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mercredi 18 septembre 2019

Bloodshed Festival - Final Edition

Effenaar - Eindhoven

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Je n’avais pas remis les pieds à Eindhoven depuis le Metal Meeting 2014 et, quelque part, ça fait du bien d’être de retour. Ça change un peu de toutes ces années à Tilburg pour les Neurotics et autres Netherlands Deathfests. Après quelques éditions à la Dynamo, le Bloodshed Festival se déroule maintenant à l’Effenaar, tout comme l’EMM susmentionné. Ce complexe de deux scènes est semblable au 013 de Tilburg mais avec une capacité bien plus réduite. La circulation y est donc souvent difficile entre les différents concerts d’un même événement, surtout pour accéder à la seconde salle. Mais (mal)heureusement, cette 20ème et dernière édition du Bloodshed Fest n’est pas sold out ; les flux de personnes sont donc bien moins pénibles à gérer.

Pour ce qui est de la main stage, je constate en arrivant que la capacité de la salle a été drastiquement modifiée depuis mon passage il y a cinq ans. À l’inverse des travaux d’agrandissement du 013, l’Effenaar a choisi de réduire de moitié l’espace de sa salle principale. Est-ce seulement pour ce festival ? Je ne saurais dire… En plus de l’immense écran où seront projetés les backdrops des groupes, deux autres grands écrans sont disposés de part et d’autre de la main stage. Et des clips visuels noir et blanc pour le moins chelous y seront diffusés non-stop, y compris pendant les prestations des groupes. Choix assez discutable mais bon, ce n’est qu’un détail.

Pour ce 20e anniversaire du festival, les gars de Doomstar restent dans la droite lignée des précédentes années. Du Punk Hardcore, du Crust, du Grind et du Death pour la majorité du line up. Une poignée d’exclusivités européennes en tête d’affiche (S.O.B.From Ashes RiseIron Lung), quelques formations américaines et asiatiques venues, pour certaines, en fly-in (Despise YouTrappistCompleted ExplosionAppäratus…), et évidemment pas mal de groupes européens. Certains sont populaires et renommés, d’autres sont tout récents et encore méconnus ; les groupes cultes récemment reformés côtoient les nouvelles révélations de la scène ; certains proposent des sets spéciaux, etc. Bref, tout ce qu’un festival de ce calibre peut nous proposer d’alléchant !

Jour 1

Sleap : Après un KillTown DeathFest au Danemark puis une semaine de concerts à Paris, j’arrive en bus à Eindhoven autour de 16h. Le manque de sommeil dû à la fête se fait déjà ressentir, cette journée va être dure… Heureusement pour moi, l’essentiel des groupes qui m’intéressent joue le lendemain.

J’arpente donc les différentes salles de l’Effenaar et discute avec quelques connaissances en assistant distraitement aux premières prestations du week-end. Celle de Dödsrit ne me fait absolument aucun effet. Le groupe représente tous les aspects de la Suède qui me débectent : la propension aux perpétuels mélanges des genres – ici Crust deluxe suédois et Black Metal –, les dissonances à outrance, les screams éraillés bien trop aigus, etc. Je n’aborderai pas leurs dégaines car ce n’est pas le sujet, mais disons qu’au niveau vestimentaire les gars transpirent aussi la Suède par tous les pores. Bref, pas mauvais mais un peu trop hipster pour moi. Je me cantonnerai à Visions of Fear de leur autre projet Nuclear Devastation, bien plus dans mes cordes.

