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Hatebreed aurait pu être un groupe vite chiant à écouter au fil des albums, mais finalement, et cela peut paraître surprenant, à chaque nouvelle livraison sonore, il se montre toujours aussi déroutant.
Un peu perdu lors des premières écoutes de ‘Perseverance’ par rapport à son prédécesseur ‘Satisfaction Is the Death Of Desire’, même constat lors des découvertes de ‘The Rise Of Brutality’ et plus ‘récemment’ de ‘Supremacy’.
Ces albums restent néanmoins toujours aussi rapides à analyser et à digérer. Ceci n’étant pas forcément péjoratif, soyons bien clair ! On découvre toujours une nouvelle facette du combo du Connecticut qui ne paraît pas immédiate aux premiers abords, mais qui se révèle toujours être une arme de plus en terme d’efficacité dévastatrice, car tel semble être le leitmotiv du groupe depuis plus d’une décennie.
Et ce nouvel opus éponyme ne va en rien déroger à cette règle, bien au contraire ! La première écoute s’avère surprenante, c’est le moins que l’on puisse dire ! Le doute s’installe plus que jamais ! Alors on persévère justement, on s’en remet quelques couches successives, pour enfin bien déceler les moindres évolutions de la troupe de l’ami Jasta.
Si ce disque nous interpelle autant, c’est qu’il est encore plus déstabilisant que ces prédécesseurs. Jamais Hatebreed ne se sera montré aussi diversifié. C’est un Hatebreed revigoré, survolté et multi-facettes, que l’on retrouve aujourd’hui.
Revigoré par l’arrivée d’un nouvel ex-membre à la 6 cordes, Wayne Lozniak, en lieu et place de l’homme aux trapèzes de feu, Sean Martin.
Survolté, car Hatebreed n’a jamais été du genre à renier la moindre gifle à son auditoire, et surtout multi-facette par rapport à l’étendu d’influences abordée sur ce nouvel album.
Hatebreed ne s’est jamais montré aussi brutale, jamais Hatebreed n’a été aussi metal, jamais il ne s’est révélé être aussi hardcore, ni aussi ‘punk rock’, et plus surprenant encore, jamais il n’a été aussi mélodique et mid-tempo, le tout avec un groove omniprésent! La cuvée Hatebreed 2009 c’est tout ça ! Un bon melting pot de leurs précédentes productions studio, agrémenté de quelques nouvelles saveurs goûtues. Alors bien sûr, on n’a pas fini de se battre afin de savoir dans quelle case le ranger : un groupe de metal influencé hardcore ou un groupe de hardcore aux influences metal ? Je dirai qu’on s’en fout totalement, et c’est justement l’une des forces d’Hatebreed. La capacité de pouvoir sensibiliser des publics extrêmes en tout genre.
Cascades de riffs classiques mais acérés, comme d’habitude nous dirons, inclusions de quelques solos pas vilains pour un sou, (‘Merciless Tide’ , ‘Between Hell & A Heartbeat’, ‘Hands Of A Dying Man’), moshs parts habituelles, chœurs fédérateurs, (‘In Ashes They Shall Reap’, ‘No Halos For The Heartless’), on retrouve donc des éléments, récurrents, mais pour le coup tout est encore plus explicite et plus marqué. L’aspect ‘punk rock’ comme je disais, ou hardcore old-school, tiens lui aussi une place de choix et semble être l’événement sur cet album. ‘Words Became Untruth’ est une petite pépite dansantes qui ne manquera pas de faire bouger nos ptits culs en 2 step, lors des prochaines apparitions scéniques, tout comme, ce qui semble êtres LE tube, ‘Every Lasting Scar’ ! Dansant, swinguant, chantant, le vrai hit en puissance et véritable ovni de ce disque et même de la discographie entière du groupe. Jasta s’essaye sur ce titre, plus que sur aucun autre, à un chant plus classique, à sa manière certes, mais s’en sort avec brio. On imagine déjà les futurs assemblées l’accompagner en chœur ! Un vrai hit donc, mais il est certain qu’avec ce titre, Hatebreed va aussi s’attirer les foudres de certains, j’en imagine déjà avec le mot ‘vendus’ aux bouts des lèvres...
Autre bonne surprise de cet album, ‘Undiminished’. Un titre totalement instrumental, le truc qu’on n’attendait pas du tout et qui final fait son petit effet, avec son solo fort agréable et ces quelques notes de piano le clôturant. Metallica et ses ‘Call Of Ktulu’ ou ‘Orion’ ont certainement leur part de responsabilité quand à la présence d’un tel morceau…
Et j’irai même encore plus loin en disant que ‘For The Lions’, l’album de covers sur lequel Hatebreed rend hommage aux groupes qui l’ont influencé, a été prépondérant dans l’élaboration de ce nouvel album. Sur ‘For The Lions’, Hatebreed s’est essayé avec plus ou moins de réussite à d’autres styles, à devoir jouer des choses qu’il n’avait jusque là, jamais osé aborder. Outre l’arrivée de Wayne Lozniak, je suis convaincu que ces nouveaux éléments plus old-school, ces variations de tempo et cette guitare lead plus présente en sont des conséquences certaines, au même titre que les galipettes de Jasta avec Icepick ou Kingdom Of Sorrow, qui affinent de nouveaux horizons musicaux.
Pour conclure, je dirai que cet éponyme n’est, purement et simplement, que plaisir. Le plaisir de composer des titres différents, le plaisir de les jouer, le plaisir de les partager sur scène dans un futur proche. Hatebreed s’est fait plaisir, mais a aussi voulu faire plaisir, c’est indéniable!
Hatebreed se débride donc et ose enfin ! Le groupe nous délivre son travail le plus abouti, et je dirai même avec certitude qu’il est celui de la maturité. Voilà LE disque qu’il manquait au groupe pour finir de convaincre définitivement sur son potentiel, et enfin rentrer dans la coure des grands, avec à sa tête cette teigne de Jasta, qui lui s’invite dans le panthéon des grands front-man dont le metal a toujours eu besoin, alliant charisme et talent, digne héritier des Anselmo, Flynn et autres Cavalera.
Pour info, le titre ‘Pollution Of The Soul’ apparaissait à l’origine en bonus sur la version japonaise de ‘Supremacy’, dans une version différente et moins élaborée.
1. Become The Fuse
2. Not My Master
3. Between Hell And A Heartbeat
4. In Ashes They Shall Reap
5. Hands Of A Dying Man
6. Everyone Bleeds Now
7. No Halos For The Heartless
8. Through The Thorns
9. Every Lasting Scar
10. As Damaged As Me
11. Words Became Untruth
12. Undiminished
13. Merciless Tide
14. Pollution Of The Soul
15. Escape (New Diehard Edit)
