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Avant de commencer je préfère vous prévenir, si vous êtes allergiques au métal à chanteuse, si Nightwish vous file des boutons et que vous faîtes une crise d'urticaire dès que vous entendez du Epica, passez votre chemin, Kingfisher Sky n'est pas pour vous. Par contre si vous connaissez toute la qualité des formations néerlandaises dans ce domaine, vous pourrez vous pencher sur ce groupe né de la rencontre de l'ancien batteur de Within Temptation Ivar de Graaf et d'une chanteuse issue du classique, Judith Rijnveld autour d'un nom assez malheureux à mon goût. L'illustration à connotation bucolique pose déjà les bases d'une ambiance calme et proche d'une certaine contemplation de la nature dont ce Hallway of Dreams pourrait très bien être la bande originale. Je peux vous dire d'entrée de jeu que cet album ne marquera pas à tout jamais les esprits mais qu'y poser une oreille attentive pourrait s'avérer être un choix judicieux.
Pour commencer l'album les Bataves ont décidé de mener l'auditeur sur une piste qu'il ne suivront que pour ce titre : The Craving est une chanson métal, avec de la grosse guitare distordue qui m'a immédiatement fait penser à une version soft d'Amaran, groupe plus musclé et plus heavy. Mais Kingfisher Sky annonce ici quelques intentions qui se calmeront par la suite car la majorité des chansons est plus calme et lorgne vers le folk à tendance acoustique. Bien que ce terme de folk me semble fortement inapproprié en général, il semble s'adapter à une partie de ce que le groupe propose : Big Fish, Persephone, Her White Dress semblent raconter des histoires, des légendes, le tout sur fond d'acoustique. On se rapproche plus de la veillée au coin du feu avec la gratte et les marshmallows que du gros métal qui tâche. N'y voyez pas un quelconque reproche cela dit, car l'émotion véhiculée est intacte et on se prend au jeu très rapidement, on est attentif et sous le charme de la ravissante chanteuse, Judith.
Car, ne soyons pas dupes, les atouts du groupe se recentrent autour d'elle, les musiciens ne proposant pas vraiment de coups d'éclat mais un jeu sobre. Mais elle, elle est jeune, jolie et chante très bien, que demande le peuple ? Les modulations de son timbre sont toujours pertinentes et très réussies, et sur ce point le titre le plus exigeant est sans doute The Craving, puisqu'il concentre les côtés métal et soft du groupe qui amènent Judith a faire usage de tout son talent, même si elle intervient souvent là où on n'aimerait qu'entendre la musique. Et malgré l'incroyable niaiserie des paroles, Brody en fin d'album en remet une couche côté performance, car Kingfisher Sky s'est évertué à composer un titre aux nuances variées et convaincantes pour le style, sans rien révolutionner loin de là. On reste bien dans les clous délimités par Within Temptation ou The Gathering en son temps. D'ailleurs on ressent une parenté très proche avec un groupe comme Nightwish sur Sempre Fidele, peut être sont-ce les sonorités classiques et heavy mélangées qui m'ont amenées à cette conclusion.
Je vais maintenant m'enfoncer dans un cliché en parlant des textes de Hallway of Dreams : quand on fait chanter une femme, on lui donne des paroles moisies à base de sentiments et d'histoires d'amour vouées à l'échec parce qu'elle écoute du métal et traîne avec des musicos hirsutes et qui sentent la bière. On a juste envie de dire bien fait pour toi ! Mais ce qui est un peu gênant dans l'écriture c'est la facilité avec laquelle elle a été faite : les rimes sur Through my Eyes sont à mourir de rire. Et globalement le jeu sur les sons, les syllabes et les rimes sont la preuve d'un manque d'efficacité ou de recul dans le processus de rédaction des paroles. On ne fait pas poétique parce qu'on colle deux mots aux sonorités identiques en fin de phrase, sinon les rappeurs feraient la nique à Aragon depuis bien longtemps.
Pour nos oreilles peu habituées à ce genre de détails, ce n'est pas si important que ça, car on ne peut bouder notre plaisir tout au long des onze titres de l'album. Hallway of Dreams s'inspire ouvertement des maîtres du genre, en donne une version personnelle très convaincante, avec une dose très équilibrée de douceur folk comme dans November saupoudré de ce petit quelque chose de métal surtout sur les refrains histoire de rappeler à tout le monde d'où viennent les musiciens de Kingfisher Sky. Allez laissez-vous charmer, vous allez aimer le voyage !
1. The Craving
2. Hallway of Dreams
3. Balance of Power
4. November
5. Big Fish
6. Through my Eyes
7. Seven Feet
8. Persephone
9. Her White Dress
10. Body
11. Sempre Fedele