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Album du discernement et de la sagesse, à en juger l’appellation « éponyme » collé à la va-vite après trois courtes années d’existence et un premier album d’assez bon facture, les américains de Thine Eyes Bleed reviennent avec ce que l’on pourrait qualifier d’album fourre-tout, panier garni du métal, brassant volontiers tous styles sans grande cohérence particulière.
Se détachant gracieusement de leur thrash agressif ayant fait leur notoriété en 2005 avec le dénommé In The Wake of Separation, les américains se laissent désormais gentiment balader dans la sphère métal, sans forcément en maîtriser les contours. Jamais maître de leur destin, plutôt suiveurs que leaders, cramponnés sur leur acquis, Thine Eyes Bleed vient de confondre démonstration avec précipitation. Alors que le groupe avait dans sa botte suffisamment de ressources pour nous mettre à terre, celui-ci pose définitivement un genou au sol en nous confiant un nouvel opus disparate, coincé entre deux chaises et finalement trop fouillis pour passer le cap de leur pseudo-maturité.
Bien loin d’être morne, ce deuxième long ne nous aura cependant pas rendu la tâche facile. Efficace mais redondant, varié malgré son errance aux quatre coins de l’univers, cet éponyme se perd finalement entre moult styles n’ayant finalement que de commun, la stricte raideur de leurs cordes et la puissance de leurs interprétations.
Annonciateurs d’un thrash mélodique éprouvant tant pour l’auditeur que pour les instrumentistes, Thine Eyes Bleed invoque en premier lieu la pâtée bien assumée d’un Kataklysm ou d’un Dark Tranquility, le talent et la dextérité en moins. Caravane de l’angoisse sur le titre « With Burning Breath » ou parfait culbuto lors de « The Dragon », le groupe vient à tituber entre des refrains pourtant bien mélodiques, donnant quelquefois des signes de vitalité à l’instar de la débauche d’accords unilatéraux du morceau « Crimson ».
Visiblement influencé par tous les groupes de son réseau social à la mode, de Mastodon (« Darkwhite) à un Hypocrisy sous acides (sur l’impétueux « Shallow Skin »), le pire restait pourtant à venir avec un pot pourri dépressif de chansons interprétés à la limite de l’agonie, tel « Truth In Evil » ou encore l’arrêt au stand acoustique du bien nommé « Mota Diablo ». Deux morceaux apparemment concoctés à la gloire du malin qui ne devrait pas s’en remettre de sitôt.
Fort heureusement, Thine Eyes Bleed contre toutes tentatives d’égarements finit par se défaire de ses démons et à entrevoir le bout du tunnel sur les tous derniers morceaux de son méli-mélo cacophonique. « The Mouth of Hell » et son entrain retrouvé, la conclusion « Revert To Stone » ou le canon scié « In Mortal Sin » finissent par raviver nos derniers espoirs et à réveiller nos moindres ardeurs. Plus mélodique et plus concentré sur la fin, on ne pourra qu’approuver les trois derniers morceaux ponctuant ce joyeux souk de sonorités improvisées.
Thine Eyes Bleed nous a finalement concocté un EP 3 titres en lieu et place d’un album éponyme. Trois chansons que l’on s’efforcera de conserver en mémoire pour ce cru de 2008, au détriment de titres bâclés et sans réelles empreintes sonores. Avec très peu d’intentions fermes de compositions, mais beaucoup de talent (on imagine mal le petit frère de Tom Araya emprunté sur sa quatre cordes), Thine Eyes Bleed nous sert une soupe bien froide, qu’il ne manqueront malheureusement pas de nous resservir dans les prochaines années.
1. With Burning Breath
2. The Dragon
3. Crimson
4. Darkwhite
5. Shallow Skin
6. Mota Diablo
7. Truth In Evil
8. The Mouth of Hell
9. In Mortal Sin
10. Revert to Stone