Why not ?
Petit tour dans ma tête en découvrant le nouvel album de Vorbid :
« Wahou ! Du thrash à l'ancienne, ça va dépoter et on va se décrocher les cervicales !
Mais... que fait une chanson de vingt minutes au beau milieu d'un album de thrash ? »
En deux phrases, vous comprenez donc que c'est la rencontre de deux mondes que peu de choses réunissent d'habitude dont nous allons parler aujourd'hui. Et tout d'abord, pour apporter quelques précisions sur le groupe, on pourra dire qu'ils sont Norvégiens, existent depuis 2013 et peuvent se vanter d'une petite célébrité nationale, puisqu'ils se sont illustrés dans quelques concours de groupes de Metal et se sont souvent rapprochés des podiums. A leur actif un EP, plutôt bien reçu par la critique norvégienne, et un album Mind avec lequel ils veulent enfin dépasser leurs frontières et frapper toute l'Europe. Si vous regardez la cover, vous verrez cinq personnages, représentant les cinq titres de l'album, qui explorent l'esprit humain et ses failles.
Vorbid, c'est d'abord la qualité avant la quantité. Cinq titres pour un album, c'est peu, mais quand on s'aperçoit qu'il y a en tout cinquante minutes de musique, on se dit qu'on s'apprête à poser une oreille sur un disque qui ne respecte pas tous les canons du genre. Mais on va voir que c'est aussi pour mieux se rapprocher d'autres. En effet, adieu les quinze titres de trois minutes ou les moments de folie furieuse type Municipal Waste et bonjour les morceaux de cinq minutes et plus. Tout ceci n'enlève rien au côté brutal de la musique de Vorbid, notamment avec le premier titre, le bien nommé If There's Evil (There's People) qui rentre dans le tas sans introduction et sans blabla préliminaire.
Et là, vous allez faire connaissance avec le chant de Michael Eriksen, fichtrement aigu, on a presque mal pour lui tant c'est haut perché. On va se dire que pour soutenir le côté sauvage du groupe, c'est parfait, mais le manque de diversité dans le chant se ressent quand même et les ambiances vocales ne sont guère variées.
On ne va pas se mentir, si vous vous penchez sur Mind de Vorbid c'est avant tout pour écouter de la bonne guitare. Le son est bien gras, comme un bon album de Thrash, mais les parties de guitares sont mises en avant, et si l'on revient au titre d'ouverture susmentionné, il s'arrête un peu avant la cinquième minute pour faire place à une succession de soli, et de parties en harmoniques particulièrement réussies. Les derniers instants du titre sont vraiment enthousiasmants.
Et tout au long des cinq titres, vous allez en entendre des bons moments de guitares techniques et comprendre que c'est le point fort du groupe et de cet album. Pour le reste de la musique, on peut presque s'amuser à trouver des références aux grands maîtres du thrash, version BayArea de la grande époque. Vorbid connait ses classiques et sait leur rendre hommage. On trouvera des traces d'Exodus, de Metallica (dans les arpèges de Mind), de Megadeth (dans les riffs et le solo de Zombie) et les connaisseurs pourraient certainement affiner ces références. Le tout est vraiment bien exécuté même si, par conséquent, l'ensemble manque un peu de caractère propre. On ressent de petits moments de creux, on ne se laisse pas emporter par tout. On a l'impression qu'ils savent plus facilement contruire un solo qu'une rythmique convaincante, qui ne se répète pas de trop.
Le gros morceau, sans mauvais jeu de mots, c'est Mind. Vingt-trois minutes, il vaut mieux être prêt à les digérer. D'ailleurs, on peut se poser la question du public à qui s'adresse ce disque, puisque si on veut écouter du thrash, on ne va pas avoir la « patience » de se fader presque une demi-heure de musique. Mais si l'on prend le point de vue d'un amateur de prog, on y verra un morceau bien construit, tout en crescendo et en technique, pour faire monter la sauce, introduire les riffs majeurs autour desquels le titre va se construire, jouer quelques parties arabisantes (marque de fabrique ultime du morceau de prog). C'est technique sans être prétentieux, ne reste que le chant qui rend l'ensemble parfois laborieux.
Vorbid a le cul entre deux chaises. Le groupe fait le pari de marier deux genres qui ne partagent par les mêmes fans et pas la même scène. Du coup, il faut se préparer à l'écoute de Mind comme d'un disque à part mais plaisant. La question de la durée de vie reste une donnée problématique, car les titres normaux sont bons mais assez standards et au delà de la technique, ils ne dégagent pas quelque chose de suffisamment fou pour qu'on y revienne souvent, et le titre long est vraiment très... long. Alors gageons que le groupe puisse se faire un nom et proposer une version affinée de leur écriture afin qu'ils puissent enfin faire éclater tout leur talent.
Tracklist :
1. If There's Evil (There's People)
2. Zombie
3. Invention Intervention
4. To Mega Therion
5. Mind