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Véritable arche de Noé où s’entasse un répertoire fumant de compositions sans concessions et guidé par les bons ordres de quatre missionnaires partis expérimenter avec vélocité le mélange des styles, le tout premier opus de Crossing The Rubicon est un embarcadère costaud lancé à pleine vitesse sous la houle du stoner et du hardcore réuni. Un navire marchand ayant à charge de distribuer autant les pains que les fruits de la moisson récoltés entre les terrains en jachère de The Bronx et Coliseum. Car il faut dire que si les influences demeurent prégnantes sur ce premier coup d’essai, Crossing The Rubicon fait plaisir à entendre et surtout se permet le pari osé de mélanger les contours du hardcore tout en aguichant l’oreille de l’auditeur. Un exercice soigné et salvateur que l’on aurait bien eu tort d’écarter.
Jeunes Parisiens rassemblés sous le signe de la sueur et du bon goût, les Crossing The Rubicon ont l’art et la manière de transformer à leur guise une fosse asservie en piste de danse sur cette première mouture. Un orchestre de premier choix ayant troqué les épaulettes au profit des vestons en jean leur permettant de faire écho à leurs amours cachés du rock, du stoner et plus globalement du hardcore. C’est d’ailleurs sous ces trois palettes stylistiques que nos quatre français s’expriment le mieux, réussissant à faire coexister ensemble ses trois facettes directement rattachées par le fil historique de l’évolution musicale. Le très Bronxien « Fuck Pastem, This Is Rage » ou encore l’envolée de « Brutal Duke » dévoilent une formation frondeuse et qui n’a pas oublié d’enlever les mains de ses poches. Éloquents de sincérité, de vivacité et d’efficacité sur un disque d’une trentaine de minutes, Crossing The Rubicon applique sur l’ensemble de ses titres une formule gagnante mélangeant fureur extatique et rythmes dansants. Et sur ce point-là, on ne pourra que leur féliciter de nous donner de quoi passer nos nerfs de la façon la plus positive qu’il soit (« A Smile » ; « Péloponnèse »). Il faut dire que les guitares forment un parcours de santé pour les mélodies appuyées par l’organe couillu d’Alexandru ayant plus d’appétit que bon nombre de formations de la région. Un eldorado que le groupe exploitent de bout en bout sans temps mort et sans forcément relâcher l’accélérateur. Un bon point sur la teneur en testostérone de cet album, mais très probablement un petit manque de souffle et de carburant sur les morceaux de toute fin à l’instar de « Romantically Done » ou encore « In Their Lovin-Memories » s’attardant parfois trop sur les ingrédients cités précédemment - même si les compositions arrivent à être de la meilleure facture qu’il soit avec d’excellents solos et un groove démoniaque. Reste dans cet océan de bonheur de bonnes pépites telles que « Kalisterra’s Cubes » réunissant autour de la table Jane’s Addiction, Rancid ou encore les membres de Lords tout droit débarqués de leur Kentucky natal. Un beau paquet de monde ayant laissé de près ou de loin une souvenir très précis dans la tête de nos instrumentistes ayant fait de l’anachronisme et du mariage des couleurs leur cheval de bataille.
A l’image de leur artwork très soigné et riche en illustrations, Crossing The Rubicon a su apporter à ce premier album une forme mais surtout un fond avec le charisme de compositions échaudées sur la route et une patte stylistique que l’on est pas près d’oublier. Véritable coup de cœur au comptoir, à consommer avec les derniers albums de The Bronx en apéritif, Crossing The Rubicon délivre ici un parfait coup d’essai pour préparer son futur et envisager efficacement de diffuser un peu partout une énergie communicative à ne ranger sous aucun prétexte dans les tiroirs.
01. Alea Jacta Est !
02. Brutal Duke
03. Fuck Pasteur, This Is Rage !
04. Barely Legal
05. Péloponnèse
06. The Paris Chain Saw Massacre
07. A Smile
08. Dorsal Architect
09. Dynamo
10. Kalisterra’s Cubes
11. Mathematical Boys Lover
12. Romantically Done
13. In Their Lovin’ Memories