BrucexCampbell et Gets Wörse sont les suivants à entrer sur le ring. Le premier sur la main stage, le second sur la petite scène. Pour le premier groupe, le constat est sans appel : la main stage est beaucoup, mais alors beaucoup trop grande pour eux. Il n’y a en plus que très peu de monde dans la salle principale en ce début de journée, ce qui accentue la sensation de vide. Les Chicanos de LA ont un fort capital sympathie, blaguant même avec des personnes du public, mais ils peinent cependant à occuper cette main stage. Leur Grind, bien qu’un poil trop moderne, me plait assez. Les vocaux cradingues en particulier sonnent vraiment bien. Mais rien à faire, ça ne prend pas du tout dans cette configuration. Une autre fois peut-être…

Le second représente tout le pan « Powerviolence » moderne que je déteste. Je mets des guillemets car pour moi ça n’en est pas vraiment. Une musique bien trop éloignée du Fastcore, beaucoup trop de longueurs, peu de changements rythmiques, une voix qui fait tout pour ressembler à celle d’Infest mais sans l’intensité, beaucoup trop de midtempi et souvent une simple juxtaposition de breaks sans grand intérêt. Bref, si « violence » il y a, je la cherche encore. Quel dommage que toute une partie de cette scène soit composée de groupes comme celui-ci (non je ne ferai pas de namedropping)…

Completed Exposition

Sleap : Alors LÀ par contre !!! Je parlais à l’instant de ce qui, pour moi, n’était ni plus ni moins que du fake Powerviolence. Il est maintenant temps de parler du vrai. Les Japonais de Completed Exposition vont me mettre la claque de ce vendredi. Je ne connaissais absolument pas, et dès le premier morceau c’est le coup de pied aux fesses ! Morceaux hyper courts qui s’enchainent quasiment sans pauses, passages blastés brefs mais intenses, breaks ternaires qui déboulent d’un coup, changements de structures permanents, etc. On retrouve enfin les racines Fastcore du genre. Le tout avec des musiciens ultra énervés : un batteur incroyable, un bassiste surexcité qui saute partout, et un chanteur qui l’est encore plus. Celui-ci passe d’ailleurs presque autant de temps dans la fosse que sur scène. Si le son de guitare est assez médiocre, celui de basse est tout simplement délectable. Je n’ai même pas le temps de dire ouf que le concert est déjà terminé. Une pure prestation Powerviolence comme j’aimerais en voir plus souvent. Très bonne découverte !

Coffins

Sleap : Après leur prestation au Danemark le week-end précédent puis leur date à Paris la veille, je commence à saturer un peu de Coffins en live. Il s’agit pourtant du groupe que je préfère en cette première journée, mais trois fois en une semaine ça commence à faire pas mal. Cependant, le point positif est que les Japonais changent leur setlist pour chacune des dates de la tournée. Et là où ils avaient ouvert sur Evil Infection au KillTown, le show commence ici sur Here Comes Perdition, suivi de l’énorme Buried Death qui fait secouer bien des têtes.

La plupart des fans sont présents mais il n’y a pas beaucoup d’ambiance dans la fosse. Il faut dire que les nouveaux titres joués en milieu de set font un peu retomber la mayonnaise. Le son est en plus vraiment dégueulasse, y compris pour la batterie avec des micros mal positionnés. Heureusement que le Death pataud de Coffins ne nécessite pas beaucoup de concentration. Je ne boude pas mon plaisir car j’apprécie beaucoup la musique du quatuor Japonais, mais c’est tout de même une vraie bouillie. Ah, et il faut vraiment que Uchino arrête les soli de guitare. Rien n’est fluide, des pains de partout, et mélodiquement inutile. Heureusement qu’il sait pondre des riffs ultra gras dignes de ce nom. C’est d’ailleurs le moment du tant attendu Evil Infection, l’un des titres les plus fédérateurs du combo de Tokyo. Ils ont compris qu’il fallait le réserver pour la fin de set comme auparavant, un bon point. Le refrain est repris par quelques fans avant le final sur Slaughter of the Gods. En définitive, un concert bien mieux que celui de la veille à Paris, mais clairement pas le meilleur pour autant !

