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Aujourd'hui je reviens à mes sources, mes racines, ma chère Normandie. Non pas que je sois un patriote qui ne soutiendrait que les groupes bien de chez nous, mais quand un groupe vous fait partager son travail, aussi inconnu par les scènes Rock et Metal soit-il, il ne faut pas le laisser tomber quitte à avoir la critique un peu facile pour qu'il fasse son bonhomme de chemins.
Ce qui, je pense, ne sera pas le cas pour cette chronique du premier album d'Ythad, Youth Adrift. Derrière Ythad se cachent trois musiciens aussi polyvalents qu'excellents que sont Viny, Nico et Mô. Les influences affluent de partout, tous les styles du Néo au Grunge en passant par le Progressif et le Rock Dépressif. Le genre d'album, voyez vous, pas évident à appréhender.
Commençons par le son qui ne rend pas vraiment hommage au travail réalisé par le groupe. Très brut, il me dérange alors qu'il rend hommage à chacun des instruments. Un manque de puissance sur certaines parties qui leur fait perdre en intensité notamment sur les moments émotionnels qui sont légions sur Youth Adrift. Une production un peu plus puissante, plus moderne (plus professionnel serais-je même tenté de dire) aurait certainement donné plus de charme à cet album.
Ythad est un groupe lunatique, à la limite de la schizophrénie et se décompose en deux personnalités qui se complètent. Après un « Take Like The One » aux arpèges rappelant vaguement entre autre le démarrage de « A Change Of Seasons » de Deam Theater, « Paled Empty Sphere » d'Hypocrisy ou encore le break de « Furrows Of Gods » de Drudkh (si, avec tous ces exemples, vous ne comprenez que cette entrée en matière est commune, je ne peux plus rien pour vous) et au piano bar décadent rappelant l'ambiance d'un Arcturus, le groupe apparaît enragé sur « To Beat Up A Child » puis sur « Born » aux rythmes saccadés agressifs qui se jettent dans des refrains mélodiques prévisibles gâchés, en plus, par un chant pas très juste. On a cette impression désagréable sur ces deux titres que le groupe est dans une position instable (du Néo/Grunge groovy et dépressif ?) ne sachant pas s'il doit privilégier son coté rageur ou sa profondeur émotionnelle. Pour ma part, le choix est vite fait, le groupe donne sa pleine mesure quand il se calme et privilégie sa seconde personnalité. Le rythme plus lent permet à Viny de ne pas forcer sur sa voix et du coup d'être plus juste et puis sous l'intensité de la musique, son chant qu'il soit clair ou gueulé se trouve renforcer et devient plus profond. Le couple « Happier », « Lunatic » est dans ce registre la vraie réussite de ce premier album. « The Rule » repart dans un trip violent à base de rythmes funky endiablés et d'un break en son clair très beau. Sur « When You Fall », le groupe retombe un peu dans les travers des deux premiers morceaux et les même maux reviennent assez vite (surtout que c'est le titre sur lequel le chant est surement le moins juste). Néanmoins, le solo vient rehausser le niveau du morceau qui n'est pas, non plus, à jeter. Les deux derniers morceaux « Please » et « Kaddish » sont, eux, dans la même veine que « Happier » et « Lunatic », plus posés et mélancoliques.
On ne pleure pas encore à l'écoute d'un album d'Ythad mais ce n'est qu'une question de temps. Le groupe a le potentiel pour grandir en dehors de la scène rouennaise. Pour cela, je pense qu'il faudra recentrer un peu le propos, ne pas vouloir brasser trop de styles mais plutôt se tourner vers les cotés doux et mélancolique de la Force qui leur va si bien. Youth Adrift est donc, à mon sens, un album inégal qui a plus de qualités que de défauts mais donne encore l'impression qu'Ythad se cherche un peu.
1. Take Like The One
2. To Beat Up A Child
3. Born
4. Happier
5. Lunatic
6. The Rule
7. Warm Up Pt 1
8. When You Fall
9. Warm Up Pt 2
10. Please
11. Warm Up Pt 3
12. Kaddish