J'ai senti une étreinte. De cette improbable dissonance entre pur et impur, de cet ange qui a corrompu ma chair, violé mes illusions, étouffé mes sacrements dans son corsage bleu velours. Il m'a abandonné à mon asthénie, vide et vidé. Il m'a laissé là, hébété, dans l'incompréhensible gouffre de l'angoisse égodystonique, demeure de cet adorable séraphin. Il m'a abandonné, transi dans la froideur de sa caresse, simple observateur de cet alcôve lazuli dans lequel il se tient, pouvant simplement en effleurer l'orée, du bout de mes doigts ankylosés. Je m'étends là, inerte, dans cet état hypnagogique, désormais uniquement capable de le contempler, l'ausculter dans les moindres recoins de sa chair, dans la sinuosité de chaque courbe et contre-courbe, chaque fragment de ce corps éphèbe. Je dois l'enlacer, embrasser cette serpentine arabesque, sentir une nouvelle fois cette haleine exhaltant l'orgie. Je dois le rejoindre, me perdre dans ces draps cyanés. Et je sais comment procéder. Son étreinte avait un goût de génèse. Ma délivrance aura le goût du cyanure.
Deb Demure, image androgyne façonnée du seul souvenir de cet ange céruléen. Comme un fantôme de cette après-vie, s'emprisonnant dans une salle aux miroirs infinie, reflétant son unique silhouette, un monde soliloqué. Deb Demure, cet écho lointain, souvenir exalté de chaque rêve érotique, cette matérialisation d'un désir constamment fantasmé, déformé, puis recréé à son image. Deb Demure, malade du plus bel asile d'amour, réfléchissant sa silhouette dans ce poignard étincelant, celui des plaies charnelles et affectives, portant à sa langue chaque goutte du sang originel, embrassant sa substance. Deb Demure, être de lascivité ultime, dont le baiser givré nous emporte dans son vaisseau de glace, sanctuaire intemporel, reflet des amours passés. Valet au regard facétieux mais pourtant si froid, semblant porter le souvenir de toutes les passions évanouies.
Il erre flâneusement, ce valet, parcourant cet immense labyrinthe, jardin séquentiel des ébats amoureux, caressant les murs fragiles de notre assurance. Il se joue à tirer les rideaux de mon abri charnel, me dévoilant ce magnifique nuancier érotique, cet infini de tons, convergeant vers ce bleu anémique, irrésistiblement attirant. C'est de cette source, cet amalgame antique, primitif, fusion d'anima et animus, qu'il y capture l'essence même de toute sensualité, la modelant, la synthétisant en un être d'androgéneité magnifiée.
Et elle se tient là, devant moi, cette créature placide, cette preuve ultime du souvenir palpable du contact des corps, mais surtout de son souvenir, comme la curieuse persistance du membre manquant, cette douleur fantôme, dont le voile touche chaque zone érogène de ma chair décomposée. Il valse avec les échos des premiers ébats et des premiers souvenirs, au pas de cette boîte à rythmes à la cadence sensuelle, langoureuse, comme reprenant chaque séquence charnelle de nos vies. Il se baigne dans ces arpèges givrants, d'une volupté glacée, fragment cristallisant chaque larme dédiée à Aphrodite. À mon tour alors, je me débarrasse de mon exuvie, et viens le rejoindre, ce Narcisse, qui n'a besoin que de son reflet pour régner. Je viens embrasser ce magnifique enjôleur, ce valet à la cour du Roi Luxure, qui semble me tendre sa main fiévreuse. Je viens consciemment la répéter, cette étreinte sérielle, assurant une nouvelle fois la permanence cet être millénaire et luride, à l'image de cette perverse mais pourtant magnifique névrose qu'il incarne si bien.
Tracklist :
1. Induction
2. Dot In The Sky
3. 39 By Design
4. Not Just A Name
5. Hath No Form
6. Too Soon To Tell
7. Cold Souls
8. A Spire Points At The Heavens
9. Kissing The Ground
10. Forget Tomorrow
11. Behind The Wall
12. Too Soon To Tell (cold Cave Remix)
13. Forget Tomorrow (drew Mcdowall Remix)
14. 39 By Design (martial Canterel Remix)
15. Kissing The Ground (silent Servant Remix)