Trappist

Sleap : Même si je ne connais que de nom, je me décide à aller jeter un œil à Trappist car le groupe comprend un des mecs de Spazz. Mais malheureusement ça ne fait pas tout… La musique n’a d’ailleurs absolument rien à voir avec celle du groupe suscité. On est ici sur du Hardcore D-beat avec un son assez Metal. Vraiment rien de transcendant me concernant. Les gars ont l’air assez sympathique sur scène. Ça déconne avec le public tout le long du show, les trois musiciens ont tous le sourire et ne cessent de remercier tout le monde. Mais au-delà du côté friendly et du CV des musiciens je ne suis pas vraiment convaincu. Et ce n’est pas la thématique générale sur la craft beer qui me fera changer d’avis…

Seein’ Red

Sleap : Avec Seein’ Red en revanche, c’est une autre histoire. Je ne connais là aussi que de nom mais je sais qu’il y a des mecs de Lärm dans le line up. C’est donc aussi pour cette raison que je m’aventure vers la seconde scène. Et quelle claque mes aïeux ! Contrairement au groupe précédent, ici la musique du trio est totalement influencée par l’ex-projet des musiciens. Du Hardcore 80’s ultra vener’ flirtant souvent avec le Fastcore, dans la droite lignée de Lärm. Les Hollandais font d’ailleurs une reprise en fin de set et rendent fou une petite partie de l’assemblée, moi compris ! Ça mosh un peu à l’avant de la fosse mais je commence à me rendre compte que le public de cette année n’est pas ultra actif, même pour les groupes bien énervés, dommage. Visuellement, le power trio colle parfaitement à la musique. Des chauves, de la sueur, du t-shirt SSD, des regards de psychopathes, etc. Le chanteur prend le temps de raconter quelques anecdotes entre chaque missile. Je dis missile car les accélérations de Seein’ Red sont parmi les plus surpuissantes de tout le festival. Le son est d’ailleurs bien meilleur coté guitariste. Les nombreux passages scandés sont en plus assez fédérateurs et quelques poings se lèvent, même du fond de la salle. Une tuerie ! Je suis d’ailleurs bien dégouté d’avoir raté le début (pause bouffe oblige)…

From Ashes Rise

Sleap : Depuis quelques années, en plus des vieux groupes légendaires, le Bloodshed s’attèle à faire venir de grands noms du Neo Crust 90 / 2000. Ainsi, après Tragedy l’an passé, c’est au tour de From Ashes Rise de fouler les planches de l’Effenaar pour une date exclusive. J’avoue avoir toujours survolé ce groupe américain, n’ayant que très peu d’attrait pour ce type de Crust. Et ce live va malheureusement me confirmer que ces groupes ne sont définitivement pas faits pour moi.

La grande salle est pourtant bien remplie pour accueillir la tête d’affiche de ce premier soir. Et lorsque le concert démarre, de nombreux poing se lèvent, un pit s’ouvre et plusieurs refrains sont scandés par certains fans, y compris vers le fond. Le groupe est attendu, c’est le moins que l’on puisse dire ! Les quatre musiciens sont en plus assez charismatiques sur scène, en particulier les deux gratteux et le bassiste, tous trois vocalistes. J’apprécie particulièrement la voix du guitariste de droite, bien que son ampli’ souffre de problèmes techniques durant la quasi-totalité du set. En revanche, les vocaux principaux du guitariste de gauche mêlés aux nombreux passages mélodiques très Crust de salon ne sont vraiment pas ma came. Qui plus est, la fatigue de cette éprouvante semaine se fait de plus en plus sentir. J’attends tout de même la fin du show et direction le plumard, car la grosse journée pour moi, c’est demain !

Jour 2

Sleap : Bien que le nombre de Français présents au Bloodshed cette année soit assez élevé, je n’ai pour une fois pas d’after de prévu (du moins le vendredi soir…). Une bonne nuit de repos le premier jour est précisément ce qu’il me fallait. C’est donc en pleine forme que j’attaque la seconde et dernière journée ever du festival. J’assiste distraitement à la prestation de Marxbros, autre projet des mecs de Lärm et Seein’ Red, mais toutefois bien moins percutant que ces deux groupes. Sympathique pour commencer mais pas aussi déboulonnant qu’espéré.

