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Album

13 avril 2019 - Rodolphe

In Flames

I, the Mask

LabelEleven Seven Music
styleMetal Alternatif
formatAlbum
paysSuède
sortiemars 2019
La note de
Rodolphe
5.5/10


Rodolphe

La caution Grunge du webzine.

Avoir repris du Alice In Chains sur un EP (cf. Down, Wicked & No Good) et engagé Joe Rickard, l'ex-de Red (qui, à défaut de faire encore partie du groupe, a enregistré la majeure partie des pistes de batterie de cet album), sont des signes qui ne trompent pas. Le tournant "alternatif" d'In Flames, amorcé huit ans auparavant sur Sounds of a Playground Fading, se confirme bel et bien. A l'heure actuelle, on entend beaucoup contester les choix artistiques du groupe. Mais on oublie trop souvent que Passenger - le side-project d'Anders Fridén -, évoluait dans un registre Metal alternatif aux ambiances un peu gothiques. Durant le laps de temps que dura leur tournée (un an), les Suédois ont même partagé l'affiche avec Lacuna Coil. C'est dire le positionnement artistique du projet ! Le supergroupe aurait dû poursuivre sa carrière. Au lieu de cela, les musiciens ont accouché d'un album à la qualité exceptionnelle, mais qui aurait mérité une suite. Alors en comparaison, ce treizième opus paraît bien fade... De plus, le nom d'Howard Benson restant associé à Release the Panic, on a toujours la crainte de le voir produire un nouvel album de Metal alternatif. Depuis Battles en 2016, l'ancienne formation de Death mélodique n'a pas progressé... Le surplace artistique est toujours de mise.

In Flames nous livre une vision simpliste du Metal alternatif, basée sur des structures et des sons très convenus. Au fur et à mesure que le disque avance, la formation diminue ses efforts et les titres s'enchaînent péniblement. Le guitariste, jusque-là admirable, se heurte à un moment de faiblesse sur la septième piste, et entraîne le groupe entier avec lui. L'ouverture mélodique de We Will Remember est exécutée sans grande conviction. Ce motif, répété jusqu'à épuisement, enlève un peu plus d'efficacité à la seconde partie du refrain. Mais de manière générale, les guitares ne constituent pas le point noir de l'album. Au contraire, le taulier Björn Gelotte compense les compositions les plus moyennes par des solos dynamiques et rafraîchissants (In This Life, All the Pain). Et on peut le remercier. Grâce à lui, cet opus garde un semblant d'intérêt. Les morceaux qui le constituent ne sont pas foncièrement mauvais, seulement, on perçoit un décalage de qualité évident entre la première et la seconde partie. Par soucis de cohérence avec leur style actuel, les musiciens ont incorporé (involontairement, sans doute) quelques références à des groupes issus du Metal alternatif. Les titres mis en avant durant la promotion de l'album sont les mieux référencés en la matière. Sur (This Is Our) House, l'influence de Red est omniprésente. Elle transparaît sur les refrains, qui possèdent une approche assez orchestrale (on aurait facilement pu arranger le morceau avec des instruments à cordes, sans que cela modifie son énergie et son propos), ainsi qu'au niveau du songwriting et du grain de voix du frontman, qui se rapproche de celui de Michael Barnes. Pris à part, les choeurs d'enfants présents sur l'intro sonnent vraiment "too much", mais le fait qu'ils soient suivis d'un couplet à la fois lent, inquiétant voire glacial offre un contraste intéressant. Call My Name, lui aussi, possède un refrain entêtant et de superbes lignes de chant éraillées. Malheureusement, six titres plus loin, on retrouve, à quelques notes près, un copié-collé du chorus (en nettement moins efficace, cependant). Arrivé au terme de l'album, le sentiment qui ressort est la fainéantise. In Flames la pratique admirablement bien. Il se contente du minimum. A l'agonie sur la seconde moitié du disque, le groupe jette des idées et des chutes de morceaux n'importe où, sans en chercher la logique. Abstraction faite des riffs génériques qui nous remémorent les derniers Arch Enemy, l'introduction de Deep Inside n'a pas vraiment de sens. Pendant une trentaine de secondes, on a une bien curieuse mélodie Folk jouée aux claviers, qui ne se développe pas plus sur le break. On se demande ce qu'elle fait ici. Le dernier titre, quant à lui, annonce une ultime miévrerie, ce qui est effectivement le cas ("I can see the light / Stay with me" etc.). Fridén reste dans la douceur, et ne se met à screamer que très tardivement. Saluons toutefois le travail sur les guitares et l'acoustique qui est fort plaisant à l'oreille.

Les aficionados de Metal alternatif comprendront mieux le disque que les autres. Ce qui ne veut pas dire qu'ils l'apprécieront forcément étant donné qu'il est dépourvu d'originalité et d'envie, mais ils seront sans doute plus mesurés dans leurs propos. Il faut dire que l'évolution d'In Flames est de loin plus intéressante que le contenu de leurs dernières sorties, même si de très bons titres comme Call My Name, I Am Above et (This Is Our) House limitent la casse.

 

Tracklist :

  1. Voices (04:48)
  2. I, the Mask (03:41)
  3. Call My Name (03:33)
  4. I Am Above (03:49)
  5. Follow Me (04:55)
  6. (This Is Our) House (04:16)
  7. We Will Remember (04:04)
  8. In This Life (03:52)
  9. Burn (03:43)
  10. Deep Inside (04:21)
  11. All the Pain (04:29)
  12. Stay with Me (05:16)

 

 

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