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Album

09 août 2018 - ZSK

Funeral Mist

Hekatomb

LabelNorma Evangelium Diaboli
styleBlack Metal
formatAlbum
paysSuède
sortiejuin 2018
La note de
ZSK
8/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

On ne sait pas si c’est une coïncidence hasardeuse ou un troll de compétition, mais ce troisième album de Funeral Mist et Viktoria, le dernier album de Marduk, sont sortis à une semaine d’intervalle. Et Funeral Mist a même doublé par la droite son collègue Marduk vu que ce Hekatomb est arrivé en premier, une semaine avant donc. Mais alors que le Marduk, sorti sur Century Media, était logiquement annoncé bien des semaines avant, ce n’est qu’une petite semaine avant la sortie officielle que Norma Evangelium Diaboli (label aux sorties hélas trop rares car toujours de qualité - qui a d’ailleurs sorti les deux précédents albums du projet et lui est historiquement lié) nous a annoncé l’arrivée de ce Funeral Mist nouveau. Et Mortuus, ou plutôt Arioch, de doubler son comparse Morgan dans les sorties de Juin. Les surprises sont donc multiples. Et puis mince alors. Funeral Mist est de retour ! Une sortie qui va bien sûr éclipser un brin celle du dernier Marduk, groupe où l’on sent de plus en plus que Morgan est en train de perdre son mojo, même si pour ma part, Viktoria est un petit peu meilleur que Frontschwein, mais tout ceci est bien loin du début de la période Mortuus, qui restait aussi sur un excellent Serpent Sermon (2012). Mais bon, troll d’Arioch supposé si on veut être mauvaise langue (Hekatomb ayant été enregistré en 2017), oublions ce calendrier malhabile pour nous concentrer sur l’essentiel. Funeral Mist est de retour, oui ! On n’avait pas eu vraiment de nouvelles depuis Maranatha qui remonte quand même à 2009. On aurait même pu penser que le projet allait être enterré vu que Mortuus/Arioch est bien occupé avec Marduk. Mais non, Funeral Mist existe toujours, et cette sortie soudaine sans crier gare ne fait que renforcer l’excitation. Enfin, un successeur aux énormissimes Salvation (2003) et Maranatha. 9 ans après ce dernier et son inoubliable « it’s the plague ! », il est grand temps de voir de quel bois Arioch se chauffe (il s’occupe toujours de tout hormis la batterie), et s’il a toujours le mojo Black-Metal contrairement à Morgan.

On va déjà constater qu’en 9 ans et alors que Marduk a sorti 3 albums depuis (sans compter Viktoria du coup vu qu’il arrive une semaine après, héhé), Funeral Mist n’a pas changé, n’est pas devenu un Marduk bis même s’il y a quelques similitudes, et n’a surtout rien perdu de sa superbe, ou presque. Seul changement un peu notable, la production sonore est légèrement plus « propre ». Ca sature donc moins, mais ça n’enlève rien à l’essence de Funeral Mist, un Black-Metal particulièrement bouillonnant, partant aussi bien dans des accélérations violentes que des ralentissements glauques. Chaotique quand il s’énerve, le style de Funeral Mist est toujours marqué par ce grain de guitare bien frénétique, et par les vocaux déglingués d’Arioch qui se révèle ici plus volubile que jamais. Pour le reste, on demeure dans un registre Black-Metal ni trop true ni trop clean, qui s’avère toujours aussi efficace et plutôt réfléchi, que ça soit pour balancer des riffs ou chercher des ambiances. Hekatomb va donc évoluer en terrain connu et nous proposer assez simplement du Funeral Mist v.2018. Et ça marche du tonnerre ! "In Nomine Domini" ouvre à nouveau les hostilités avec un sample apocalyptique et par quelques notes de basse bien glauques. Avant que, déjà, l’explosion ne se fasse avec du gros blast et des riffs tordus dans tous les sens. Et que dire du chant totalement halluciné. Voilà le retour du grand Funeral Mist pour mettre un bon coup de pied aux deux derniers Marduk, le vrai Black-Metal « brutal », il est là. Et qui sait toujours se montrer bien noir et inquiétant grâce à quelques petits breaks d’ambiance et des ralentissements savamment placés. Mais quand il envoie la sauce, Funeral Mist ne le fait définitivement pas à moitié. Hekatomb sera donc bardé de brûlots de Black-Metal particulièrement violents et hostiles. Les "Shedding Skin", "Cockatrice" dans sa majorité, et surtout la fin de l’album avec les très méchants "Within the Without" et "Hosanna" (avec des lignes vocales de dingue), sont donc des manifestations particulièrement offensives et virulentes de la rage et de la puissance de Mortuus, pardon Arioch.

Mais Funeral Mist, ça n’a jamais été que de la violence, même si quelque part on retiendra forcément ces « tubes » d’Hekatomb. Dès le début de l’album, "Naught But Death" nous emmène dans des contrées musicales plus rampantes, avec des samples bien étranges, dans une atmosphère qui n’est pas sans rappeler celle des morceaux « lents » de Rom 5:12 et Wormwood de Marduk. Si le plus long "Cockatrice" lui joue la carte d’une certaine originalité avec un break ambiant central qui amène à une partie finale très épique, "Metamorphosis" est la vraie pièce « mid-tempo » de cet album, comme Funeral Mist a pu en faire par le passé. Mais ça sera pour moi le seul vrai accroc de cet album, car ce morceau malgré quelques éléments séduisants comme des chœurs grégoriens, se traîne trop en longueur et n’arrive pas à convaincre dans sa lourdeur et son insanité comme avaient pu le faire à l’époque les longs "Circle of Eyes" et "Blessed Curse". Heureusement la suite bien expéditive rattrape le coup, et le final complet (et même un peu mélodique) qu’est "Pallor Mortis" termine Hekatomb en beauté. On pourra trouver cet album un peu redondant parfois, mais Arioch est en grande forme et privilégie souvent l’efficacité sans renier toutes les composantes de Funeral Mist, et ça déboite sévèrement. Alors certes, neuf ans après Maranatha, difficile de dire si Hekatomb est meilleur que ses deux prédécesseurs qui sont déjà quasiment cultes et donc presque intouchables. Mais il arrive au moins à leur hauteur, il n’y a rien de surprenant là-dedans et ce troisième opus est peut-être moins en verve qu’avant lorsqu’il ralentit la cadence, mais Arioch cartonne et nous livre encore une fois un album bien bouillonnant et virulent. Funeral Mist > Marduk, l’avis métale semble inévitable vu le contexte de cette sortie et celle de Viktoria tout de suite après, chaque groupe garde néanmoins sa personnalité et Mortuus/Arioch a bien la sienne avec Funeral Mist, qui nous livre un Hekatomb sans grands compromis et qui réussit une fois de plus sa mission, celle de nous balancer un brûlot de Black-Metal bien cru et sale.

 

Tracklist de Hekatomb :

1. In Nomine Domini (4:31)
2. Naught but Death (4:42)
3. Shedding Skin (4:48)
4. Cockatrice (7:27)
5. Metamorphosis (7:35)
6. Within the Without (3:12)
7. Hosanna (4:30)
8. Pallor Mortis (6:16)

 

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