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Il faut croire que le film Pirates des Caraïbes a réveillé plus d'une vocation de moussaillon dans le monde des arts : livres, musique, on ne compte plus le nombre d'œuvres dédiées aux malfrats des mers et autres histoires fantastiques sur les sept mers. Bien sûr, un film Disney, ça fait pas métal, mais alors pas du tout, c'est donc pour cela que le groupe Américain Dagon invoque le grand Lovecraft comme influence principale. Leur nom est d'ailleurs une divinité de la mer créée par le maître de Providence. Au delà de l'artwork assez réussi, et du digipack soigné, on trouve le deuxième véritable album d'un quartet Américain que l'on peut qualifier de quasi-inconnu sous nos latitudes. Heureusement la distribution a gagné ces dernières années en efficacité et maintenant le monde est aux pieds de n'importe quel groupe en quête de gloire, dussent-ils passer pas le plancher océanique.
On ne vous fait pas de révélation trop choquante en vous annonçant que le propos de Dagon dans Terraphobic est : (roulements de tambour) la mer. Comme je l'ai esquissé en introduction, les textes de Dagon tournent autour de tout ce qui touche les créatures et les hommes qui vivent sous ou sur les grandes étendues. Ils se qualifient de Ocean métal (le dernier titre de l'album) ou bien encore, selon leur myspace de Punishing Nautical Thrash. Ceux qui rigolent dans le fond, je vais vous demander de vous calmer ! On ne sent pas vraiment l'iode et le grand air marin dans leur musique, il n'y a pas de passages calmes ou qui nous appelleraient à la médiation. Il faut dire que des gars du Michigan sont plus habitués aux lacs qu'à la mer. Mais pour éviter de tanguer, ils ont pris le parti de l'équilibre. Équilibre dans la longueur des titres : onze titres qui tournent autour des quatre – cinq minutes; pas de surprises au niveau des structures, pas de fioritures ou d'expérimentations. Ici c'est indésirable, on fait dans le métal brut. Mais la balance se fait aussi au niveau des guitaristes et des chanteurs : deux de chaque. Autant l'utilité des deux guitaristes est discutable tant les plans sont similaires, autant les deux chanteurs (respectivement bassiste et batteur du groupe) ont leur personnalité propre. Growls death métal bien profonds ou voix criées à la deathcore, voilà le choix.
Les musiciens de Dagon ont créé leur musique en picorant des influences ça et là. Leur allégeance à la scène melodeath est plus qu'évidente car assumée. Mais on trouve aussi des traces de groupes du Nord de l'Europe comme Amon Amarth dans le titre To the Drums We Rise. Le rythme principal en est dangereusement proche. Mais on pourrait se pencher sur la question et trouver pas mal de Iron Maiden dans leurs riffs heavy : le fin de The Last en est un clair exemple. Le maître mot de leurs compositions est l'énergie, s'ils ont pris le descriptif thrash c'est surtout pour son inamovible puissance. Il n'y a pas de répit et sans faire d'extras techniques, Dagon recherche l'aspect musclé de la musique. On ne se perd pas en soli, ou en mesures étranges : les morceaux sont construits autour de nombreux riffs et surtout de cavalcades de batterie.
La lame de l'épée du pirate Dagon est à double tranchant. D'un côté, le plaisir immédiat d'une musique heavy à souhait, où tout sonne : la basse soutient à merveille et de façon audible la rythmique (Into The North par exemple), la batterie dynamise le tout et les guitares vont chercher des riffs plutôt plaisants. Ça sent bon le heavy un peu épique de Iced Earth ou de Persuader (écoutez Ocean metal et sa voix à la Halford), ce qui est plutôt un bon point pour séduire une base de fans plus large. Mais d'un autre côté, on sent tout venir de loin. Terraphobic ne contient absolument aucune surprise, si ce n'est le titre éponyme, où la composition semble sortir d'une certaine simplicité. Et surtout, après peu d'écoutes, il ne ressort plus rien de cet album. Alors, on peut de le garder pour une envie ponctuelle de se remettre la pêche, mais rien de bien nouveau sous le soleil.
Quand je parlais de distribution globale, avec Terraphobic de Dagon nous tombons en plein dans le dilemme qui devrait l'agiter : les Américains sont assez bons pour quitter le cadre local et régional dans lequel ils doivent se sentir enfermés. Mais ils restent trop inspirés par ce qui a déjà été fait pour être remarqués de manière pérenne. En conclusion, le son est bon, l'artwork est plutôt sympa, la musique entraînante mais le soufflet heavy-thrash retombe légèrement trop vite. Jetez-y une oreille, vous ne serez quand même pas déçus. De là à l'acheter...
01- Cut to the Heart
02- Demons in the Dark
03- Terraphobic
04- Wave of Predation
05- To The Drums We Rise
06- Full Speed Ahead
07- Into the North
08- The Last
09- The Sea Encompassing
10- Feeding Frenzy
11- Ocean Metal