U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
And Summer Dies est un groupe du Pays de la Loire existant depuis 2003. Après une première démo Eternal Soul, plus orientée vers le death mélodique suédois et le doom, le groupe a décidé de changer de style, pour dorénavant voguer entre le death progressif et le black, tout en conservant des parties doom. Revoilà And Summer Dies en 2009 avec une deuxième démo intitulée The Chaotic Chronicle. Voyons si leur évolution a porté ses fruits ou pas ?
Tout d’abord, l’intro en piano mélodieuse, emprunte de mélancolie, fait bien débuter la démo, et colle bien avec son titre : « Melancolic Suffering ». Cette tristesse revient de façon récurrente à plusieurs moments dans l’album. J’aime bien l’effort d’alternance du chant death/black (avec des doublages fréquents, voir plus de superpositions) et du chant mélodique sombre (« Cult Of The Damned », « The Pride Of God », etc.) de Spirius (Frédéric Modine). La voix mélo sombre, me fait penser à celle dans des morceaux d'Emperor du type "Thus Spake The Nightspirit" ou "An Elegy Of Learos". Je regrette seulement que la prod de la démo ne mette pas plus sa voix en valeur. Aussi, je trouve sa voix death/black un peu trop monocorde, mais heureusement, les superpositions de voix et l’alternance avec le chant mélancolique font pencher la balance vers le positif.
A l’écoute de The Chaotic Chronicle, on se laisse emporter par les soli de guitare, pas nécessairement rapides, mais que je qualifierais plutôt de très bien construits. Ils suscitent des émotions. Bien joué messieurs Darkvid (David Blusseau) et Bersërker (Nasrollah Hitmi). De plus, on se rend compte qu’And Summer Dies a inséré des ponts dans certains titres (par exemple « Prelude Before The Bloodrain », « The Pride Of God » et son splendide break progressif avec violons, sur un chant plein de spleen), pour faire changer les ambiances. On voyage donc.
Le disque garde une bonne intensité durant ses 42 minutes et atteint son but. L’ajout de samples entre certains morceaux est aussi un élément important à souligner : les enchaînements de titres coulent de source (entre la piste 3 et 4 par exemple, on assiste à une bataille à cheval. Il y a aussi une porte fermée entre l’avant dernier et le dernier titre. C’est comme si on arrêtait la guerre précédente. Enfin, le sample final est vraiment étrange mais suscite la nostalgie). Ces samples sont aussi présents dans les morceaux, à l’image du son de cloche dans « Prelude Before The Bloodrain ». Enfin, l’utilisation d’un clavier par moment, à faible dose, est un plus intéressant (« The Pride Of God »), mais c’est moins prononcé que les violons ou les cuivres. Pour en terminer avec les morceaux, l’ultime de la démo, au nom du groupe : « And Summer Dies », marque un virage dans le disque. On sent l’ambiance plus lourde, pesante du doom à son début et à sa fin. Je pense que ce morceau a été positionné au bon endroit dans la démo. J’aime beaucoup ce titre, avec son alternance doom – refrains black mélodique – parties progressives. Cependant, il est un peu trop répétitif, et j’ai peur qu’en live, ça passe moins bien que les premiers morceaux.
Pour ce qui est du batteur Khronos (Romain Blusseau)et du bassiste Heimdall (Jérôme Poissonnet), ils retiennent moins mon attention que les guitares, véritables instruments véhicules d’émotions (à part dans le pont progressif de l’ultime morceau, où j’ai même eu des frissons). Néanmoins, je ne note pas de ratés dans les sections rythmiques.
Au niveau des influences, And Summer Dies a réussi pendant les 4 premiers et le dernier titre à ne pas m’en faire trouver : ils ont leur style propre. Par contre, sur le cinquième, « Glacial Existence », on sent qu’ils puisent des ressources chez Dimmu Borgir ou Borknagar, à grands coups de violons, de cuivres et de claviers du type « Enthrone Darkness Triumphant », en l’alternant avec du metal progressif, ce qui fait que ça passe bien en fait. Pour une démo, c’est bien conçu !
Enfin, il y a un détail que je trouve nécessaire de noter : la durée des 6 titres de la démo va en s’agrandissant au fur et à mesure. Allant de moins de 2 minutes pour l’intro, en passant par 5 minutes pour les premiers titres, puis 9 minutes et enfin 11 minutes. C’est un pari ambitieux que de maintenir en haleine les auditeurs de cette manière. Je pense que c’est réussi, à part durant quelques parties longuettes que j’aurais réduites sur la fin de la démo (les 2 derniers titres).
En définitive, j’ai aimé la démo proposée par And Summer Dies, The Chaotic Chronicle recherchée et travaillée. Elle est originale, personnelle et bien composée globalement. Avec une bonne production (plus puissante) et une durée sensiblement égale, on est en mesure d’attendre un prochain album de bon cru. Il y a du potentiel !
1. Melancholic Suffering
2. Cult of Damned
3. Prelude Before the Bloodrain
4. The Pride of God
5. Glacial Existence
6. And Summer Dies