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Il y a des groupes comme ça, dont le nom nous marque et que l'on associe à des moments de vie qui n'ont qu'un rapport éloigné avec la musique. Tellement éloigné que l'on n'est même plus sûr du son de ces formations. Royal Hunt rentrait parfaitement dans cette description. Un de mes plus chers amis m'a présenté le groupe au moment où je m'ouvrais au mélodique et j'ai gardé ce nom en tête l'associant plus à ce moment de transmission et de convivialité qu'aux compositions elles-mêmes. Mais en voyant le nom de Royal Hunt dans la liste des sorties de 2010, je me suis précipité vers X, disque difficile à dégoter sous nos latitudes pour le moment, mais il sera distribué par Scarlet à l'été 2010. Du Royal Hunt des débuts, il ne reste plus grand chose, seul André Andersen est encore là, derrière ses claviers. Les autres membres sont des rajouts plus ou moins récents avec le plus célèbre d'entre eux, le chanteur Mark Boals, que les amateurs auront apprécié avec Malmsteen. Mais l'esprit est toujours là, et les mercenaires le subliment et lui rendent l'honneur qui est dû à son rang royal.
Car cet album a la classe, autant le dire tout de suite, cette chronique est biaisée jusqu'à l'os. Le moins que l'on puisse dire c'est que j'essaye d'être objectif et d'apprécier les albums à leur juste valeur, mais là, cela faisait longtemps que je n'étais pas tombé sur un album qui me plait autant à chaque écoute. Alors pour sûr, X est emballé dans du classique, intro et conclusion dont les titres semblent inversés Arrival pour commencer et Departure pour terminer, mais ce ne sont que de petits échauffements au niveau des décibels et de la distorsion, une présentation mise-en-bouche de la suite.
Juste histoire de profiter du très gros son que le groupe a pu tirer du studio. Le moins que l'on puisse dire c'est que tout claque et quand End Of The Line vient envahir vos oreilles, vous pouvez saisir toutes les couches successives d'un bon titre d'ouverture par Royal Hunt : la basse frappe très fort sur les couplets, la batterie est puissante, les guitares aériennes, les claviers omniprésents et le chant recouvre souvent le tout, mais quand on a Mark Boals derrière le micro, on lui laisse un peu de place, non ? Son timbre ne manque pas d'effets et il semble passé d'une voix en retenue à une voix rock, jamais trop aigue mais toujours très mélodique. En parlant de chant, les chœurs sont de sortie : les refrains, les breaks (Army Of Slaves) tout est bon pour en placer, histoire de donner un côté spectaculaire à la chanson. On voit les choristes sur un coin de scène se déhanchant prêt à déclencher leurs infimes parties mais ô combien réjouissantes.
L'énergie ne manque pas dans cet album, et c'est presque souvent plus souvent le côté rock qui prend le pas sur le côté progressif. Rien que le titre de Back To Square One nous mène sur cette piste. En fait Royal Hunt maîtrise tellement les deux sujets qu'ils sont capable d'en faire un mix homogène, comme sur The Well. Le reste n'est qu'alternance de claviers au son un peu trop fun et rythmiques enjouées. Certes c'est parfois kitsch, on finit par reconnaître cette outrance comme une marque de fabrique de Royal Hunt sur X. Car, il faut prévenir l'auditeur qu'André Andersen s'est lâché sur les sons de son clavier et parfois, on tombe dans un baroque qui passe la limite du risible. Si on prend comme exemple Blood Red Stars, on voit à quel point les rythmiques sont chargées en sons et en couches que l'on a parfois du mal à interpréter : plusieurs chants, deux guitares différentes, le clavier...
Mais ceci semble venir de son envie de faire revenir certaines de ses compositions vers des décennies que les moins de trente ans n'ont pas connues ! Si on en croit le journal de bord de l'enregistrement, il aurait forcé son batteur à écouter exclusivement de la musique de ces années. Rude, mais il semble avoir retenu la leçon puisqu'il a travaillé sur du matériel vintage. Et il a aussi abandonné la double grosse caisse à outrance pour revenir vers un jeu plus rock mais aussi dynamique, histoire de coller à l'ambiance que dégage le groupe. Exercice difficile que de jongler entre les époques, mais ici le côté progressif et moderne des choses n'est qu'au service d'un ensemble ronflant et entraînant comme sur l'intro de Falling Down qui démarre sur bases alambiquées et se lance sur un riff simple et percutant.
Ainsi des sons autres ont été insérés comme des instruments à vent sur l'intro de Shadowman, un chant de femme, de l'acoustique, tout ceci histoire d'étaler leur culture du son. Ce titre se détache du reste de l'album par les ambiances que l'on y rencontre, au service d'une histoire avec plusieurs protagonistes. En parlant d'histoire, il est difficile de dire si un concept a été suivi au vu du manque d'informations traînant ici et là, mais la liberté, le voyage, le retour à la maison, un cheminement qu'il soit physique ou intellectuel semble avoir été évoqué dans ces onze titres.
Et le voyage de la caravelle royale sur la pochette emmène l'auditeur vers un monde qu'il ne peut qu'apprécier. Il aura fallu Xalbums avant de se révéler à mes oreilles, j'espère juste que cet album en fera autant avec tous les fans de rock / métal / progressif, parce qu'il est vraiment trop difficile de parler d'un album qu'on aime et on a la sensation d'avoir oublié l'essentiel !
01. Episode X (Arrival)
02. End of the Line
03. King for a Day
04. The Well
05. Army of Slaves
06. Shadowman
07. Back to Square One
08. Blood Red Stars
09. The Last Leaf
10. Falling Down
11. Episode X (Departure)