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Le plaisir de la chair et de la vie, profité d’un temps si précieux qui nous est tous imparti, penser à son plaisir personnel et le partager à son entourage…Carpe Diem…
Le plaisir…Heavenly a toujours été ce genre de groupe que l’on sait qu’il produit, compose et joue avant tout pour s’éclater, prendre un bon temps manifeste à perpétuer un heavy métal symphonique hérité de l’âge teuton et surtout ne pas se perdre dans des expérimentations qu’ils ne comprendraient pas eux même. Si Heavenly fut et restera toujours controversé, la sortie de Virus avait pourtant redoré le blason d’un groupe qui peinait à confirmer. Néanmoins, Virus pêchait énormément par un manqué évident d’inspiration et un plagiat quasi continuel de Gamma Ray (il n’y avait qu’à écouter les premières secondes de The Dark Memories pour s’en rendre compte) dont la direction plus agressive n’était pas anodine.
Carpe Diem, cinquième opus des français, après un nouveau remaniement du line up derrière la batterie et l’arrivée de Peawy, voit donc le jour et dévoile un atwork typiquement « Manowarien », sympathique et révélateur de la sensation du groupe. Musicalement, nous sommes en revanche très loin des allemands, et très loin d’une inspiration qui semble bel et bien complètement absente du processus de création de Ben Sotto. Il est parfois presque aberrant de lire ses propos et l’écouter parler lui-même de l’incroyable nombre d’influences et de passages lui évoquant des groupes, et non pas Heavenly. Car oui, Heavenly est impersonnel, Heavenly est un patchwork de nombreux groupes, Heavenly n’a aucune personnalité.
Carpe Diem ouvre le bal sur quelques orgasmes féminins et dévoile un riff syncopé efficace, bien que typique, Ben reste dans un registre aigu mais la déception vient du travail orchestral, dont Ben est si fier mais si kitsch et synthétique. De fines nappes de claviers, des lignes de piano très peu mises en avant…et ce deuxième couplet…reprenant complètement Fame, même débit, même mélodie. Le refrain remonte le niveau, épique et très beau, avant que le riff central plus thrash fasse décoller le morceau. La production est bonne mais manque d’épaisseur et de mordant, elle sonne surfaite, lisse, stéréotypée…
Mais la plus grande influence de cet opus est sans contexte Queen. Fareweel s’ouvre ainsi sur une mélodie vocale où Ben s’évertue à singer Freddy Mercury sur une néanmoins magnifique ligne de piano. Mais là où il monte et décroche effectivement des notes impossibles, il en oublie l’émotion et l’intensité que le maitre pouvait détenir. A Better Me semble étrangement une symbiose de Bohemian Rhapsody et Killer Queen, une introduction piano/voix, une ambiance intimiste et belle, puis un déluge de chœurs plus proche de ce à quoi Heavenly nous avait habitués, avant un second couplet en forme de plagiat complet. Même forme de chœur, mimétisme du phrasé de Mercury, même riff…tout…avant de reprendre une tournure power sur le refrain…alors il est clair que l’influence de Queen n’est pas une honte, mais à ce point, elle le devient (et ce solo qui prend exactement le même pli).
Encore une fois, tout est bien fait, mais avec si peu d’âme. Ashen Paradise s’ouvre ainsi sur les même chœurs que le Induction de Gamma Ray (vraiment les même) et la même ouverture vocale que Virus. Certes, la qualité intrinsèque est au dessus de l’amateurisme et de pas mal de groupes, mais quand on remarque que presque aucuns éléments musicaux n’appartiennent à Heavenly, le constat est amer.
On retiendra un Lost In Your Eyes typiquement dans leur genre, single en puissance et très catchy, comme Spill Blood on Fire mais dans un registre moins fm, ce genre de morceau simple mais accrocheur mais qui au moins porte la marque Heavenly. Et si Ode to Joy s’ouvre sur la célèbre Hymne à la Joie de Beethoven (tellement reprise) pour un morceau « qui donne l’impression d’écouter du Helloween » selon son créateur, on est néanmoins plongé grâce à un gros riff speed dans une composition riche et intéressante, aux multiples arrangements, marqué par un refrain qui semble tout droit sortie des citrouilles de l’ère Michael Kiske. Quand à Save Our Souls, s’ouvrant sur des samples mécaniques et rehaussé par la prestation d’Oliver Hartmann (Hartmann, Avantasia…) au timbre plus rugueux et puissant, il se veut de loin le titre le plus personnel (c’est un bien grand mot) du disque. Un refrain magnifique et grandiloquent, ainsi que des couplets partagés entre deux vocalistes bien différents mais complémentaires, et un solo magnifique et virtuose. Un album qui fini sur une excellente note mais qui ne permet pas d’oublier un passé si peu glorieux…
…Carpe Diem n’a rien de réel à proposer, il est pauvre de créativité mais non dénué de plaisir. Certes, les fans pourront y trouver leur compte, les chœurs, soli, refrains et autres riff sont parfaitement interprétés. Mais aujourd’hui, lorsque l’on sort un cinquième album sur un marché du disque saturé et si mal en point, on attend simplement plus que ça…
1. Carpe Diem
2. Lost In Your Eyes
3. Farewell
4. Fullmoon
5. A Better Me
6. Ashen Paradise
7. The Face of the Truth
8. Ode to Joy
9. Save our Souls