Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Quatre ans après leur formation et avec déjà deux EPs et un split au compteur, le quintet californien Barren Altar nous propose son premier album répondant au nom bouillonnant d'optimisme d'Entrenched In The Faults of The Earth. Pour les non-anglophones, le titre du skeud nous explique en gros qu'on est là pour vivre cernés par toutes les fautes/péchés qui ont eu lieu depuis la nuit des temps. Ambiance.
Et pour exprimer toute la noirceur et le désespoir liés à cette thématique, Barren Altar nous joue un black/doom terriblement crasseux et aride. Les premières secondes de Nexus Of Grief évoquent quelque chose d'aussi solennel que morbide, lâchant des accords à mi-chemin entre l'épique et le funeral doom, avant que le pendant black du groupe ne prenne ses aises. Sur ces passages plus rapides et plus rythmés, un chant écorché et parfaitement cradingue vomit sa bile aigre sur des riffs secs et tranchants. La production est bien foutue, avec des cordes très mates et une batterie plate offrant un côté un peu vieilli à l'ensemble. Et quand il faut un son un peu plus clair sur des passages moins rugueux, comme l'interlude Submerged, la transition au niveau du son se fait sans trop d'accrocs, même si parfois les ruptures de style sont un peu trop abruptes.
C'est d'ailleurs là le principal défaut de ce premier album : un certain manque de nuances entre les atmosphères doom plombantes et les agressions black hargneuses. Si parfois la surprise soudaine d'une explosion de colère est tout à fait réussie, comme sur le début du Call To The Waves où une intro lugubre en arpèges se fait déchirer par une séquence black nerveuse, d'autre fois le passage d'un style à l'autre mériterait une construction un peu plus progressive à mon goût. Illustration un peu plus loin sur le même morceau : le titre plonge d'un seul coup dans un abîme quasi funeral doom, avec un chant guttural au possible (et très bien maîtrisé, une des forces de l'album d'ailleurs, le chant) et ce sans aucune mise en garde. On se retrouve un peu le cul entre deux chaises, sans trop savoir si cette transition légèrement bâclée est une intention de composition ou une maladresse.
Ces quelques points d'achoppement mal agencés ponctuent tout l'album et font quelques fois sortir, à regret, de l'atmosphère lourde et sordide que Barren Altar parvient à mettre en place. Parce qu'avec sa prod' bien rugueuse, Entrenched In The Faults of The Earth est une véritable mine à ambiances variant du très sale au très laid (dans le sens positif de la chose, comme un plan de film gore se doit d'être laid pour être efficace). Du fait de titres fleuves, il est assez difficile de caractériser les morceaux avec chacun son identité, l'alternance entre rapidité cassante et lourdeur étouffante se faisant plusieurs fois sur chaque piste. Mais il y a quand même quelques passages plus notables, comme sur la fin de la première moitié de The Great Awakening of Death (ce titre !) où sur une rythmique très carrée se greffe une ligne de guitare fantomatique et hantée, ou bien encore sur la fin du même titre quand après une fausse montée en puissance vers quelque chose de lumineux, la noirceur reprend ses droits sur un autre lead tout à fait sinistre.
Entrenched In The Faults of The Earth est un premier album tout à fait honorable. Il trahit parfois un petit manque de maturité à travers quelques raccourcis un peu trop brusques, mais Barren Altar fait déjà preuve d'une solide capacité à faire naître des atmosphères travaillées et prenantes. Je le disais plus haut, le chant est également un très bon point sur toute la galette, varié tout en tombant juste à chaque fois (ce qui n'est jamais gagné d'avance). Un premier album plutôt prometteur donc, qui sans être impeccable, laisse présager du bon pour la suite.
Tracklist d'Entrenched To The Faults of The Earth :
01.The Nexus Of Grief
02.Submerged
03.Call To The Waves
04.The Great Awakening of Death
05.Delirium Vivens
