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Album

02 décembre 2018 - Rodolphe

P.O.D.

Circles

LabelMascot Records
styleNéo-Metal
formatAlbum
paysUSA
sortienovembre 2018
La note de
Rodolphe
8.5/10


Rodolphe

La caution grunge du webzine.

Il y en a qui ignoraient que P.O.D. - injustement plus connu pour son titre Boom que pour ses albums post-Satellite -, existait encore. En effet, pour trouver la dernière sortie un tant soit peu médiatisée du groupe, il faut remonter à six ans en arrière, en 2012, à la sortie du remarqué et très accessible Murdered Love qui comptait une pléiade d'invités prestigieux. Mais les faits sont là : dans l'Histoire du Néo-Metal que l'on a racontée, on a bien plus retenu un Korn qu'un talent comme P.O.D. en marge de la scène, avec son alliage de Rap, de Metal et de Reggae. Bien que cela puisse apparaître comme un détail vu de l'extérieur, il est bon de rappeler que sur le papier, ce dernier a publié son premier méfait (Snuff the Punk) quelques mois avant la bande à Jonathan Davis, ce qui en fait le pilier du genre, d'autant plus que le disque fut tout aussi oppressant et abrasif que le KoЯn, avec ces élements de Punk-Hardcore typiquement US (dire que ces deux ont failli enregistrer ensemble au milieu des années 2000 sur Mistakes and Glories...). 

Alors qu'en 2015, sur The Awakening, le quatuor de San Diego s'était globablement perdu dans un concept-album aux intros et aux outros assomantes qui alourdissaient inutilement le disque et lui ôtait une partie de son énergie, sur sa nouvelle offrande, P.O.D. revient à l'essentiel et nous sert le tant attendu revival de l'ère-Jason Truby. Cette période fut courte (2003-2006), mais elle a visiblement beaucoup marqué le groupe qui durant trois ans a dû se passer de son guitariste d'origine pour travailler avec l'ex-Living Sacrifice. Ce flash-back musical auquel on assiste, se précise sur On the Radio. Cet accent de rappeur jamaïcain que prend Jordan Miller sur les pré-refrains (on suppose qu'il s'agit d'un guest et non de Sonny) a le mérite d'avoir un côté très immersif et de nous plonger dans l'ambiance de l'éponyme et de Testify, qui montraient tous deux un fort penchant pour le reggae. La progression d'Always Southern California a elle aussi quelque chose de très Payable on Death. Loin du précédent album aux contours sombres, le titre dégage des ondes positives tandis que le groupe expérimente une nouvelle approche de sa musique - plus simple et plus organique (on entend même comme un léger "croassement" dans la guitare de Curiel sur le break, c'est dire) -, qui lui sied à merveille. Il n'y a pas d'un côté les titres légers voire ensoleillés et de l'autre ceux qui se veulent agressifs au premier abord comme Rockin' with the Best, Panic Attack ou Soundboy Killa et son "Kill the alarm because the sound is dead". C'est d'ailleurs dans l'un des morceaux les moins Metal de l'album que l'on retrouve l'un des riffs les plus sombres. Accentuées par une ligne de choeurs quelque peu funeste, les guitares bien dark de Circles semblent tomber de nulle part, tant la première partie du titre est douce, et le flow chaud et rassurant de Sonny Sandoval, à la limite du chuchotement.

Des morceaux qui s'imposent naturellement comme de futurs classiques de P.O.D., on en compte au moins trois : ils ont pour points communs d'être directs, énervés et de lier toutes les facettes et les influences de la musique du groupe (le Rap, le Reggae et le Metal). En revanche, on ne soupçonnait pas les Américains d'être capable d'enfanter un titre aussi barré que Panic Attack. Quelle étrange sensation que d'entendre Sonny Sandoval entrer dans une telle phase d'hystérie qu'il lâche des screams incontrôlés ici et là, sur une instrumentation typée Rage Against The Machine. Dans le même temps, on a aussi de très brefs backing-vocals à peine audibles (qui ne durent jamais plus d'une seconde ou deux), qui nous donnent l'impression d'assister à un mauvais rêve ou d'avoir consommé des stupéfiants - ce que le quatuor apprécie apparemment puisqu'il en remet une couche sur la fin de Home. Si on ne peut rien reprocher au disque et qu'il n'y a aucun réel raté, les auditeurs pourraient avoir plus de mal à comprendre Domino : premièrement, du fait de ce riff d'ouverture à la "Décathlon" et en second lieu, en raison de cet air nonchalant voire monotone dans le chant, qui est en quelque sorte l'un des travers bien connus de la musique Reggae. Cela dit, cet étron passe beaucoup mieux dans le contexte de l'album que si on l'écoute séparément.

Avec rien de moins que son dixième album (!), P.O.D. signe un nouveau grand cru et trouve une suite réjouissante au faible The Awakening qui en fin de compte, ne lui ressemblait pas tellement, car manquant de spontanéité et d'énergie dans son ensemble. Le lyrisme qui s'était éclipsé des dernières sorties réapparaît ici, à côté de titres purement old-school qui n'auront aucun mal à faire lever les foules lors des concerts.

 

Tracklist :

  1. Rockin' with the Best (02:42)
  2. Always Southern California (03:10)
  3. Circles (03:27)
  4. Panic Attack (03:02)
  5. On the Radio (03:10)
  6. Fly Away (03:10)
  7. Listening for the Silence (03:51)
  8. Dreaming (03:02)
  9. Domino (03:29)
  10. Soundboy Killa (04:06)
  11. Home (04:01)