On continue avec Ritual Necromancy que j’ai déjà eu l’occasion de voir le week-end précédent au Danemark. Et la prestation d’aujourd’hui s’avère moins poignante à bien des égards… Le groupe pratique un Death Metal assez caverneux mais comportant çà et là quelques élans bestiaux et quelques passages légèrement alambiqués. La bande au batteur / bassiste / vocaliste Kevin Schreutelkamp – dont le CV est aussi impressionnant que le nom (en vrac Lord Gore, Frightmare, Ascended Dead, Knelt Rote…) – nous interprète ici aussi la majorité de son dernier album. Moi qui apprécie bien plus le premier effort des Américains, je ne prends pas particulièrement mon pied lors de ce second concert. De plus, les effets sur la voix du chanteur sont moins présents que la semaine dernière. La bestialité des vocaux s’en trouve donc nettement atténuée… Ajoutez à cela une des deux guitares un peu trop en retrait et vous avez un concert assez médiocre.

Et histoire de continuer dans les déceptions, la prestation d’Appäratus se pose là. Aussi improbable que cela puisse être, le power trio malaisien est le premier groupe du jour sur la main stage. Si le public était au rendez-vous je veux bien, mais la grande salle est encore tristement vide en ce début de journée. Et, mis à part le batteur, les gars sont encore bien trop timides sur scène pour parvenir à fédérer le peu de monde présent. Je tente donc d’apprécier le Crust nordique des Malaisiens comme je peux, mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Une corde pétée dès le titre d’ouverture, une longue pause maladroitement meublée par le batteur, des titres bien trop longs pour la musique jouée, un son bien moins lourd qu’en studio… Je m’arrête là car ça me ferait presque de la peine. Une bien triste date pour cette première tournée européenne d’Appäratus. Dommage…

Tomb Mold

Sleap : En pleine tournée européenne avec Ritual Necromancy et Of Feather and Bone, Tomb Mold avait scotché la totalité des festivaliers à Copenhague la semaine dernière. Formé il y a bientôt cinq ans, c’est avec son second album que le groupe canadien s'est véritablement révélé à la face du monde. Ayant fait l’effet d’une bombe dans l’underground Death Metal, ce Manor of Infinite Forms était surnommé par certains le Starspawn de 2018. Et son successeur de 2019, bien qu’un peu en deçà, reste dans la droite lignée de celui-ci. Un Death Metal sombre et caverneux mais extrêmement technique et inventif pour le genre. Les ambiances poisseuses à la Incantation côtoient les passages ultra alambiqués à la Demilich ou Chthe’ilist, le tout saupoudré de quelques fioritures et de nombreux élans skank beat bien Punks. Pour ma part, je trouve Blood Incantation supérieur à Tomb Mold, mais je reconnais évidemment l’excellence de ce combo. D’autant plus qu’ici, la régularité va de pair avec la qualité : pas moins d’un album par an !

À l’inverse du KillTown, Of Feather and Bone jouera ici sur la main stage et Tomb Mold sur la petite. Et celle-ci est bien remplie lorsque les Canadiens entament leur show ! Une avalanche de riffs tantôt cryptiques tantôt techniques, des échanges de soli virtuoses entre les deux guitaristes, quelques accélérations toukatouka ultra frénétiques, le tout servi par cinq musiciens tous différents mais tous charismatiques. Un gratteux qui a l’air d’avoir à peine 20 ans, un autre avec un t-shirt de film giallo par soir, un colossal bassiste aux allures d’Edmund Kemper et surtout un batteur vocaliste absolument bluffant. En plus de proposer des patterns très alambiqués, le bougre assure l’intégralité des parties de chant, y compris pendant des fills parfois assez complexes. Un extraterrestre, ni plus ni moins. Son jeu ride / charley sur certains passages est particulièrement intéressant. Le nouvel album Planetary Clairvoyance est presque entièrement interprété. À titre personnel, j’aurais préféré un peu plus de morceaux de Manor… mais le concert n’en reste pas moins exceptionnel. D’ailleurs, le désormais tube Abysswalker fait une nouvelle fois mouche auprès du public. Après 40 petites minutes, le show s’achève sur Accelerative Phenomenae et son riff hommage (ripoff ?) à Thrones of Blood de Suffocation. Ce ne sera pas la claque comme au KillTown mais les Canadiens m’ont une nouvelle fois séduit ce soir. Le Death Metal a grandement besoin de groupes de ce calibre !

