Cradle of Filth + Moonspell @Saint-Etienne
Le Fil - Saint-Etienne
Ce soir, Cupidon va se prendre du plomb dans l’aile, puisque va se tenir à Saint-Etienne une affiche plus ou moins extrême : Cradle of Filth et Moonspell. Après avoir sorti chacun leur dernier album respectif en fin d’année dernière, les deux formations ont entamé à la mi-janvier une grosse tournée européenne pour prêcher la bonne parole, et ce jusqu’à la mi-mars. Parmi la quarantaine de dates programmées, cinq se déroulent en France. La première est celle d’aujourd’hui, ensuite, la troupe se produira à Limoges, Paris, Lille et Besançon.
C’est pour ma part la première fois que je me rends dans cette salle stéphanoise, le Fil. Facilité d’accès et modernité des lieux, voilà déjà deux bons points à noter.
Néanmoins, le début des hostilités est assez tôt : 19h30. Pas évident quand on a deux heures de route pour venir.
Alors que j’arrive devant la salle avec quelques minutes de retard, le bruit qui en émane m’indique que Moonspell a déjà commencé. Les Portugais sont des vieux briscards de la scène, avec environ 25 ans d’existence au compteur. D’abord orientée Black Metal, la formation s’est peu à peu tournée vers un Metal plus classique et grand public, un parcours comparable à celui de Rotting Christ par exemple. La bande à Fernando Ribeiro a sorti son dernier album « 1755 » en novembre dernier chez Napalm Records et la majorité des titres proposés ce soir en sont issus.
Ceci dit, on ne va pas se mentir, je n’ai jamais accroché à leur musique, alors c’est plutôt perplexe que j’aborde leur set, mais au final il va plutôt bien passer. Le quintet délivre une belle énergie et un enthousiasme convaincant, avec ses compositions mélodiques et une grande présence de son leader vocaliste. Leur prestation est d’ailleurs soulignée par l’acoustique très bonne et la mise en scène soignée, que ce soit par le jeu des lights ou les quelques éléments de décor et autres « gadgets », comme cette curieuse croix du Christ ornée d’un laser rouge, que le vocaliste a projeté sur le public durant tout un morceau.
Preuve de leur proximité avec les spectateurs, les Portugais sont restés quelques minutes à faire quelques accolades aux gens du premier rang. Ambiance chaleureuse et musiciens de talent, Moonspell semble avoir convaincu ce soir.
Setlist :
Intro
Em nome do medo
1755
In tremor Dei
Desastre
Night eternal
Ruínas
Opium
Evento
Todos os Santos
Alma Mater
Full moon madness
Voilà une sacrée pointure qui s’apprête à monter sur scène. Tout comme le groupe précédent, Cradle of Filth a environ un quart de siècle au compteur et donc une discographie assez fournie. Pour autant, les Anglais divisent avec leur Black Metal théâtralisé, mais surtout à cause de la voix particulière de son leader et ses envolées suraigües. En ce qui me concerne, j’aime beaucoup leurs quatre premiers albums pour leur côté vampirique assez unique : The Principle of Evil Made Flesh, Dusk and Her Embrace, Cruelty and the Beast et Midian, soit jusqu’en 2000. La suite je ne m’y suis tout bonnement plus intéressé, l’univers gothique étant un peu trop prépondérant. Ceci dit, je vais vous faire une confidence que vous tâcherez de ne pas ébruiter : pour l’occasion j’ai écouté leur dernier album « Cryptoriana - The Seductiveness of Decay », sorti chez Nuclear Blast en septembre dernier, et il ne m’a pas laissé indifférent.
C’est d’ailleurs un énorme backdrop représentant leur dernière release qui est dressé au fond de la scène. Les lumières s’estompent, une musique dramatique et solennelle est répandue dans la salle : les musiciens entrent sur scène. On est parti pour un show d’1h40 décomposé en deux parties.
La bande à Dani Filth va nous proposer ce soir une quinzaine de titres de son répertoire, avec finalement que deux morceaux de leur dernier opus, ce qui n’est pas plus mal, dans la mesure où les vieux classiques sont de sortie, comme l’excellent « Dusk and her embrace », « Her ghost in the fog » ou encore « Born in a burial gown ». Qu’on aime ou pas Dani, il est difficile de contester son aura et sa performance vocale, alternant les suraigus et les grognements gutturaux sans montrer de signe de faiblesse. Ses acolytes ne sont pas en reste. A part le batteur caché derrière une muraille de plexiglas, les deux guitaristes et le bassiste occupent bien l’espace scénique, chacun ayant leur personnalité, entre Ashok et son aisance technique déconcertante, et Rich Shaw et son regard de déterré, on peut dire que le show est bien rodé. Après, se pose toujours la question de la pertinence de la voix féminine, qui assure également ce soir la partie au clavier : c’est super pénible sur album et ça va l’être tout autant ce soir, sa partie ayant du mal à s’insérer avec toute l’instrumentation.
Malgré ces quelques imperfections, le groupe va plus que me convaincre, il va m’impressionner, par sa percussion et sa capacité à tenir en haleine les spectateurs du début à la fin. D’ailleurs, pour ces derniers, j’étais plein d’a priori, m’attendant à voir une horde de jeunes gothiques (je vous laisse imaginer le cliché). Mais pas du tout, la moyenne d’âge laisse à penser qu’il s’agissait en majorité de fans de la première heure. Après, je suis obligé de parler de l’attraction du public : ce gamin de dix ans déchaîné, tantôt porté sur les épaules de son père (?), tantôt à slammer. En tout cas il a tapé dans l’œil du groupe, puisque pour la photo souvenir, ils lui ont demandé de monter sur scène pour poser avec eux. Plutôt sympa de leur part et beau cadeau pour le petit bonhomme.
Bref, Cradle of Filth, contre toute attente, a cassé quelques-uns de mes préjugés à leur égard ce soir en se montrant convaincants dans leur prestation et relativement proche de leur public. C’était excellent.
Setlist :
Première partie :
Ave Satani (intro)
Gilded cunt
Beneath the howling stars
Blackest magick in practice
Heartbreak and seance
Bathory aria: benighted like usher / A murder of ravens in fugue / Eyes that witnessed madness
Dusk and Her Embrace
The death of love
You will know the lion by his claw
Seconde partie :
A bruise upon the silent moon (intro)
The promise of fever
Achingly beautiful
Nymphetamine (Fix)
Her ghost in the fog
Born in a burial gown
Blooding the hounds of hell (outro)
Merci à tous les acteurs de cet événement.
Revivez une partie de la soirée avec 6 vidéos :