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Du chambardement, il y en a eu chez Secrets Of The Moon depuis la sortie de Antithesis en 2006. Perdant tour à tour, leur chanteur bassiste Daevas puis leur guitariste A. D., la formation remettait tout à plat pile au moment où elle était attendue au tournant après le gros succès critique qu'était Antithesis. Pour faire en sorte de passer encore un cap, c'est LSK (Ex Antaeus) qui prend la place vacante de bassiste afin de rajouter un peu de féminité chez les Teutons et sG qui s'occupera des deux guitares en studio.
Privilegivm est finalement sorti en septembre 2009 sans que vraiment personne n'y prête attention. En effet, on ne trouve que très peu de chroniques sur le net et le dernier passage à Paris du groupe n'a pas vraiment bougé les foules. Une situation étonnante pour un groupe qui avait connu un petit engouement sur le net avec Antithesis et surtout pour une formation qui vient tout simplement de sortir son meilleur album en cette année de grâce. Alors pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ce silence ? Je n'arrive pas à expliquer cette situation. Par contre, je peux essayer (je dis bien « essayer ») d'expliquer en quoi ce nouveau cru de Secrets Of The Moon est si savoureux.
Plus Secrets Of The Moon avance, moins la touche Black Metal de leur musique paraît évidente à déceler. Et moins cette touche est présente, plus le groupe transcende avec sa musique. De Black Metal, il ne reste aux Allemands que le chant de sG et cette ambiance noire et religieuse. La fatalité dégagée par Privilegivm n'a d'égal que son génie. On ne peut rester insensible à ce type d'album qui offre quelque chose de nouveau, une autre vision sur la musique extrême. Cet album au même titre que le Monotheist de Celtic Frost devrait ou alors aurait du, avec une meilleure communication, marquer son temps pour influencer de nouvelles formations voulant elles aussi repousser les frontières du Black Metal. D'ailleurs, Secrets Of The Moon, se renouvelant toujours, a décidé pour surprendre ses fans délivrer un titre tout calme avec une voix claire déchirante dénommé « Shepherd » afin de clôturer Privilegivm.
Avec Privilegivm, sG et son groupe ne sont pas partis de rien mais donne l'impression d'avoir repris les meilleurs éléments de Antithesis et ont oublié dans le même temps les passages qui m'ennuyaient sur l'album (Oui j'avoue et honte sur moi : je zappe à chaque fois « Metamorphosis » à laquelle je n'arrive pas à accrocher). Pourtant, les morceaux sont plus longs avec la pièce centrale et pilier de l'ensemble « Harvest », un titre en trois parties qui culmine au delà des treize minutes et qui est une parfaite synthèse de cet album riche en émotions et en arrangements. Par exemple, ce petit crépitement à la fin d'« Harvest » qui fait toute la différence. Le clavier fait de petites apparitions à des moments opportuns comme cet orgue sur « For They Know Not » sonnant comme un soupçon par dessus la guitare et rappelant Enslaved. La basse joue un rôle essentiel dans les ambiances par le travail minutieux de LSK pour la faire sonner à la fois aérienne et troublante par ses vrombissements incessants. Enfin, comment ne pas parler de Thelemnar, le batteur, qui délivre une prestation sublime pleine de groove et de toucher. Ce mélange détonnant donne un résultat formidable avec nombre de moments aussi variés que cultes avec quelques exemples de choix comme le refrain de « Sulphur » avec cette envolée en voix claire qui fait penser à « Ghost » sur Antithesis, comme le riff catchy de « I Maldoror » ou encore comme ce riff apocalyptique qui monte en puissance sur « Queen Among Rats ». Voilà pour les passages qui m'ont le plus marqué mais n' prêter pas trop d'attention car rien n'est à jeter sur Privilegivm.
Privilegivm a tout pour devenir un maître de la musique occulte et monolythique. La messe noire de Secrets Of The Moon est tellement lancinante et prenante qu'on sort de l'écoute troublé. Doit on pleurer de tristesse ou sourire de bonheur devant une telle œuvre ? On ne sait pas trop, la réaction normale serait plutôt de rester bouche bée en lâchant un petit « Whaaaaaa » la bave dégoulinante. Il faut tout de même admettre que Privilegivm est tout sauf un album facile d'accès et qu'il vous faudra vous armer de patience pour déceler tous les charmes d'une œuvre et d'un groupe unique. Sans écouter la musique, il n'y a qu'à regarder la pochette pour s'en persuader.
1. Privilegivm
2. Sulphur
3. Black Halo
4. I Maldoror
5. Harvest (I Forgive Myself / The Tree of Life / Exsultet)
6. For They Know Not
7. Queen Among Rats
8. Descent
9. Shepherd