Of Feather and Bone

Sleap : On continue dans les révélations de l’an dernier avec Of Feather and Bone. En effet, bien qu’actifs depuis 2012, les Américains ont eux aussi surpris tout le monde début 2018 avec leur second full-length Bestial Hymns of Perversion. Un Death Metal opaque et noir mais pourvu de nombreuses cassures rythmiques et autres breaks bas du front. Personne ne les avait remarqué auparavant, et pour cause : ils faisaient du Hardcore jusqu’en 2017. Un changement de style radical qui, dès l’album, semble avoir porté ses fruits. C’est pour moi l’une des meilleures sorties du genre l’an passé, et leur concert au KillTown s’est également avéré être l’une des plus grosses tartes du festival !

Rebelote aujourd’hui, cette fois-ci dans la salle principale, toujours aussi peu remplie. Décidément… Le rendu est moins bon qu’à Copenhague mais l’aspect « mur de son » est toujours là ; ce qui a d’ailleurs l’air de rebuter une partie des rares personnes présentes. Pour ma part j’exulte toujours autant devant chaque titre de ce dernier album. Là encore, celui-ci sera joué en intégralité mais cette fois dans le désordre. Le power trio est toujours aussi classe sur scène : peu de mouvement, des regards assassins et du headbang. Je déplore cependant un peu trop de communication avec le public. Même si ce sont juste des « thank you » et autres « this next song is called… », j’aurais préféré le mutisme quasi-total du week-end d’avant. En revanche, le son de caisse claire presque Tefal reste le même. Ça fait vraiment du bien d’entendre cela en live chez un groupe de Death Metal actuel. Le set se termine sur Hymn of Perversion et je ne perds pas une seconde pour redescendre dans la seconde salle. Concert excellent mais pas le temps de niaiser, l’une de mes principales attentes de la journée s’apprête à enchainer…

Hellripper

Sleap : De tous les groupes de Revival récents, il en est un que je suis depuis le premier EP : Hellripper. Projet solo du tout jeune James McBain, Hellripper est une entité MetalPunk à la frontière entre le Speed 80’s, le Thrash et le Black première vague. Après une série de sorties plus ou moins confidentielle, le full-length de 2017 n’est, lui, pas passé inaperçu auprès de la scène underground. C’est bien simple : il s’agit pour moi d’un des meilleurs albums du genre ces dernières années. Avec un fort penchant pour Toxic Holocaust – dont James arbore fièrement le t-shirt aujourd’hui –, le groupe fait son entrée fracassante sur scène avec From Hell.

Je suis d’emblée à fond. Bien que cette deuxième salle se remplisse petit à petit, nous ne sommes qu’une poignée à réellement exulter au son des brûlots Speed du désormais quatuor Écossais. Il faut dire que le son n’est pas au beau fixe ce soir. La gratte de James est particulièrement en retrait, tout comme son chant. En revanche, le bougre a pris de l’assurance en live. Même sur cette scène exiguë, les gars se déplacent bien et le frontman prend même le temps de faire quelques grimaces et mimiques marrantes tout en tricotant. J’emploie ce terme car oui, du haut de ses 24 ans, James est une véritable machine à coudre. L’efficacité le dispute à la technicité ! Que ce soit Demdike, Bastard of Hades ou le final sur Headless Angels, les guitares nous déversent une avalanche de riffs hyper rapides tous plus entrainants les uns que les autres. Même si on n’aura pas droit à Vomit on the Cross, la setlist est quand même assez variée avec une bonne partie issue du full-length mais aussi des autres sorties du groupe, notamment l’énorme Nunfucking Armageddon 666 en début de concert.

