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Cronian est un adjectif qui se rapporte à tout ce qui à trait aux mers arctiques définissant à merveille l'oeuvre engendrée par ses géniteurs Mr V. ( Vintersorg ) et Øystein G. Brun à savoir une musique froide, paisible, qui invite à la réflexion. Les deux compères ont formé cette idée de collaboration bien avant leur réunion au sein de Borknagar et mais ce n'est qu'en 2006 que leur premier album a vu le jour; album en demi-teinte faute à une production mal adaptée mais aussi au style lui même puisqu'il ne s'agit pas là de musique au sens commun du terme mais plutôt d'images sonores, de tableaux acoustiques, d'évocations de la nature et d'idées par le biais d'ambiances et de plages musicales.
Cette démarche ambitieuse et personnelle est également à l'origine d' "Enterprise" qui voit une nouvelle fois la réunion de talents autour d'un sujet écocentrique : le rapport de l'Homme à la Nature, de plus en plus hostile. La pochette de l'album, oeuvre de Marcelo HCV, aux teintes froides et automnales, présentant le visage d'un homme sur fond de carte du pôle nord, d'arbres effeuillés et de corbeaux donne le ton de l'album qui souffle le chaud et le froid avec rafinement tout au long des titres : tantôt légers, tantôt graves, de la pop électro au metal extrême, de vocaux clairs à des agressions black metal, l'esprit de l'auditeur qui a prit part à cette entreprise voyage dans un kaléidoscope de sensations et d'images mentales, pour peu qu'il soit ouvert à ce genre d'expérience et qu'il ne recherche pas dans Cronian ce qu'un groupe traditionnel pourrait lui apporter. Le travail de composition du duo est impressionnant de varité, de qualité et bon nombre de groupes "complets" pourraient avoir à rougir en cas de comparaison si tant est qu'elle fût possible : "Enterprise" comporte des éléments assez déroutant comme l'utilisation d'un tempo vraiment paisible, des plages électroniques trés "visuelles", donnant parfois même un peu trop dans le "cinémascope", mais à cent lieux d'un morceau de rock traditionnel, des passages néanmoins très agressifs qui déboulent sans crier gare. La voix même de Mr V. pourrait en dérouter plus d'un puisque non seulement sont timbre est assez particulier, mais encore toute la richesse de sa palette est utilisée : chant clair, voix scandées, voix agressives, chant pop. Les morceaux sont véritablement progressif et l'on pourrait les comparer par moments aux passages les plus softs de Borknagar, à certains travaux d'Arcturus ou de Septicflesh pour le côté "classique". La musique du groupe est aujourd'hui, malgré sa complexité et son aspect même, plus abordable ( ou digeste c'est selon ) qu'auparavant grâce à une production sans faille, le groupe ayant décidé de procéder au mixage et au mastering dans un studio professionnel ( le "Ballerina studio" ), bien qu'ayant enregistré tout les morceaux, comme à son habitude, dans les home studios respectifs de ses deux membres. L'un des point fort de l'album est l'utilisation d'un batterie programmée qui, si elle n'avait ce côté trop régulier et mécanique, possède un son et une dynamique trés humaine franchement trompeur ... ce qui rajoute quelque peu au malaise provoqué par les paroles qui évoquent un futur, excessivement proche, où il ne fera pas bon vivre puisque le propos n'est pas la science fiction mais l'anticipation et que de l'opposition entre la Nature et l'Homme, aucun ne risque de sortir indemne. Inquiétant.
Une ouvre complexe, forte, pas aussi "légère" qu'il semblerait à première vue mais qui requière de l'auditeur de se mettre en condition d'ouverture optimum pour pouvoir l'apprécier pleinement. Une écoute au casque dans l'obscurité est donc à préférer à un une diffusion lors d'un apéritif entre amis.
1. Diamond Skies
2. Arcades
3. Nine Waves
4. Project Hibernation
5. Cirque
6. Deportation
7. Moving Panorama
8. The Encounter
9. End (Durance) - Part II