec Artificial, nous sortons de ce paradis dans lequel nous étions enfermés depuis deux ans, et ouvrons les yeux sur un monde qui a perdu son fond au profit de sa forme. C'est donc sur ce sombre constat, qui sonne presque comme un « c'était mieux avant » digne de nos grands-parents que l'on plonge dans leur réalisation 2010. Je commence durement cette chronique mais je préfère souligner le trait constitué par les textes que je ne manquerai pas d'affiner plus loin. Pour repartir vers une présentation plus générale, les deux années passées ont eu leur lot de changements de line up : Shaun Duncan arrive à la basse et Peter Raidel au saxophone.
Pour ne pas brusquer les fans acquis de haute lutte avec leur excellent précédent album, Unitopiareste sur les mêmes chemins : un rock mâtiné de progressif avec un caractère qui leur est bien propre. Sauf que cette fois-ci on sort de l'idée de concept et donc en partie de l'ambiance qui va avec. Pas de chanson vraiment fleuve, si ce n'est l'histoire de Tesla résumé en treize minutes. Autant dire tout de suite qu'après plusieurs écoutes on saisit tout de suite que Unitopiace n'est pas le fast food de la musique. Impossible ou presque de mettre l'album pour quelques instants car pour l'apprécier, il va falloir prendre son temps. Le temps semble s'étirer lors de l'écoute et vous allez avoir besoin d'attention et de tous vos neurones pour jauger de tous ces détails que le groupe parsème ça et là au long des dix titres et des cinquante-deux minutes d'Artificial.
Je ne reviendrai pas sur les deux instrumentales Suffocation qui ouvre l'album et The Power of 3 qui annonce le morceau qui le complète et le suit. Elles sont courtes et servent de mise en bouche et ça suffit amplement. Les morceaux sont assez doux et la composition révèle une patte délicate même si l'on ne peut pas dire que l'on tombe dans la totale mièvrerie. Car Unitopiasait jouer de la distorsion pour donner un gros groove rock à ses titres comme sur Not Human Anymore ou Gone In The Blink Of An Eye. Ce titre est un des plus complets apportant alternance d'ambiances et une juste dose entre énergie et le côté planant d'un progressif presque old school. Rule of 3s quant à elle montre un côté plus moderne que l'on retrouve chez Spock's Beard, couplé avec des plans jazzy du meilleur effet. On passera sur le côté complètement absurde des paroles qui dépasse les bornes du risible : en gros, on fait la liste de tout ce qui va par trois. Parfois les voies de l'inspiration sont impénétrables et on comprend que l'accueil d'un album peut se jouer sur des détails comme celui des paroles car lorsque l'on est anglophone on ne peut pas pardonner ce genre de coquille.
En parlant d'inspiration, on ne sait pas vraiment ce qui a pris au groupe d'aller reprendre une phrase des Beatles dans Nothing Lasts Forever. Le travail avait été peaufiné, avec un son qui rappelle ce qui se faisait il y a une bonne trentaine d'années pour ne pas dire plus (écoutez la batterie pour vous en convaincre), et puis on demande pourquoi cet hommage assez mal placé au Come together de la bande à Lennon. En bonus track on comprendrait mais là, au début de l'album... un quitte ou double bien risqué pour un gain qui reste à déterminer. Si l'on poursuit dans le mélange de genres, mais cette dois-ci à bon escient, le côté folk des guitares de Not Human Anymore sert parfaitement le propos du groupe. On se retrouve quand même sur une alternance de passages discutables et d'autres dignes du standard de ce groupe, étendard du prog australien.
Pour finir sur une impression assez étrange, j'ai trouvé que la voix de Mark Trueack, membre fondateur et pilier du groupe, sonne parfois hors sujet. Il garde son timbre suave et chaud mais il semble pas jouer assez avec pour rentrer dans le moule formé par les musiciens. Mais ceci reste une impression fugace, cachée par le reste de la performance plus qu'intéressante des musiciens.
Si vous voulez vous faire une bonne impression de ce dont Unitopiaest capable en général, écoutez Tesla. Treize minutes d'un festival de toutes les couleurs et toutes les tendances, avec percussions, plans jazz, plans rock, chœurs, parties instru... Rien à dire, la patte du groupe est là et si on les attendait au tournant c'est avec ce titre qu'ils pourront convaincre. Le reste d'Artificialest presque aussi convaincant même si on descend d'une marche si on le compare à The Garden. Rock progressif jusqu'au bout des frettes, du micro, des touches et des baguettes, Unitopia est une alternative aux grands noms que ces derniers devraient accueillir dans leur panthéon d'ici peu si le groupe continue à ce rythme.
NDLR : la version européenne sera un digipack avec trois titres en plus, donc dommage de s'en priver.
* 01. Suffocation
* 02. Artificial World
* 03. Nothing Lasts Forever
* 04. Not Human Anymore
* 05. Tesla
* 06. Reflections
* 07. The Power Of 3
* 08. Rule Of 3’s
* 09. Gone In The Blink Of An Eye
* 10. The Great Reward