Tous les musiciens semblent être à fond, en particulier le batteur, tout aussi jeune que James. Quelques fans reprennent le chorus d’All Hail the Goat et lancent même un petit pit sur le très Punk Conduit Closing. Mais encore une fois, l’ambiance n’est pas aussi électrique que je l’espérais… Je reste cependant hyper content d’enfin voir Hellripper en live et suis très fier du chemin qu’a parcouru James depuis son premier EP. Ce gars a tout compris et a vraiment un avenir prometteur. Plus qu’à espérer de meilleures conditions pour le prochain concert !

Antisect

Sleap : Voici venu le temps d’attaquer les plats de Résistance de cet alléchant menu 2019. La majuscule à Résistance est de rigueur car s’il y a bien un groupe auquel ce terme s’applique à la perfection, c’est bien Antisect. Actif depuis le tout début des années 80, le combo londonien est l’une des figures les plus importantes de la scène Punk UK. Tout aussi influent pour l’Anarcho Punk que pour le Crust et le Stenchcore, Antisect est également extrêmement engagé sur le terrain extra-musical, mais ce n’est pas le sujet.

Désormais en formation power trio, le groupe investit la main stage au son d’une marche symphonique de Murray Gold alors que différents messages commencent à défiler sur l’écran géant en arrière-plan. Principalement issus des paroles du dernier album, ces slogans ont pour cible l’économie, la pollution, l’industrie et globalement tout ce qui touche au « système » actuel. Cela casse un peu l’immersion dans le concert mais je tente de faire abstraction. Et j’avoue préférer cette configuration si elle peut nous éviter d’interminables discours revendicatifs entre chaque morceau (clin d’œil Dropdead). Le set débute à ma grande joie sur Accept the Darkness et les têtes se mettent à remuer. Je commence à m’habituer au manque de public ce week-end donc je ne fais même plus attention à ce qui se passe autour de moi. Les titres du dernier LP alternent avec ceux du premier, notamment le culte Yet, they still Ignore repris par quelques fans. D’ailleurs, deux des trois Pete originaux sont là. Accompagnés par un nouveau batteur, ils occupent à merveille chaque côté de la main stage sans pour autant bouger beaucoup. Un charisme certain se dégage de ces deux vétérans de la scène Punk. Si le bassiste a maintenant des allures de François Bayrou chauve, ses vocaux et son jeu n’ont en revanche pas pris une ride en presque 40 ans.

Le son est assez crade mais s’améliore au fur et à mesure du set. Même si je déplore l’absence de They dans la setlist, je me réjouis du nombre de titres d’In Darkness… joués ce soir. Dommage que le public ne soit pas au rendez-vous, y compris pour les têtes d’affiches. La salle se vide d’ailleurs petit à petit. Mais qu’importe ! Malgré ces quelques impondérables, j’apprécie le set des Anglais comme il se doit. Les trois musiciens sont d’ailleurs vocalistes, ce qui est un vrai plus sur les nombreux passages scandés comme le final de Your Standard, Your Law joué en fin de set. Aucune communication, un simple signe de remerciement au public et le trio quitte la scène. Même si ce n’était clairement pas le concert du siècle, cette prestation d’Antisect ne m’aura pas déçu, c’est déjà ça.

S.O.B.

