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25 minutes de pur bonheur, 1500 secondes d’exultation sonore à la rencontre de l’urgence, de la véracité et de la mélodie. Avec cet Isolation de haut calibre, Carpathian repousse les frontières du Hardcore prouvant que l’Australie n’est pas manchote lorsqu’il s’agit de tenir à bout de bras une guitare et d’en sortir la crème des riffs. Se bâtissant depuis 2005 une réputation de véritable cador du Hardcore mélodique et de la musique souterraine, Carpathian nous offre ici ce que l’on a pu côtoyer de meilleur cette année avec le petit dernier de Have Heart : Songs to Scream At The Sun. L’histoire d’une génération de groupes montants et persévérants n’ayant pas peur de mettre en forme et en musique ce que tout le monde pense tout bas.
Si la tendance mélodique du Hardcore ne date pas d’hier et est à imputer à la génération des Shai Hullud et autres Comeback Kid, ce nouvel album de Carpathian est à lui seul un immense manifeste de sincérité, de musicalité et vibrations. Petit par sa durée, mais grand par son envergure, Isolation se hisse avec facilité dans le paysage urbain avec la volonté de développer des thèmes de société ou autant de sujets épineux pour mettre en scène sa musique. Une musique que l’on sent bien personnelle et hautement subjective, car directement focalisée et orientée sur les paroles mis en exergue par le verbe saillant de Martin au micro. « Cursed » et « Ceremony », deux titres prédominants sur l’album interprétés sur le fil du rasoir, coincent l’auditeur dans une étuve minimaliste faite de quelques riffs mélodiques acérés, quand on ne se retrouve pas dans un étau dynamité par les coups portés par le prénommé David. Une batterie vigoureuse et largement diversifiée qui redonne des ailes et du baume au cœur à un auditeur encore bien sonné par les premiers éclats de l’album. Et notamment le magnifique « Insomnia » tirant la couette à bien des groupes grâce à une subtilité d’exécution peu commune. Backing vocals triés sur le volet, rythmes soigneusement sélectionnés et ligne de basse très peu envahissante, le titre sautille et explose dans les mains du groupe appuyé par des breaks salvateurs coupant immédiatement les jambes.
Pas de fioritures et très peu d’apartés musicaux, le groupe reste soudé jusqu’au bout et sur l’intégralité des chansons. « Isolation », « Spirals » voir même « Deadbeats » aspirent aux même horizons, mais ne cessent de se diversifier dans leur interprétation multipliant les plans et les pains. Musique fédératrice jusqu’au bout des ongles, la formation ne cesse de nous traîner par le col avec un « The Cold Front » à la valeur testimoniale et entrepris sur un ton des plus dures, alors qu’elle fait pas manger le bitume sur les tout derniers morceaux de l’album. « Sun Height », « Seventyk » et « Permanent », même si ils sont pas des modèles d’originalité, amènent une sortie de crise tout en remontrance et en souplesse. Avec peut être beaucoup moins d’entrain que les débuts tonitruants du groupe, mais avec beaucoup plus de gravité dans les propos et de réflexion dans les combats auxquels se livre la formation.
Album homogène et fédérateur, ce Isolation scelle toutes les bons aprioris que l’on avait de ce groupe Australien. Ceux d’un groupe mature, vivant sa musique comme sa vie et mettant toute son énergie à sauver la veuve et l’orphelin autour d’un banquet de sonorités justes et extrêmement touchantes. Bien ficelé et gracieusement produit, l’album est sans aucunes fausses notes, bien que quelquefois déséquilibré, et rebondit entre chaque chanson dans l’urgence et la véracité dénouée. Avec un maximum de productivité et de persuasion dans un temps réduits, les Australiens réussissent un savoureux hold-up à en faire pâlir leurs confrères Américains.
1.Isolation
2.Cursed
3.Spirals
4.Insomnia
5.The Cold Front
6.Deadbeats…
7.Sun Heights
8.Seventyk
9.Ceremony
10.Permanent