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Pour tout fan de progressif, un nouvel album d'Andromeda, ce n'est pas une petite nouvelle. Les Suédois sont devenus en peu de temps la crème du genre et on leur promet un avenir parmi les plus grands au fur et à mesure de l'avènement de leur musique et surtout d'une meilleure distribution. Le lineup est stable, et leur nom commence à allumer quelques flammes dans le regard des connaisseurs. Alors autant dire que The Immunity Zone était plus qu'attendu. Et au premier regard, on ne peut s'empêcher de se demander ce qui a pris au groupe d'embaucher un illustrateur de si piètre talent pour une pochette avec autant de signifiant. Pollution, certitude de vivre dans une zone protégée, ruine de l'environnement, on sent que tous ces thèmes ont une importance pour Andromeda, mais quelle horrible illustration !
Ce qui est sûr c'est que l'on retrouve l'équipe Andromeda telle qu'on l'avait laissée après Chimera. Le son est identique, toujours aussi propre mais pas extrêmement puissant, ils ne font pas dans le gros mais plutôt dans l'audible. Ils privilégient une son qui laisse transparaître les détails. Le chant les effets de clavier, les finesses du batteur, tout revient pour notre plus grand plaisir, car c'est avec ces arrangements et leurs particularités que le groupe s'est formé une personnalité. C'est d'ailleurs cette marque que l'on reconnaît les Suédois dès les premières notes de Recognizing Fate. Et cette chanson d'ouverture donne le ton : Andromeda n'est pas là pour plaisanter et céder aux sirènes de la facilité. Tout y est technique assez difficile d'accès et l'on est presque surpris de cette prise de risque car avec son riff complexe et son break avec une partie narrée, c'est un départ peu accessible que nous donne le quintet.
Pour le reste de l'album, Andromeda oscille entre exploration et continuité. L'effet négatif de cet album est le manque de surprise pour celui qui serait déjà habitué à leur musique. En effet les gimmicks déjà présents sur les précédents albums se retrouvent placés tout au long de The Immunity Zone : les sons un peu électro de My Star, le départ grandiloquent de Another Step, la chanson qui commence en arpèges et se finit dans une ambiance plus « musclée » et plus prog que jamais (Shadow of a Luscent Moon). On hésite à le leur reprocher tellement les chansons sont travaillées mais on aurait aimé sûrement plus de prise de risque au niveau des ambiances. Côté expérimentation la cerise sur le gâteau ou énormité que certains ne pourront pas supporter Veil of Illuminations est une pièce de choix qui tourne au delà des dix-sept minutes. Seuls les plus courageux ou les plus férus de technique pourront survivre jusqu'au bout puisqu'il s'agit là d'une chanson qui fait la part belle à l'instrumental , David Fremberg n'intervenant que peu, qui démontre qu'Andromeda est avant tout un groupe doué de ses mains et qui n'hésite pas à franchir le pas de l'expérimentation, limite improvisation, et à poser audacieusement une telle chanson en conclusion d'un album. Alors les guitares à gogo, ça peut être indigeste mais les Suédois mettent du rythme dans ce titre qui ravira les fans de musique pure et dure.
Il est évident qu'un groupe comme celui-ci ne se donne pas au premier abord, et après un bon nombre d'écoutes je suis partagé. Cet album a une double personnalité : celle qui m'a fait apprécié la musique des Suédois, comme Censoring Truths, énergique, complexe, chaleureuse et une nouvelle facette, plus facile, plus tournée vers un public que le groupe espère conquérir. Alors peut-être veulent-ils s'approcher d'une plus grande renommée mais je pense qu'ils ont perdu une partie de leur âme si sombre, si humble jusque dans leur musique. M'est avis que l'effet de surprise s'étant envolé, j'ai tendance à devenir légèrement plus exigeant en terme de nouveauté, quoiqu'il en soit ils ont encore un potentiel énorme et surtout ils ne marchent pas sur les traces d'un autre groupe. Il est impossible de tracer un parallèle solide avec une autre formation de prog, Andromeda suit son chemin, celui que les musiciens se trace avec leur vision personnelle de la musique.
Reste qu'au final, The Immunity Zone m'a laissé une drôle d'impression, entre enthousiasme de voir et d'entendre la touche Andromeda perdurer et une légère déception de les voir amorcer un virage qui pourrait les mettre dans la lumière trop éblouissante d'un système qui pompe le talent des artistes à coup de rendement et de chemins tous tracés. J'espère qu'ils continueront de respecter les fondamentaux qu'ils se sont imposés jusque là : technique, énergie et puissance sans chercher à embrouiller l'auditeur et qui font d'Andromeda un groupe qui mérite toujours d'être suivi à la trace.
1. Recognizing Fate
2. Slaves of the Plethora Season
3. Ghosts on Retinas
4. Censoring Truth
5. Worst Enemy
6. My Star
7. Another Step
8. Shadow of Lucent Moon
9. Veil of Illumination