Sleap : Nous y voilà. Après une pause bien méritée, je retrouve la main stage pour LE groupe qui m’a décidé à venir pour la première (et malheureusement la dernière) fois au Bloodshed Fest. Confirmés dès l’an dernier en date exclusive européenne, Sabotage Organized Barbarian figurent parmi les formations les plus cultes de la vieille scène Grindcore. Souvent qualifié à juste titre de « Napalm Death japonais », ce groupe nippon est actif depuis 1983 et pratique un Grind comparable à celui des légendes britanniques. Je vais enfin pouvoir me consoler de l’Obscene Extreme 2015, du moins en partie…

Premier constat : ô joie ! La grande salle est enfin peuplée. Bon, elle n’est pas pleine à craquer non plus, mais de nombreuses personnes attendent la venue du groupe. Encore heureux, me direz-vous. Et après quelques balances faites à la va-vite, le set démarre en trombe sur un énorme enchainement Raging in Hell / Leave me Alone / Over the Line. Trois des meilleurs titres, tous parus entre 86 et 90. Le troisième en particulier me rend complètement fou, surtout avec Meddlesome Heart juste derrière. Ul-time ! Quelques festivaliers commencent à mosher à l’avant de la fosse mais il manque encore du monde pour un pit digne de ce nom. En revanche sur scène, tout est parfait. L’immense logo du groupe sur l’écran, les trois musiciens du line up original et surtout le nouveau chanteur Etsushi. En effet, Tottsuan, fondateur et vocaliste original de S.O.B. ne fait plus partie du groupe depuis près de 25 ans. Et pour cause : le toxicomane s’est suicidé en se jetant sous un train le 22 juin 1995… Et, même si son successeur n’a pas exactement le même timbre – surtout dans les graves –, il n’a cependant rien à lui envier. Etsushi est vraiment le centre de l’attention durant tout le concert. Petit et sportif, le frontman arpente la scène de long en large et fait même d’énormes jumps en l’air lors des breaks. Un vrai plaisir à voir, surtout lorsqu’il descend lui-même dans le pit lors de What’s the Truth ou Obsessed with Wickedness. Il fait même quelques lancés de micros à l’instar du gars de Converge. Une vraie bête de scène !

Comme aucun d’entre eux ne parle vraiment anglais, les nombreuses pauses entre les courts morceaux se ressemblent un peu toutes. L’essentiel des interactions avec le public se font sous forme d’« arigato ». Mais leur sourire permanent et leurs regards malicieux donnent aux membres un fort capital sympathie. La setlist est absolument parfaite avec une majorité de titres du second LP pour mon plus grand plaisir. Mention spéciale à l’énorme Why ? joué vers la fin de set. Même les titres de Gate of Doom – que je n’apprécie pourtant pas plus que ça – passent vraiment bien l’épreuve du live. Et malgré le son en dents-de-scie (une constante durant tout le festival), le concert passe comme une lettre à la poste. Le show s’achève sur un improbable Let’s Go Beach lors duquel le chanteur fait un dernier passage dans la fosse. D’ailleurs, malgré le peu de monde dans le pit, un type finit quand même le nez en sang. Un bon point ? En tout cas pour ma part c’est sans aucune surprise le concert du festival ! Je peux à présent mourir tranquille.

Aborted

Sleap : Je m’octroie une nouvelle pause bar avec des amis pendant Iron Lung que je n’apprécie pas tellement. Et au moment de réinvestir la grande salle pour la tête d’affiche du week-end, ma mâchoire tombe au sol. La salle est dé-serte ! On doit être une trentaine à tout casser lorsque le show des Belges débute. Alors certes, Aborted n’est certainement pas la came d’une partie des festivaliers, mais à ce point-là c’est vraiment étonnant, surtout aux Pays-Bas… Moi qui avait fait une overdose de ce groupe il y a quelques années, je comptais sur ce show pour me remettre enfin dans le bain, surtout avec le set spécial Goremageddon que le festival annonçait.

