Carpenter Brut + Youth Code @ L'Olympia
L'Olympia - Paris
Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Alors que Leather Teeth est sorti il y a quelques semaines, Carpenter Brut arpente l'Europe pour défendre son nouvel album, et en ce 24 mars, c'est à Paris qu'il pose ses synthés, et pas ailleurs qu'à l'Olympia s'il vous plaît. Olympia qui sera ce soir sold-out, c'est dire si le monsieur est attendu.
À peine le temps de prendre une bière au bar que déjà la première partie de la soirée commence, assurée par le duo américain Youth Code. Un DJ et une chanteuse se partagent la grande scène de l'Olympia, le premier envoyant des sons à mi-chemin entre indus et techno, le seconde hurlant un chant hardcore ultra-saturé. D'abord un peu perplexe devant le groupe, je finis par me laisser entraîner par le côté assez martial qui se dégage de la musique, avec un kick de caisse claire parfois un peu typé Laibach dans les années 90 qui invite au secouage de nuque. La prestation est énergique et vivante, les deux musiciens semblent à l'aise sur scène malgré le trop plein d'espace dont ils disposent et le public réagit positivement, montrant son intérêt par des salves d'applaudissements assez nourries entre chaque morceau. Si les premiers morceaux parviennent à capter mon attention, le côté trop monotone du chant commencera à me lasser un peu sur la fin. Toujours est-il que comme entrée en matière, Youth Code a fait le boulot, préparant la foule pour la suite du programme.
Il faut une bonne vingtaine de minutes pour le changement de plateau, avant que les lumières ne se tamisent et qu'Africa de Toto ne résonne dans la salle. Même si, à titre personnel, ce morceau est un véritable repoussoir, il faut avouer qu'il est bien choisi pour nous plonger dans les années 80 qui seront, bien évidemment, les stars de la soirée. Un gros "bang" retentit au milieu du titre, le noir se fait et les premières notes de Leather Teeth sont accueillies dans une vague de hurlement, immédiatement suivie un séisme de danseurs qui transforme le sol de l'Olympia en trampoline dont l'oscillation est réglée sur le tempo du morceau. Le contraire aurait été surprenant (décevant, même) mais il faut bien le dire dès le début : le son est absolument excellent, puissant et riche. Accompagné comme de coutume d'Adrien Grousset à la guitare et Florent Marcadet à la batterie (d'ailleurs le prochain Hacride, c'est pour quand ?), Carpenter Brut reste assez discret derrière ses claviers, s'autorisant comme seul contact direct avec le public un petit salut en fin de concert. C'est à l'écran géant que revient la charge de communiquer avec la foule déjà en délire dès le premier titre et condamnée à le rester jusqu'au bout. Des montages divers habillent le concert, ceux illustrant les titres de Leather Teeth racontant l'histoire de l'album, les autres étant pour la plupart des montages extraits de divers nanars hauts en couleur. L'ensemble des vidéos est d'ailleurs hyper fendard, jouant avec les codes de l'univers satanico-glam. On retrouve pêle-mêle les récompenses des clips du groupe fictif Leather Patrol (qui remporte, entre autres, le prix du "Hardest Fire Camp" dans un clip), les sermons du révérend Godshyne dont le visage n'est qu'un halo de lumière divine ou encore ce fabuleux montage mettant en scène un cul-de-jatte vengeur cognant des méchants depuis son fauteuil roulant (si quelqu'un sait d'où sont extraites ces images, donnez-moi le titre en commentaire, je DOIS voir ce film).
Côté musique, six des huit morceaux de Leather Teeth seront joués ce soir, le reste étant logiquement des titres de la Trilogy. Si aucun coup de mou n'est à déplorer durant le concert, il y a quand même quelques titres qui sont sortis du lot. En premier lieu Beware The Beast, dont les paroles (chantées par Mat "Kvohst" McNerney de Grave Pleasures et ici samplées) seront affichées en mode karaoké pour un effet immédiat : la fosse est transformée en une gigantesque chorale chantant (faux, bien sûr) le refrain du titre. Toujours dans le registre karaoké, ce seront les mélodies imparables de Turbo Killer ou Disco Zombi Italia qui seront reprises en chœur par un public complètement conquis. D'un bout à l'autre du concert, le cœur de fosse dansera sans répit et, au fur et à mesure du concert, ce que j'aperçois de foule dans les gradins se lèvera pour participer à la grand-messe synthwave qui nous est offerte ce soir. À la fin du diaboliquement efficace Hairspray Hurricane, Carpenter Brut nous fait un petit au revoir et quitte brièvement la scène avant d'y revenir pour ce qui sera un rappel mémorable. C'est d'abord le très sombre Le Perv qui est joué, son atmosphère assez oppressante semble contracter l'Olympia, avant que la pression ne soit relâchée dans une débauche de bonnes ondes avec le dernier morceau de cette soirée : une reprise dantesque de Maniac. Le karaoké est de retour, c'est la folie absolue dans la fosse, on atteint les 63°C et une question s'impose : quelle diablerie utilise le célèbre disc-jockey Carpenter Brut pour faire se trémousser sur un tube kitschissime des années 80 des corps vêtus de T-Shirt allant d'Avenged Sevelfold à Asphyx ?
Setlist de Carpenter Brut :
01.Leather Teeth
02.Divisin Ruine
03.Roller Mobster
04.Beware The Beast
05.Wake Up The President
06.Chew BubbleGum And Kick Ass
07.Turbo Killer
08.Paradise Warfare
09.Cheerleader Effect
10.Meet Matt Stryker
11.Monday Hunt
12.Inferno Galore
13.SexKiller on the Loose
14.Disco Zombi Italia
15.Hairspray Hurricane
Rappel :
16.Le Perv
17.Maniac
Carpenter Brut nous a régalés, offrant un set certes un peu court (un peu plus d'une heure), mais travaillé au millimètre et d'une efficacité redoutable.
Merci à Robin pour l'accréditation et à Pyrprod pour l'organisation de cette soirée !