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Trois musiciens Suisses, ça attire l'attention. Quand deux des trois sont de jolies demoiselles au look rock, ça attire encore plus le métalleux. Quand dans les rangs de 69 Chambers on retrouve Diego Rapacchietti, le batteur de Venturia (entre autres), là on se dit qu'il y a une crédibilité musicale à l'appui. Alors, on se sent de vouloir en savoir plus sur War On The Inside, premier album de la formation, classé comme rock / métal. Déjà tout a été fait en Suisse, enregistrement, mastering, mixage, rien de délocalisé vers un grand studio du nord qui aurait standardisé le son. Ce son est d'ailleurs puissant et bien balancé. Les trois membres se partagent bien le spectre sonore et les finesses sont plutôt bien retranscrites. La pochette joue bien sûr sur les symboles qui pourront faire tourner le regard du chaland vers le disque : une femme tatouée en tenue plus que légère dans un bain noir. Tout cela pour symboliser ce conflit intérieur qu'est War On The Inside.
En fait, le conflit se résume à une confrontation des nombreuses tendances qui parcourent l'album. En treize titres vous aurez l'occasion de voyager le long d'un grand nombre d'influences qui constituent le métal moderne avec une touche en plus. La composante la plus claire est un hard rock musclé qui déborde sur le métal à grosse distorsion et double grosse caisse à gogo, comme sur le titre d'ouverture The Day Of The Locust. Mais résumer la situation de 69 Chambers à cette description ne ferait pas honneur à l'éclectisme de leurs compositions. Pour moi, la deuxième tendance serait à chercher côté stoner comme sur Judas Goat ou Automatic Automata, où les rythmiques sont écrasantes, très lentes et bien grasses. Évidemment, le chant pourrait les éloigner légèrement de l'esprit du genre mais pour moi, ils sont dans les critères du genre.
Pour poursuivre notre exploration, on pourrait parler de Return Of The Repressed et ses couplets en blasts et ses cris très métal extrême. Cette chanson est un OVNI au milieu de l'album et participe au feu d'artifices de genres. Les plus persévérants trouveront un brin de thrash dans Bloodaxe (le titre colle aux thèmes du thrash !). On se doit aussi de citer les passages plus planants, à base de sons électroniques (Ex Nihilo), grooves de batteries plus arpèges (The Collapse Of Time And Space) ou bien acoustiques (A Ruse). Ces derniers tombent dans le travers de la balade, loin de l'esprit du disque.
Mais l'atout majeur de War On The Inside c'est sans aucun doute le chant. Ou devrais-je parler de chants. Entre parties doublées, timbres très différents et chœurs, on se retrouve avec une composante supplémentaire et déterminante : la voix de Nina Treml donne un côté pop et presque parfois trip-hop à l'ensemble. On passe ainsi d'un monde éloigné à un autre qui l'est tout aussi. Ils sont peu nombreux ces fans qui apprécient un tel grand écart sans penser que le groupe verse trop dans l'un ou trop d'ans l'autre. On a parfois l'impression d'un montage assez homogène de deux blocs que tout éloigne : le refrain de The Day Of The Locust en est un parfait exemple, après un couplet pesant et très typé métal, on tombe sur un couplet tout sucre, tout miel. Désarmant et en même temps original.
En réalité, on ne peut pas se plaindre de tomber sur un tel groupe car tout métalleux rêve de voir un groupe de pop se muscler et la chanteuse se donner des airs de grosse brute plutôt que de petite bonne femme mièvre. Alors pour une fois qu'on ne tombe pas sur un groupe qui donne dans la facilité d'enchaîner des titres faciles à écouter et qui rentrent bien dans l'oreille formatée du quidam auditeur. 69 Chambers a pris des risques, en partant dans tous les sens au niveau composition, et en liant le tout à la seule force de sa personnalité et de son caractère unique qui fait de War On The Inside un disque pas banal et qui pourrait même se retrouver dans vos platines les jours où vous recevez ces abominables allergiques au métal que vous essayez de convertir depuis si longtemps !
1- The Day Of The Locust
2- Bloodaxe
3- Thinking About You
4- On The Inside
5- Ex Nihilo
6- Final Memento
7- Judas Goat
8- The Collapse Of Time And Space
9- Wind Feeds Fire
10- Dead Letter Office
11- Final Memento
12- Automatic Automata
13- A Ruse