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Album

04 avril 2018 - Rodolphe

Three Days Grace

Outsider

LabelRCA Records
styleMetal Alternatif
formatAlbum
paysCanada
sortiemars 2018
La note de
Rodolphe
6.5/10


Rodolphe

La caution Grunge du webzine.

Contrairement aux dires des internautes qui lui reprochent d'être un « illustre inconnu », Matt Walst a toujours eu un pied dans Three Days Grace. Et pas seulement parce qu'il est le frère cadet du bassiste Brad Walst ! En 2003, à l'âge de 21 ans, il apparaît dans les crédits de l'éponyme Three Days Grace en tant que co-auteur de deux titres (Scared et Let You Down) avant de réitérer l'expérience, neuf ans plus tard, sur le très fatigué Transit to Venus, - album studio à partir duquel un claviériste est venu se greffer au line-up pour les sessions d'enregistrements, et surtout, le dernier à faire figuer Adam Gontier au chant, maintenant actif dans le supergroupe Saint Asonia (avec des ex-Staind et Dark New Day). Toutes les premières parties de Three Days Grace effectuées par My Darkest Days au début des années 2010 ont également amené Matt à se rapprocher de la formation de son frère. Pour autant, le vocaliste n'a révolutionné en rien la musique de Three Days Grace, puisque Human était l'addition de Transit to Venus (Three Days Grace) et de Sick and Twisted Affair (My Darkest Days) - deux albums de pop-rock recouverts d'un nappage électro aux clins d'œil metal devenus beaucoup trop rares, et qui se valaient dans la médiocrité, exception faite des singles promotionnels.

L'ambition - bien que toute relative - de Human, était de créer de courts passages atmosphériques en recrutant Dani Rosenoer aux claviers et à la programmation pour décharger le batteur du groupe, Neil Sanderson, de cette tâche - ce dernier ayant posé tous les claviers présents sur Transit to Venus, en plus de son instrument principal et des choeurs. Malheureusement, ce fut un échec car l'album n'empruntait aucune direction musicale claire, se contentant simplement d'aligner quelques sons "déshumanisés" sur les titres stratégiques contenus dans la tracklist à l'image de la chanson d'ouverture Human Race, du hit I Am Machine ou encore de The Real You, la douzième piste. Cette fois-ci, on peut dire que le single principal d'Outsider est représentatif de l'album qui se montre à la fois sombre et plus réfléchi. En effet, The Mountain reprend un propos similaire à Painkiller et I Am Machine, mais en y ajoutant la lourdeur et l'aspect très mélodique d'un One-X. Ainsi, le groupe revient de manière partielle à ce qui avait fait le succès de son deuxième album, tant par la rage qu'il déploie et ses riffs limpides et accrocheurs (Right Left Wrong, The Mountain, Me Against You), que par les accords acoustiques de Nothing to Lose But You qui rappellent un peu ceux de Never Too Late, le génie en moins. Même si ce n'est pas très significatif, Three Days Grace puise aussi dans le registre du vintage, que ce soit au niveau du mix de la voix de Matt sur le rétro I Am an Outsider et ses "hohohoho" ou sur les guitares faussement grunge de Strange Days. En parlant de flashback, on notera que Barry Stock, subitement à court d'idées, a pompé le riff de Chalk Outline sur l'intro de Chasing the First Time...

Malgré tout, la noirceur de cet opus n'est pas à sous-estimer. Elle nous est apportée par deux-trois éléments. Même si les chuchotements de Matt Walst sur les introductions de Right Left Wrong ou d'Infra-Red ont tendance à souligner les paroles tristement banales qui pullulent dans ce nouvel effort, car construites autour de cette dualité lumière/obscurité maintes fois explorée dans le metal ("I try to see the light and push the darkness back" de The Moutain est quasiment la copie, un titre plus loin, du "From the darkness I see the light in you" d'Infra-Red), ils instaurent tout de même une ambiance assez malsaine. Hormis le chant et les compositions, la progression artistique de Three Days Grace se situe davantage en matière d'effets électroniques. Contrairement à "l'album-test" qu'était Human, il y a eu suffisamment de travail de recherche sur cet opus pour que l'on ressente des émotions. A y regarder de plus près, des titres comme Love Me or Leave Me, The Abyss ou bien la toute fin de l'entraînante Me Against You contiennent des touches de musique ambient. Et ce n'est pas un hasard si des sons nouveaux viennent s'ajouter sur ces chansons-là puisque le combo venu du Canada a choisi de déléguer ce qu'il ne maîtrisait pas, à savoir les parties électro, à Rhys Fulber (qui a travaillé avec Fear FactoryWaltari ou encore... Yes). Celui-ci a participé à la moitié du full-length, lui offrant une grande valeur ajoutée. Quelque chose d'abyssal et de proche de l'eau se fait d'ailleurs entendre sur Love Me or Leave Me et bien d'autres titres où l'on distingue nettement le bruit des vagues. Ce n'est pas exagéré de dire que cette sensation de se noyer que l'on peut ressentir tout au long d'Outsider se traduit au final par un sentiment d'urgence et d'extrême désespoir qui rend l'album très obscur. La preuve en est, avec l'immersif The Abyss, où le chanteur produit un scream, intense, de près de dix secondes : du jamais vu depuis Riot en 2006.

Sur ce deuxième opus avec Matt WalstThree Days Grace va chercher plus loin que le metal alternatif à refrains, en créant des sons un peu plus travaillés, presque cinématographiques. Tout n'est pas parfait, mais personne ne peut remettre en cause leur progression qui est plus qu'évidente. Le scream - très symbolique -, lancé sur le dernier titre laisse entrevoir la possibilité pour le groupe de composer de futurs albums plus metal et plus lourds, inspirés de One-X ou calqués sur le modèle de ce post-apocalyptique Outsider.

 

Tracklist :

  1. Right Left Wrong (3:56)
  2. The Mountain (3:18)
  3. I Am an Outsider (2:42)
  4. Infra-Red (3:50)
  5. Nothing to Lose But You (2:52)
  6. Me Against You (3:29)
  7. Love Me or Leave Me (3:04)
  8. Strange Days (3:10)
  9. Vilain I'm Not (2:55)
  10. Chasing the First Time (2:55)
  11. The New Real (3:00)
  12. The Abyss (4:09)