La caution grunge du webzine.
S'essayer au Grunge quand on a passé le plus clair de son temps à naviguer entre Stoner Rock des eighties, Heavy et Doom à l'instar des Espagnols de Grim Comet n'est pas une évolution aussi hasardeuse qu'on voudrait le penser. Des artistes du Seattle Sound ont démontré à plusieurs reprises que ce dernier genre - par exemple - possède bon nombre de caractéristiques et de sonorités communes avec le Grunge. Citons également le parcours de Tad Doyle. Selon Metal Injection, sa formation éponyme se hisse au rang de cinquième groupe le plus "Heavy" que compte le mouvement. Au milieu des années 2000, son leader choisira de s'associer avec sa compagne afin de monter Brothers Of The Sonic Cloth, un side-project de Sludge-Doom mélodique mais caverneux, dans la lignée de ce que propose Neurosis. Cela démontre une proximité entre tous ses univers et tend à prouver qu'en ce qui concerne notre trio qui a su établir des bases solides dans les styles qu'il a couvert depuis cinq ans, la prise de risque artistique semble donc mesurée.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Madrilènes n'ont jamais été friands des albums qui s'éternisent. Aucun d'eux n'excède les trente-cinq minutes (Afterlife a même une durée équivalente à celle d'un EP). A l'instar du single Dig Up Her Bones, pour leur revisite du Grunge, les musiciens choisissent de miser sur des compositions brèves et d'une efficacité imparable. En accélérant le riff principal de Show Me How to Kill et en donnant à ce morceau issu du premier opus une patte "Western", on aurait obtenu un rendu proche du titre précédent. En effet, il faut reconnaître que le bagage Metal acquis par le groupe depuis cinq ans transparaît souvent dans l'instrumentation. Celle-ci hérite d'un son à la fois massif et psychédélique (cf. Over You et On & On dont le chant – plutôt grave – révèle des accents à la Layne Staley). Et alors que le trio démontrait peu étant donné le format des pistes qui ne se prêtait pas vraiment à le faire, sur In the Dark, Grim Comet prend le temps de développer une ambiance particulière autour de la guitare et du chant, fidèle au propos général de l'album. Concrètement, on a affaire à un pur morceau de Grunge tout sauf solaire comme pouvait l'être Dead or Alive avec son côté dansant. Une fois n'est pas coutume, le rythme se fait lent. Aux alentours des trois minutes, après une montée basse-batterie plutôt succincte qui marque une réelle transition, on entend résonner les premières notes d'un solo magnifique, quoi qu'infiniment triste. Jusque-là, le passé musical du groupe importait davantage que sa provenance géographique, faute d'une note "exotique" présente dans le disque, rappelant son pays. C'est là qu'en fin de tracklist, intervient Azabache... Ses accords de guitare espagnole l'éloignent nettement des standards du Grunge typé US. La formation marque des points, d'autant plus que ce titre confirme assez clairement que Willy, Raúl et Juanma privilégient une approche de la musique davantage instrumentale que vocale, ce qui fait aussi que leur son demeure identifiable et en un sens, unique.
Par l'intermédiaire du label indépendant Art Gates Records, Grim Comet nous propose – sous certains aspects – un album de Grunge innovant. Le groupe ne produit aucun déchet. Il s'inspire évidemment des références US, mais parvient à s'en détacher lorsqu'il le souhaite.
Tracklist :
- Dig Up Her Bones
- Dead or Alive
- Over You
- All on Me
- Born to Die
- In the Dark
- On & On
- A Million Suns
- Azabache