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Je préfère prévenir nos lecteurs, cet album ne s'adresse pas aux bourrins et aux fans de blasts beats, aux warriors cloutés et autres fans de la brutalité metallique ! Rien qu'en regardant le titre et le nom du groupe, vous êtes calmés et ceux d'entre vous qui ont suivis une carrière universitaire touchant à la littérature ont des réminiscences plus ou moins douloureuses ! En effet Myhybris fait référence à l'hybris est un terme touchant au classiques de la tragédie puisqu'il désigne ce pêché d'orgueil ou de démesure qui emmène les héros de tragédie vers leur déchéance dans le sang et la violence. D'entrée de jeu, on est sur le cul, la référence me touche particulièrement, donc mon intérêt est aguiché. Deuxième accroche avec le titre est sa notion de résilience, dont un certain Boris Cyrulnik s'est fait le théoricien. La résilience est un terme de physique désignant la capacité des métaux à résister aux chocs et à retrouver leur intégrité après ceux-ci. Pour un être humain de concept est sensiblement le même : comment renaître de ses cendres après un traumatisme. Cette notion n'est pas utilisée simplement pour faire beau ou intellectuel mais a une résonance dans l'album conceptuellement parlant.
La version numérique de l'album qui m'a été transmise était livrée avec un fichier résumant l'histoire, le concept que Myhybris a développé sur cet album. Il serait contre-productif de le raconter dans les détails ici, et de plus cela gâcherait une partie du plaisir que vous aurez en le lisant. On peut quand même dire que ce n'est pas un conte plein de gaité, il y a la mort, la séparation, la tristesse et puis finalement la résilience, l'acceptation, le tout autour d'une boîte à musique. Alors vous vous doutez que tout cela aura une lourde empreinte sur la musique. Mais quelle musique ? Et bien On se situe sur une branche particulière de l'arbre Metal, puisque l'on touche au progressif et au rock voire trip-hop, le tout dans un écrin instrumental. Car cet album est presque totalement dénué de chant, ce qui constitue une de ses particularités. Seul le morceau The Sweet Melody Of Resilience accueille Amélie Festa au chant, pour le reste ce sont des paroles disséminées ça et là, pour étayer l'histoire.
Le chant d'Amélie est très mélancolique, et le titre en lui même en est langoureux, l'ambiance est très feutrée voire easy listening. Je vous ai dit cet album touche à tout ! L'ambiance est assez angoissante à mon goût, les cris d'enfants sur le Children's games, les choeurs, le piano, les arpèges, les petits coups de cymbales, rien ne rassure l'auditeur, et le monde de l'enfance n'a pas l'air si serein que ça. Et il faudra attendre le deuxième morceau pour que le tout décolle, plus de rythme, plus de gros son, et bien sûr une guitare mise en avant. Ici on ne renie pas l'influence Dream Theater, et les claviers viennent donner un air quasi grandiloquent au morceau, un peu à la Home, tout en conservant technique et ambiance en un tout petit peu moins explosif.
La présence du saxophone dans le morceau éponyme, rajoute une touche « exotique » à l'ensemble. On a vu dans des groupes comme Solefald que l'intégration d'un tel instrument au sein de plans plus metal peut se faire de manière très harmonieuse et donner une autre couleur à la chanson elle-même. Mais bon n'exagérons rien, ils ne nous en plaquent pas partout. Tout est mesuré et l'on évite le trop plein, pour tout fan de progressif, on se sent à la maison, la diversité est au rendez-vous et l'on évite l'ennui. Par contre, pas de moments de grâce pour les fans de gros riffs, ici le Metal est quand même relégué au second plan, on a surtout un album pleins d'ambiances. Par exemple, The Shining Truth a des passages qui m'ont fait pensé aux élucubrations de certains groupes : un peu de percussions, peu de guitares, des effets d'orgue. Donc ne vous trompez pas, la meilleure posture pour écouter Myhybris, c'est allongé dans le noir, le son profond vous transportera ailleurs. Bon par contre ça sapera votre joie de vivre pour le siècle à venir !
Mais à la fin de The Sweet Melody of Resilience, on ressent une terrible frustration, le groupe nous abandonne après 25 minutes, mais pourquoi ? On en redemande, on a cette impression d'inachevé et c'est dommage, comment ne pas se donner les moyens d'en faire plus ? Quatre titres, plus quatre morceaux de liaison, c'est trop peu, on ne sent pas la totalité des capacités de Myhybris s'exprimer. Ou est-ce parce que le temps passe trop vite et que l'on se fait accrocher par l'ambiance, par une ritournelle qui parsème l'album (et oui c'est une même histoire, ils ont habilement placé ces quelques notes qui reviennent). Pour moi cet album est une moitié d'album génial tellement j'en aurais voulu plus !
1. Intro
2. Chapter 1. Children's Games
3. Chapter 2 . The Pursuit
4. On the Edge of Madness
5. Chapter 3. The Sweet Melody of Resilience
6. Only a Path
7. Chapter 4 . The Shinig Trhuth
8. Outro