"Les vrais savent, les vrais font".
Lorsque j'ai su que Kåabalh était un groupe formé sur les cendres des teigneux bastonneurs de Torture Throne, ma curiosité a été piquée au vif. Il faut dire que j'avais fortement apprécié Stench of Innocence qui possède selon moi, tout ce que le Death Metal devrait être : rugueux, violent, et chargé d'intentions peu recommandables. Du Metal à hauteur d'Homme, de la véhémence tirée au cordeau.
La vitesse pour la vitesse reste pour moi une performance vaine. Très, très peu de groupes peuvent se permettre d'avancer en permanence pied au plancher tout en restant intéressants. Il y aura toujours quelqu'un qui jouera plus vite et plus fort. Mais laisser persister un goût désagréable au fond de la bouche, ça, c'est pas donné à tout le monde.
Torture Throne était probablement le plus suédois des groupes de Death Metal du Nord de la France et il avait construit son identité sonore en s'inspirant de l'épaisseur grassouillette d'Entombed ou Dismember, des sales ambiances d'Incantation et de l'abrasivité crasse et suspecte d'Unleashed. Ils avaient le soucis du travail bien fait, l'attention apportée aux détails et suffisamment de respect pour leurs modèles pour ne pas se contenter de juste les pomper sans vergogne. Et ils avaient ce petit truc en plus qui fait que malgré le côté retro ça passait bien et que ça ne cassait pas les couilles comme un énième groupe "Death Metal Golden Years" de mes burnes. Même type d'artwork qui déchire (oeuvre superbe du chanteur) , même son qui démonte tout et même méchante ambiance délétère et maléfique : Kåabalh propose un passage à tabac qui risque fort de laisser des victimes et de faire un trou dans le portefeuille des amateurs de bon vinyle de Doom/Death de qualité !
Il serait malgré tout sacrément dommage de laisser entendre que Kåabalh n'est que la suite logique de Torture Throne. Bien qu'on retrouve quelques points communs entre les deux projets, Kåabalh a son identité, son univers sonore et ses thématiques. Les tempo ont ralenti, l'ambiance est encore plus poisseuse qu’auparavant et les growls ramonent grassement les cordes vocales du chanteur avec une profondeur bien caverneuse. Les riffs et la batterie s'écharpent dans un fracas de rythmiques rampantes impitoyables donnant tout son sens au terme "machine à broyer". Les chansons se succèdent avec la même détermination et la même violence faisant fi de toute forme de détail.
Un soin tout particulier à été apporté à l'édition vinyle (qui est sortie chez les bonhommes de Epidemia Records) qui permet d'apprécier toute la profondeur des riffs et la dynamique des rythmiques. Cela permet en outre d'apprécier en grand tous les détails de la sublime pochette qui me rappelle les années où je décortiquais les coins et recoins des pépites Death du Nord de l'Europe.
Ne vous privez donc pas de l'écoute de cette belle gallette qui on l'espère fera de sales petits rejetons qui auront eux aussi le goût de l'horreur bien faite.
- Cabal
- Archeron
- Dark Wrath of a New God
- The Complete Darkness
- Heavy Boredom Death
- Death's Ovation