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Nombreux sont les musiciens extrêmes a avoir franchi le pas pour aller s’essayer aux tristesses des musiques électroniques; mais si certains ont tenté seuls l’aventure ici Doppler, bassiste de feu Seth, a préféré s'entourer de comparses pour former un groupe au sens traditionnel, bien qu'il soit l'unique compositeur des textes et de la musique. Le line-up a déjà connu quelques modifications depuis la démo « Start the Process » : Drone se chargeant désormais uniquement du chant et le second guitariste de la démo, Discharge, ayant passé la main (mais assurant les backing vocals sur le titre « Slavery») c’est désormais le duo Drain/Thavsael qui se charge des guitares; la base rythmique formé par Doppler à la basse et Dinà la batterie demeure quant à elle inchangée, le groupe accueillant en live Deirdre aux claviers (cette dernière étant responsable des tenues du groupe qui intégrent désormais plus d'éléments biomécaniques que ce qui pouvait être visible sur la vidéo intégrée à la démo). La comparaison des titres figurant sur la démo permet de mesurer le chemin parcouru d’autant que l’intégralité des morceaux se retrouvent sur ce premier album. Bien que « Start the Process » ne manquait pas d’ambition (cd sérigraphié, impression du papier façon velours, plage vidéo et lien internet intégrés) la production, quoique tout à fait adaptée pour une démo, était alors relativement atone, quasi clinique.
Ce qui marque d’emblée dans la musique proposée par Techny-call X est le caractère ambivalent des compositions : mécaniques dans la contruction, ponctuées de touches de synthés et de samples typiquement dans la veine electro/indus (on songe parfois a Godkiller, d'autant que le titre "Deliverance" fait penser à une sorte d'hommage, fût-il inconscient), les vocaux trafiqués sont scandés d'une ton résigné pour évoluer au fil des titres vers quelquechose de plus émotionnel et révolté, la batterie est volontairement binaire mais n’est pas une boite à rythme et laisse souvent place à des rythmiques très humaines, relativement variées pour le style; les riffs de guitares constituent un mur sonore percé par des solos alambiqués au son distordu mais qui n'empêche pas un certain feeling. « Evolution » ne faisant pas tant appel aux sentiments et aux sensations qu’aux images, il parvient d’étranges visions à l’esprit de l’auditeur : si l’on imagine des friches industrielles désolées surplombées d'un ciel gris saturé de vapeurs toxiques, au milieux des ruines inquiétantes demeure quelques pousses d'un vert symbolique. Il se dégage au final des titres une étonnante chaleure humaine, malgré le côté machinal imposé par le style et le propos tenu. Ainsi, non obstant l’évocation musicale d’une sorte de fatalité et de renoncement face à la robotisation, étappe inévitable du développement humain, et bien que ce caractère inexorable ait semble-t-il fait ployé la volonté humaine, l’ambiance est plus proche d’un Blade Runner (certaines plages de claviers en évoquent furieusement l'ambiance crépusculaire) que d’un Tetsuo - Body Hammer : la révolte gronde et l’homme n’est pas prêt de se laisser dominer par des machines, d’où une sonorité relativement organique et des questionnements proches d'un Ghost in the Shell. Le morceau « Control » est la parfaite illustration de cette réaction d'orgueil de l'humain face à la machine : alors que la musique adoptait un tempo relativement linéaire, le rythme s’y accélère, des riffs quasi black apparaissent et la voix, dont l’intonation sourde, réche et le phrasé aché faisaient jusqu'alors penser à des groupes allemands (précurseurs ou plus récent), s’humanise alors par des intonations parfois proches des vocaux d’Attila Csihar et un rythme moins rigide. Les compositions, bien que par touches évocatrices d'autres oeuvres, sont personelles et finissent par hanter l'esprit de l'auditeur bien que le style ne soit pas propice aux extravagances.
Au final ce qui aurait pu passer pour un tentavive de négation du corps humain, à l'image de la version biomécanique de "L'homme de Vitruve", aboutit à une glorification de son esprit puisque, si de l’oeuf ou de la poule, qui est arrivé en premier ?, la question reste posée; aucun doute n’est possible quand à l’origine de la machine et de la musique, tout industrielle qu’elle soit.
1. Revolution
2. Disconnected
3. Slavery
4. Delivrance
5. Erasing
6. Start the process
7. Binary state
8. Mechanization
9. Critical data
10. Control
11. Evolution
12. Unload