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Perdu dans le marasme des productions étiquetées hardcore au rayon mélodique, ce nouvel album de The Blackout Argument n’en est pas moins un bel objet, noble paquet bien propre sur lui et prêt à remplir le caddie de la ménagère. Car inutile de dire que l’on fait dans le produit de grande consommation grâce à ce deuxième album des Allemands, légitimement cantonné entre la poire et le fromage - à savoir la puissance et la fine touche mélodique que l’on avait su leur reconnaître au détour de leur Decisions, sorti en 2007 sur le même label. Ici, point de rétroaction, avec la mise en place de nouvelles structures bien dans l’air du temps et des horizons remaniés allant d’Ignite à Rise Against en passant par les réminiscences de la scène Scandinave en matière de douces notes.
Même circuit de distribution, fournisseur à l’identique, mais changement de politique marketing. La nouvelle recette de The Blackout Argument résonne tout au long sur ce nouvel opus grâce à l’ouverture « Tempest », posant les bases du nouveau son de la formation. Un son plus chaud, davantage écrasé mais néanmoins libérateur pour tout le monde tant le groupe semble avoir trouvé ses références et son terrain de jeu. Reste que sur des morceaux tels que « On The Top of The Beat » ou encore « Dead But So Alive » bien calibré pour passer directement à la caisse, le groupe perd un peu en puissance et en efficacité contrairement à son premier album. La faute à une enveloppe sonore moins catchy et clinique, paradoxe pour un groupe de cette trempe mais néanmoins déboussolant si l’on officie un tant soit peu dans l’exercice mélodique. « Kidnapp Yourself » est à titre d’exemple une bonne chanson, mais ne possède pas encore l’étoffe nécessaire pour sortir l’intégralité du magma concentré dans ce Remedies.
Quelques tours de magasin plus tard et une traversée de couloir de ces 14 pistes et l’on retiendra les mesures de « Treasure Chest, Confidential », soufflant dans les bronches avec un chœur bien emmené par les vocalises de Sascha Laumann et Raphael Schmid, ainsi que « Daisied Tree » mêlant particulièrement bien les voix et les genres. Car si le premier album des Allemands avait montré de part et d’autres une pure cohérence de style emprunté au metalcore, autant dire que ce Remedies brouille les pistes et se joue tant du Hardcore, que du punk voir de quelques effets sautoirs de la pop. « Room To Set Hail » et son refrain tout droit sorti de la salle de gym ou encore " Broken Teeth" invoquant la plupart du temps Evergreen Terrace (un modèle en soi ?) apparaissent comme de bons titres diversifiés, mais pas assez marquants et bouleversants pour rester dans les crânes et imprimés les esprits submergés par la loi de l’offre de la demande.
Au final, un deuxième album correct pour les Allemands revenus grandi de leur période d’entraînement par-delà monts et vallées. On aurait bien sûr préféré un son plus incisif et épicurien à l’image des toutes dernières moutures en matière de post hardcore, mais le final reste agréable et se déguste à l’heure du goûter. Le plus souvent entre deux encas croustillants pour ne pas perdre de vue que The Black Argument cherche avant tout à se battre sur le terrain de la puissance et du développement de la sensibilité. On penchera davantage sur le registre de la sensibilité.
1. Tempest (Rescue Remedy)
2. Broken Teeth (Agrimony)
3. Dead But So Alive (Wild Oat)
4. Identity Dispute (Rockwater)
5. Kidnap Yourself (Aspen)
6. The Ravine (Willow)
7. On The Top Of The Beat (Olive)
8. Walking Without Feet (Cearto)
9. Seven Tones Of Grey (Pine)
10. Treasure Chest, Confidential (Gorse)
11. Vampire Searching For Some Light (Larch)
12. Daisied Tree (Hornbeam)
13. Room To Set Sail (Mustard)
14. A Walkover To Endure Being (Chestnut Bud)
