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Album

03 novembre 2018 - Rodolphe

Devour The Day

Signals

LabelRazor & Tie
styleMetal Alternatif
formatAlbum
paysUSA
sortieoctobre 2018
La note de
Rodolphe
7.5/10


Rodolphe

La caution grunge du webzine.

On ne peut pas dire que les survivants d'Egypt Central aient raté leur reconversion artistique et musicale. Passé de la batterie au chant et à la guitare (!), Blake Allison s'est imposé comme le frontman (s'il en est) de Devour The Day - ce duo devenu power-trio depuis l'album précédent. Née sous les décombres d'Egypt Central qui a tiré sa révérence en fin d'année 2012 suite à un an d'inactivité, la jeune formation de Memphis ira même jusqu'à récupérer le producteur de White Rabbit  pour les besoins de son premier effort et à recruter en 2013 une ancienne connaissance (Jeff James) afin d'ajouter une guitare supplémentaire à son line-up live. Les restes d'E-C, laissés en accès libre aux fans du groupe sous la forme d'un EP digital de sept titres composé de démos et d'inédits (cf. Murder in the French Quarter) sont passés inaperçus, tant le combo mené par le charismatique John Falls appartenait déjà au passé. Après des débuts hésisants sur Time & Pressure, le trio nous revient avec un nouvel opus de loin plus recherché que le reste de sa discographie, bien que non exempt de tous défauts.

Il va sans dire qu'à elles seules, la production 3.0 que n'aurait pas reniée un Dayshell, et le son des guitares parfois similaire à celui d'une huit-cordes dans le djent (Headspill, notamment), apportent une plue-value non négligeable à la musique de Devour The Day. Il faut dire que l'enjeu principal de cet album résidait dans la capacité du groupe à se renouveler, après deux albums de metal alternatif très classiques sur la forme, et vaguement efficaces. Pourtant, le premier morceau - One Shot -, est d'une simplicité déconcertante sur le plan lyrique ainsi qu'au niveau de la structure, au même titre que Give It Up d'ailleurs. La voix claire et mélodique de Blake Allison - quasiment emo par moments -, s'adapte si parfaitement à cette production ultra-moderne, enrichie de scratchs (il y en a aussi sur Loudmouth) qu'on se demande pour quelles raisons les musiciens ont mis deux albums avant d'emprunter cette direction. Entre l'aboiement qui introduit le titre d'une bien curieuse façon et l'énorme scream de dix secondes qui le clôture, on trouve un côté sauvage et naturel à One Shot, ce qui marque une cassure avec le son clean et très produit du reste du morceau.

Alors que par le passé, les screams étaient présents de manière ponctuelle, pour compléter ou remplir les blancs des morceaux, sur Signals, ils semblent assumés et n'être pas là par hasard. C'est le cas sur les singles Faithless et The Censor. Le premier a une visée plus mélodique tandis que le second, avec ses riffs calqués sur un air stoner et sa ligne de basse animale sur les refrains signée Joey Walser, se montre davantage jusqu'au-boutiste dans cette alternance chant clair / guttural. Cependant, toute tentative de rapprochement avec le metalcore-djent, qui pourrait voir le jour du fait de la production "digitale" de l'album et de l'omniprésence des screams, est hors-propos. On a affaire à un metal alternatif plus violent que la moyenne, comportant quelques escapades expérimentales, parmi lesquelles on retrouve des instrumentaux (Red Flower, Under the Overpass). Ce n'est pas du tout... On ne pourra s'empêcher de penser aux débuts d'Hoobastank, à l'écoute de Cliffhanger et bien sûr de Nothing Is Enough. Cela est dû en grande partie au style épuré et très direct des refrains, et à cette frontière entre le rock et le metal dont on a du mal à définir les limites. Par moments, sur les morceaux cités, la voix d'Allison se confond même avec celle de Douglas Robb.

​Ce Signals témoigne d'une volonté d'innover qu'on ne retrouvait pas dans les albums précédents. Devour The Day s'y perd parfois (Loudmouth), mais au moins, il se risque à faire autre chose que du metal alternatif maintes fois exploré. Cette parfaite maîtrise du chant crié est un atout de poids et comme souvent dans les groupes configurés en trio, la basse rêvet plus d'importance, surtout lorsque le bassiste en question est issu d'une formation connue du metal alternatif - Egypt Central.

 

Tracklist :

  1. One Shot (03:45)
  2. Faithless (03:43)
  3. Into the Night (03:46)
  4. Red Flower (01:05)
  5. Headspill (03:07)
  6. The Censor (03:39)
  7. Give It Up (02:53)
  8. Cliffhanger (03:47)
  9. Loudmouth (03:14)
  10. Nothing Is Enough (02:39)
  11. Wonderful Creatures (03:00)
  12. Under the Overpass (02:49)