Que nenni ! Non seulement la salle fait peine à voir, mais en plus le groupe va nous offrir un set tout ce qu’il y a de plus lambda. Un ou deux titres de la première période, des habituels Meticulous… et Parasitic… et tout le reste n’est qu’un enchainement de titres récents. Déjà que ce concert n’attire pas grand monde, la setlist n’incite personne à bouger plus que ça… Alors oui, j’admets que niveau show on est servi. Aborted est un groupe rodé, habitué aux headlines, et offre toujours des prestations scéniques remarquables. Le stage set de ce soir est constitué de l’immense artwork du dernier album sur l’écran géant, d’appareils à fumée utilisés lors des breakdowns sur chaque côté de la scène et de deux éléments assez loufoques. Deux espèces de frigos sont en effet disposés de part et d’autre de la batterie avec à l’intérieur de chacun un squelette moisi des aliens de Mars Attack. Et ceux-ci sont éclairés de l’intérieur par différentes couleurs tout le long du show.

Le son est également excellent, avec toujours ces énormes subs lors des breaks, et Sven est toujours aussi charismatique. Bien que j’aie lâché Aborted depuis des années, je me rappelle à présent pourquoi c’était l’un de mes frontmen préférés lorsque j’étais au collège. Le gars tient la scène comme personne, se déplaçant constamment dans tous les sens mais sans jamais en faire trop. Pieds sur les retours, gestes au public, headbang, grimaces à la Meshuggah et énormes sauts depuis la plateforme de la batterie lors des breakdowns. Même avec une salle tristement vide pour le tout dernier concert ever du Bloodshed, le chanteur n’est pas décontenancé une seule seconde. En revanche, mis à part quelques headbangs synchronisés, les autres membres du groupe sont impassibles… Mention spéciale au gratteux de gauche qui semble tout droit sorti d’un groupe de Djent avec ses deux pieds serrés et son corps droit comme un « i » pendant tout le concert. Même pas un petit mouvement de tête.

Pas de set Goremageddon, pas de public, zéro ambiance… Bref, malgré quelques points positifs c’est une belle déception que ce show. Je tente d’apprécier la doublette finale Sanguine Verses / Saw and Carnage Done mais c’est globalement un bien triste spectacle qui servira de clôture à cette dernière édition du Bloodshed. Je mets cependant les pieds dans la seconde salle pour voir ce que donne Reznyck sur scène. Les Français pratiquent une musique électronique qui rappelle Carpenter Brut mais en bien plus sombre, froid et simpliste. Malheureusement toutes les parties electro sont samplées et il n’y a de toute façon presque plus personne dans ce festival. Direction le lit…

***

Sleap : Ainsi s’achève cette vingtième et dernière édition du Bloodshed Fest. Un cadre identique à celui du Metal Meeting et bientôt du Netherlands Deathfest au cœur de cette belle ville d’Eindhoven. Cependant, beaucoup de points négatifs sont à déplorer. Une circulation assez difficile entre les concerts, surtout en arrivant dans la deuxième salle. Et encore, le festival était loin d’être sold out, je n’imagine même pas pour le NDF en mai prochain… Sinon, mis à part les stands officiels des groupes, il n’y a que très peu de merch et de distros. Et il en est de même pour la nourriture. Même si les prix sont assez abordables, il vaut mieux aller se restaurer dans les nombreux établissements et commerces voisins. Heureusement, nous sommes en plein centre-ville. Pour ce qui est des boissons, c’est tout de même mieux, tant en termes de choix que de prix. Il y a même un stand spécial saké tenu par un japonais. Ce pays était vraiment à l’honneur lors de cette dernière édition ! En revanche dans le public, il y avait énormément de Français, ils sont partout… En tout cas, un grand bravo à Luc et Lukk ainsi qu’à toute l’équipe de Doomstar pour ces 20 éditions du Bloodshed. Espérons que leur agence de booking continue de nous proposer d’alléchantes tournées européennes !