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Pour ceux qui dormaient à côté du radiateur au lieu de suivre le cours d'anglais, vous avez certainement ri à la lecture du nom de ce groupe : Sympathy. C'est un faux ami, qui signifie en réalité « compassion » et c'est en lisant du Schopenhauer que le leader du groupe Dharok fut inspiré. Oui deuxième fou rire des cancres qui se disent qu'en plus d'un nom pas métal pour le groupe, le pseudonyme de ce Canadien, considéré comme un grand musicien par la critique, ressemble à celui d'un rappeur, voire mieux d'un catcheur. Cela dit il porte son projet depuis maintenant de nombreuses années, dix-huit pour être précis, et s'est entouré d'un guitariste de Mortification, Jeff Lewis, et du batteur de Into Eternity, Jim Austin. Nul besoin de préciser qu'avec ces gaillards dans les rangs, Sympathy fait bien dans le métal que l'on qualifie parfois de « white », même si l'on est loin du prosélytisme que l'on pourrait craindre. Son leader est par ailleurs un des acteurs actifs de l'underground Canadien et semble se satisfaire de ce rôle.
Mine de rien, Sympathy a déjà cinq albums dans sa musette et a donc eu largement le temps et l'occasion d'affiner son style. Les influences de Anagogic Tyranny sont vagues et vont de Kreator à Dimmu Borgir en passant par Morbid Angel. Bon, pour l'affinement, vous repasserez, ça va pas être simple de démêler tout ça. Heureusement il reste la musique et on arrive assez vite à saisir ce qu'il en est. Servi par un son tout ce qu'il y a de plus pro, la bande à Dharok ne fait pas dans la dentelle. Quand on annonce du death technique, on laisse un peu de côté la technique en réalité et on se concentre plutôt sur le blast qui est omniprésent sur le disque. Parfois on se croit chez Cannibal Corpse. Les riffs sont souvent solides et la brutalité a un véritable impact sur les chansons. La quasi-totalité de l'album et de ses onze titres sont à forte consonance brutale. Pour le prouver, vous n'avez qu'à appuyer sur « lecture » et Insurrection vous sautera à la figure comme un diable qui sort de sa boîte.
C'est vrai qu'on trouve parfois cette énergie thrashisante mais la voix criarde avec des accents bien graves et plus orientée death qu'autre chose et donne donc le ton de la musique, en plus du blast. Cette débauche de violence donne des moments assez épiques comme le départ de Enslaved Depravity où l'on sent que les monstres sont prêts à être lâchés et soudainement tout explose. Parfois Dharok se sert de ses talents de technicien pour placer des plans qui viennent rompre cette pluie de méchanceté en cd : quelques soli disséminés mais pas trop quand même (exemple : On a Bloodied Cross), et quelques passages éclairés comme sur Forgotten Temples et un peu moins réussis comme sur And All Flesh, où ça sent juste la branlette de manche.
Parfois, on se retrouve au milieu d'un passage qui semble venir comme un cheveu sur la soupe. Que font des claviers (trois nappes et puis s'en vont) à la fin de On A Bloodied Cross ou Enslaved by Depravity ? Ils n'apportent rien, sauf un aspect ronflant, surtout ils gâchent une partie qui se voulait intéressante. Juste bons à considérer comme un artifice plus que maladroit, histoire de justifier l'influence black sympho. Mais souvent le problème se situe dans l'indiscernable enchaînement entre les morceaux, tout est à la limite du brouillon et de la confusion.
En fait parler de musique technique, c'est leurrer l'auditeur, ce n'est pas en plaçant deux syncopes et trois harmoniques que l'on peut se targuer de progressivité ou de technicité. On décroche souvent et je me suis ennuyé à l'écoute de cet album qui a certes des qualités mais qui préfère s'enfoncer dans un concept qui oscille entre du trop et du pas assez brutal, technique, mélodique, symphonique. Résultats des comptes, les auditeurs potentiels de Sympathy ne sont guère accrochés et vont vite aller voir ailleurs s'ils peuvent trouver leur bonheur. Anagogic Tyranny ne restera pas dans les annales de ce que le Canada a fait de mieux.
1. Insurrection
2. And All Flesh
3. On a Bloodied Cross
4. Ours the Grave
5. Perfection in Death
6. Enslaved by Depravity
7. Underworld
8. Forgotten Temples
9. The Iscariot Aspect
10. Potter's Field