La caution grunge du webzine.
On n'arrête plus Delain... Ces cinq dernières années, le groupe a su s'imposer comme un grand du Metal symphonique, à l'instar d'Epica, son confrère néerlandais. Toutefois, ce dernier semble en être arrivé à un point où il n'a plus rien à prouver à son public. Il se contente d'enchaîner, avec facilité certes, mais sans grand enthousiasme, les démonstrations techniques, et de se focaliser sur le côté épique de sa musique. Signer sur Napalm Records ne réussit pas à tout le monde, loin de là (on s'abstiendra de citer les formations concernées). Mais le sextet mené par Charlotte Wessels a rebattu les cartes en peu de temps et a gagné en ambition, ainsi qu'en qualité, au niveau des compositions. A partir de The Human Contradiction, la formation est repartie sur une base plus Metal, et cette nouvelle direction s'est largement confirmée avec le recrutement de la talentueuse Merel Bechtold en 2015.
Quant à la partie marketing, Delain avait également frappé très fort, en publiant Lunar Prelude comme une sorte d'EP-teaser destiné à faire patienter les fans jusqu'à la sortie du nouvel album, sept mois plus tard. Peut-être décideront-ils de réitérer l'expérience ici ? En tout cas, Hunter's Moon est construit de la même façon que le précédent EP : un premier chapitre constitué de nouveaux titres, et un second, plus long, composé d'une série de live. Et c'est sans surprise que le groupe se montre captivant dès les premiers instants de sa musique. L'ambiance onirique qui flotte sur Masters of Destiny ("We are the dreamers") rappelle dans une certaine mesure l'ouverture de Stardust - le morceau Pop-Rock de The Human Contradiction. Le chant cristallin de Charlotte Wessels se retrouve magnifié par de très légères notes de piano, et c'est en ce sens qu'il s'inscrit dans la continuité du titre sus-cité. Les grandes mélodies épiques, autant que les envolées vocales de la belle, créent un décor plus qu'intéressant, qui permet à l'auditeur de s'imaginer toutes sortes de paysages défiler sous ses yeux. Intrigant : c'est aussi le mot qui nous vient, lorsqu'on entend du chant extrême se glisser dans des morceaux de Delain (Hunter's Moon, Art Kills). Il y en a déjà eu par le passé, mais il semblerait que cette fois-ci, le combo ait décidé d'en confier une partie à Timo Somers, le guitariste principal, sur le titre éponyme. C'est en raison des screams - intenses et pleins de conviction -, ainsi que de la tonalité particulière des guitares, que la chanson bascule vers le Death mélodique, par moments. Art Kills comporte des éléments de musique extrême, mais n'a strictement rien à voir avec le morceau décrit plus haut puisque les growls nagent dans une ambiance purement électro. Cette diversité-là fait tout l'intérêt de l'EP.
Le groupe originaire de Zwolle dans les Pays-Bas nous livre une faible quantité d'inédits, mais en revanche, il se dépasse, et maintient une belle cohérence entre les titres studio, et les performances live. The Human Contradiction et Moonbathers sont les albums les mieux représentés au regard de la setlist, avec trois chansons chacun, qui leur sont dédiés. Si Charlotte versait dans des démonstrations vocales plus que plaisantes sur Masters of Destiny, elle nous prouve qu'elle n'est pas en reste sur la setlist du concert de Tivoli Vredenburg. A titre d'exemple, on peut citer les couplets de Your Body Is a Batteground où son chant se fait plus inquiétant que jamais, et bien sûr Hands of Gold, dont la mélodie d'entrée renvoie au thème de "Pirates des Caraïbes". George Oosthoek (MaYaN) growle à la place d'Alissa White-Gluz (finalement, on observe assez peu de différences entre leurs deux voix !) tandis que la frontwoman de Delain improvise un chant d'opéra des plus envoûtants, histoire de donner de la valeur ajoutée au titre. Autre guest, et non des moindres. Marco Hietala de Nightwish illumine le disque de son charisme et de sa présence. Le monsieur a tellement l'habitude d'enregistrer avec Delain (cela fait treize ans qu'il se prête à cet exercice), qu'on pourrait presque le considérer comme le septième membre du groupe. Le public ne s'y est pas trompé. Il crie son nom. Par ailleurs, le seul titre où il n'intervient pas à partir de la splendide Your Body Is a Battleground souffre réellement de son absence. On note une légère baisse de régime et d'énergie sur Not Enough, ce qui nous montre à quel point Hietala était impliqué sur scène au moment de la captation live.
Delain tient ses promesses. Il n'est pas un partisan du moindre effort, contrairement à une majorité de groupes, étiquetés Metal symphonique. Les riffs bien lourds lancés par Timo et Merel contribuent à ce que l'équilibre Metal / musique classique ou orchestrale soit respecté de bout en bout (The Silence Is Mine étant l'exemple le plus probant, en plus d'être la création la plus "grandiose" de cet EP - malgré sa courte durée). Définitivement, les Néerlandais ont changé de stature et plus rien n'a l'air d'arrêter leur ascension.
Tracklist :
- Masters of Destiny (04:54)
- Hunter’s Moon (04:30)
- This Silence Is Mine (02:37)
- Art Kills (feat. Twan Driessen) (04:00)
- Hands of Gold – Live (feat. George Oosthoek) (05:24)
- Danse Macabre – Live (05:28)
- Scarlet – Live (04:45)
- Your Body Is a Battleground – Live (feat. Marco Hietala) (04:11)
- Nothing Left – Live (feat. Marco Hietala) (05:01)
- Control the Storm – Live (feat. Marco Hietala) (04:24)
- Sing to Me – Live (feat. Marco Hietala) (05:14)
- Not Enough – Live (05:35)
- Scandal – Live (Queen Cover) (feat. Marco Hietala) (04:09)
- The Gathering – Live (feat. Marco Hietala) (04:37)