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Bien que je fasse tout pour que cela rentre dans l’ordre, le Doom est encore trop peu représenté sur U-zine à mon goût. C’est pourquoi je vais vous parler aujourd’hui de Doom Death Metal venant tout droit de la capitale française du Doom, Rouen. C’est de là que nous viennent les prometteurs Fatum Elisum. Formé d’Ende au chant, Hugo et Christophe aux guitares, Asgeirr à la basse et, depuis peu, de Christophe à la batterie (c‘est Sator qui a enregistré cette démo), ce groupe depuis 2007 ne s’arrête pas de franchir des paliers. Après des performances remarquées en première partie de groupes comme Ataraxie, Indesinence ou plus récemment ni plus ni moins qu’Esoteric (Cela fait très bien sur un CV, ça), il était venu, en 2008, le temps de franchir le cap du studio pour accoucher à la fin de l’année de leur première démo, ma foi, prometteuse.
Et par démo, Fatum Elisum n’entend pas faire dans la demi mesure et nous propose cinquante cinq minutes de musique réparties sur six titres. L’intro « Eli Eli » est assez évocatrice de ce dans quoi nous allons nous aventurer. Avec son chant clair presque religieux (rappelant celui de Pantheist), Ende nous emmène au fond des catacombes assister à une messe funèbre. Une atmosphère prenant aux tripes rappelant celle propagée par Celtic Frost sur Monotheist (Par ailleurs, on retrouve un très beau « ouh! » sur « Phantom »).
Ce n’est que sur « In Vain » que le reste de la troupe apparait avec de grosses guitares bien lourdes et poisseuses. Les premiers instants nous rappellent le Cathedral des débuts et son fameux « Ebony Tears » par cette faculté à trouver le riff à la fois dépressif et accrocheur. Bien que très varié entre les parties acoustiques, Doom et Death, ce morceau est le plus faible de cette démo auquel il manque un passage très marquant.
La suite est bien plus folichonne avec un « Phantom » remarquable de part son break à la guitare acoustique hypnotisant et de part sa dernière partie , avec un superbe solo, totalement apocalyptique dans le bon sens du terme.
Avec le morceau « Fatum Elisum », on entre dans le maladif avec son introduction où EndE suffoque à force de souffrir sur fond de guitares acoustiques. De quoi faire penser aux délires de Kvaforth avec Shining. La fin du morceau est tout aussi intéressante avec ces mélodies, ces blasts et ces cris. D‘une beauté mes amis…
« Dancer Of Spirals » est du même niveau, totalement dépressive et un EndE poussant encore plus loin son chant dans les aigues durant ses incessantes plaintes. La chanson est également marquée par l’apparition du chant en français durant deux passages très fatalistes provenant du poème de François Villon, La Ballade Des Pendus. Ce qui n’est pas sans rappeler leurs voisins rouennais d’Ataraxie dans la manière de le mettre en place.
« Lama Sabachthani » vient conclure l’album de la manière dont il avait commencé mais avec un chant plus écorché.
Un fois finie, que retenir de cette démo ?
Tout d’abord que le groupe possède de très bonnes bases. L’album est, en effet, très bien construit. Il ne dispose d’aucun temps mort et détient des compositions très travaillées (seule la partie Death d’« In Vain », pourtant de grande qualité, n’est pas vraiment bien amenée) aux influences plus que respectables. On sent à travers cette démo que Fatum Elisum a sa propre pate qui fera, je l’espère, de lui un futur grand de la scène Doom Death internationale.
Si les compositions sont excellentes, le groupe doit aussi pas mal à son chanteur EndE. Même si je dois avouer que son chant me fatiguait au début, à force d’efforts, j’ai pu apprécier comme il se doit son énorme travail fourni. Son chant est d’une variété bluffante passant du chant « religieux » sur « Eli Eli » à des hurlements effrayants sur « Dancer Of Spirals » en passant par un chant romantique à la Mikael Stanne de Dark Tranquillity sur « Phantom ».
Pour renforcer l’aspect malsain, dépressif et « messe noire » de leur musique, le chant a été entièrement enregistré dans l’église de Cailly (je dis ça pour les éventuels fans en quête d’un pèlerinage). Le reste des instruments a su également être mis en valeur comme il se doit au Postghost Recording avec un petit bémol pour la basse très en retrait dans le mix. Cela sonne suffisamment crade tout en restant très écoutable pour coller à l’atmosphère de la démo.
Fatum Elisum a, avec cette démo, démontré un très gros potentiel pour un groupe qui n’a pas encore deux ans d’existence mais qui a déjà pour projet de sortir un album au plus vite. Mais pour cela, il faudrait que Fatum Elisum soit signé par un label, ce qui pour un groupe de Doom Death n’est pas aisé et risque de retarder ce projet.
1. Eli Eli
2. In Vain
3. Phantom
4. Fatum Elisum
5. Dancer of Spirals
6. Lama Sabachthani