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Authentique petit diablotin sorti par inadvertance de son coffret, véritable destrier du futur façonné par des bidouillages éprouvants et inventifs, Horse The Band a une nouvelle fois éclaté à la face des mouvements « core », légitimant sa course folle par un don inné de la créativité. Ce nouvel album jouant la carte de la subtilité, de la surprise et parfois de la déraison tout en mettant en exercice leur Nintendocore frappadingue et étincelant de mille feux. Confirmation est désormais faite que Chopin ou Beethoven ont bel et bien fini par rencontrer les meilleurs DJ sets de la côte Ouest, voir ingurgiter des substances prohibées dans les meilleures salles de Los Angeles. Déambulant sur cet album comme autant de vagabonds d’une autre époque, Horse The Band tient admirablement bien sa manette avec ce A Natural Death et nous emmène joyeusement entre deux mondes parallèles, dynamisé par la puissance de leur processeur.
Sur courant alternatif tout au long de ce quatrième album, la formation n’a jamais cessé de nous fournir un subtil condensé de morceaux dansants et entreprenants entremêlés de titres plus personnels et plus possédés. Une ligne directrice et la carte de visite du combo sachant autant manier le mathcore que le disco sous les feux incandescents de la comédie musicale. Si les débuts de A Natural Death mettent autant la barre haute, c’est très probablement grâce au slalom effectué par le groupe du haut des pistes enneigées (« Hyperborea ») jusqu’à la piste de danse illustrée par l’excellente pilule bariolée « Murder ». Et même si Horse The Band s’accorde à rentrer davantage sur les terres du post-core en s’immisçant de plein pied sous l’effigie de la noirceur et la dérision, la galette contient son lot de chansons capables de sortir de la torpeur n’importe quel lymphatique. Les épineuses « The Starling Secret of Supper Sapphire » ou « New York City » - récépissé mélo-dramatique sur les baffons de l’emblématique ville et de ses quartiers, nous démontre une facette du groupe plus acerbe et légèrement plus brutale que les précédentes productions.
Rien d’étonnant au regard de l’univers Lynchien voir Kubrickien que s’amuse à développer le groupe. Nathan Winneke en tête, épaulé par le claviériste Erik Engstrom toujours prêt à frapper des deux poings sur son instrument lorsque résonne les très claustrophobes « Face of Bear » et « His Purple Majesty », comme autant d’invitation au bal masqué de ces génies de la texture sonore.
S’il est bien un crédit à apporter à cet album, c’est celui de la diversité et de la loyauté. Ne tombant jamais dans la redite, le groupe se régénère sur chaque titre, sautant de styles musicaux en territoires ennemis en déroulant devant lui des territoires fait de contrepèteries sonores. Le génialissime « Sex Raptor », prochain hymne des clubs de Fitness transpirants ou encore « Treasure Train », sont à leur manière de parfaites entités contraires. Mais interprétés des mains de Horse The Band avec l’éloquence qu’on leur reconnaît, les titres s’assemblent comme autant de "Lego" colorés et vivifiés.
Complet et composé de 16 titres, ce nouvel album de Horse The Band suit la grande lignée de ses prédécesseurs, l’obscurité et l’illumination en plus. Deux termes antithétiques qui pourraient à eux seuls résumer ce nouvel album des Américains, mais démontrent parfaitement l’ambivalence des morceaux et le melting-pot coreux que nous offre le groupe. Même si quelques chansons restent à l’état du pur délire sonore ou de la musique d’ambiance, Horse The Band réussit ici le fou pari de tout marier sur le parvis d’un territoire musical riche et bien peu raisonnable.
1. "Hyperborea" – 2:45
2. "Murder" – 4:14
3. "The Startling Secret of Super Sapphire" – 3:18
4. "The Beach" – 1:07
5. "Face of Bear" – 4:02
6. "Crickets" – 1:06
7. "New York City" – 4:47
8. "Sex Raptor" – 3:18
9. "Broken Trail" - 3:16
10. "The Red Tornado" – 3:42
11. "Treasure Train" – 2:57
12. "His Purple Majesty" – 3:04
13. "Kangarooster Meadows" – 1:23
14. "Rotting Horse" – 4:28
15. "I Think We Are Both Suffering from the Same Crushing Metaphysical Crisis" – 7:24
16. "Lif" – 4:48