U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Parfois le métal n'est qu'une question d'alchimie, un mélange d'éléments qui paraissent insignifiants séparés mais qui une fois ensemble créent une harmonie, une musique qui va nous plaire, ou nous rebuter. Les musiciens manipulent avec plus ou moins de savoir cette science inexacte, et en découvrant Farewell to Saints de Winterborn, je me suis dit que les Finlandais avaient compris une partie de cette alchimie, il restait juste à savoir si cette dernière allait enfanter une œuvre digne de votre intérêt à vous, chers lecteurs. Winterborn revient donc après un premier album, Cold Reality, sorti il y à trois ans. Massacre Records a donc décidé de les lancer pour une deuxième tournée avec Farewell to Saints, enregistré, produit, « dessiné » en Finlande. On a donc un produit 100% local, qui fleure bon le heavy nordique, un genre reconnaissable notamment grâce à la lourdeur des rythmiques (normal pour du heavy, me direz-vous !) et ce mélange hard / heavy un peu froid et bien senti.
Et ils veulent faire bonne impression dès l'entrée du disque en nous rentrant dedans avec un départ puissant qui a des petits côtés Evergrey. Black Rain mets tout le monde d'accord (pour un temps) : le métal de Winterborn a des couilles et ils vont nous en faire pendant les dix titres de l'album. Enchaînement royal avec Chaos Dwells Within : les deux titres sont gorgés de soli, de rythmiques bien senties, de riffs assassins, la partie centrale du deuxième titre est un pur moment de heavy métal, le groupe s'éclate et en fait profiter l'auditeur. Après il faut savoir poser un peu l'ambiance pour ne pas lasser le fan et surtout éviter de tourner en rond, mais l'écueil principal est de faire retomber la pression comme un soufflet. Le titre Overture 1939 a cet effet malheureux. Pseudo balade acoustique, on ne répétera jamais assez l'inutilité d'un tel morceau (avis purement personnel !).
heureusement le reste de l'album se déroule sous de meilleurs cieux et Winterborn n'économise pas son énergie. Vous aurez le droit à un passage sur la guerre d'Hiver (qui a touché durement la Finlande pendant la deuxième guerre mondiale) dans The Winter War, un titre avec le plein de rage Last Man Standing avec une performance aigüe et agressive du chanteur Teemu Koskela, un peu trop en avant et pas toujours très performant sur cette chanson en particulier. Et pour conclure, un bon morceau épique Another World d'une dizaine de minutes avec toute la batterie des gimmicks que l'on peut attendre pour ce genre de composition :acoustique, des chœurs, crescendo, passages dramatiques, de la technique à gogo et j'en passe. Assez réussi au demeurant, les effets sont maîtrisés; le tout recouvert tout au long du disque d'une couche de claviers qui colle pas mal au style.
Certains d'entre vous ont déjà lu entre les lignes mon manque absolu d'enthousiasme. Et vous avez raison, Farewell to saints est un travail honnête de métalleux qui connaissent parfaitement leur sujet car ils l'ont bien observé. Et on en ressent les effets pervers sur deux fronts. Le premier est cette impression de déjà-entendu plus que lancinante : les similitudes avec les Allemands de Pagans Mind sont bluffantes. La technique un peu progressive et son mix avec des rythmes heavy le tout nappé de claviers surtout sur The Land of The Free mais on pourrait trouver maintes tout au long des cinquante cinq minutes de Farewell to Saints. Le deuxième effet pervers est le manque d'innovation. Rien dans le son, dans l'écriture ou dans la façon de monter les chansons n'apporte quelque chose de nouveau. Pire on en vient presque à pouvoir connaître les morceaux au bout de la première écoute. Les structures sont tellement archétypales que l'on se sent à l'école du heavy. Mais on sait que l'école encourage à comprendre les schémas pour les transcender et non pas les appliquer dogmatiquement. Winterborn est quelque part tomber dans ce piège. C'est le bon élève trop scolaire.
En conclusion, on a forcément envie d'encourager Winterborn pour son Farewell to Saints. L'album n'a que peu de défauts musicaux et a de nombreuses raisons de plaire au fans de heavy. Mais comme je le disais en introduction, comprendre l'alchimie de la musique n'est pas tout, il faut s'en servir pour donner quelque chose de neuf à l'auditeur qui cette fois restera sur sa fin.
01.Black rain
02. Chaos Dwells Within
03. Seven Deadly Sins
04. Overture 1939
05. The Winter War
06. The Land of the Free
07. Emptiness Inside
08. Nightfall Symphony
09. Last Man Standing
10. Another World