Cernunnos Pagan Fest 2018 - Jour 1
La Ferme du Buisson - Noisiel
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Dolorès : En ce dernier weekend de février 2018, le Cernunnos Pagan Fest fêtait déjà sa dixième édition. Après une pause en 2016, le festival avait choisi de délocaliser l’événement à la Ferme du Buisson, à Noisiel près de Paris, en 2017, puis de transférer l’ensemble sur deux jours cette année.
C’est donc en ce vendredi 24 février, avec un peu de retard sur l’ouverture du festival, que l’équipe de Horns Up découvre le site. Un lieu agréable, entre ancienneté de briques et modernité des activités qui s’y déroulent, la Ferme du Buisson étant un lieu culturel bien vivant tout le reste de l’année (cinéma, spectacles, restaurant…).
Les parties ouvertes pendant le Cernunnos ne seront donc que peu nombreuses quant à la superficie totale du lieu : le Grenier où prend place la partie restauration à l’ancienne, le Hall qui concentre les signing sessions, le merch, l’espace presse et les consignes, et le Caravansérail, espace couvert qui fait office de marché médiéval avec distro, artisans, animations et bar. Un second bar prenait place dehors, près du campement médiéval. A cela s’ajoutent bien sûr les deux scènes, l’Abreuvoir étant la petite salle, la Halle un espace bien plus conséquent. Il faut avouer que l’écart de taille entre les deux scènes est assez immense, et je ne saurais dire si le Cernunnos a été victime d’une affluence imprévue de la part du public, mais on peut clairement dire que l’Abreuvoir est une salle trop petite pour un festival de cette ampleur et les groupes qui y ont joué. Il était parfois impossible d’entrer dans la salle afin de voir certains groupes et ce, des têtes d’affiche de soirée aux groupes parfois moins connus comme Laboratorium Piesni qui a attiré beaucoup de curieux.
A cela s’est ajouté le souci que, dans la plupart des cas (si ce n’est souvent en fin de journée, notamment le dimanche), les portes de chaque salle fermaient pendant les balances de chaque groupe, les deux scènes jouant en alternance. Cela a créé de longues files d’attente dehors, dans le froid, les portes ouvrant parfois à la minute près où le groupe débutait. J’en profite pour mentionner une première fois le plus gros défaut du weekend, indépendant de l’organisation du festival mais auquel Cernunnos n’a parfois pas su répondre parfaitement : le froid glacial du weekend et le manque d’espaces couverts, où se réchauffer et s’asseoir, le public ne pouvant même pas s’installer dans l’une des salles avant chaque concert.
Néanmoins, cela me permet de noter la bonne idée qu’était de proposer de l’hydromel chaud au bar et du vin chaud le premier soir, en plus des traditionnelles boissons froides, alcoolisées (bière blonde et ambrée, hypocras…) ou non.
Globalement, n’étant absolument pas fan du délire païen / apéro, l’ambiance générale ne me parlait pas mais le public était finalement aussi varié que l'était l'affiche, partageant des groupes de musique extrême avec des sonorités plus douces et accessibles. A noter, mais comme partout, la présence de quelques énergumènes trop alcoolisés, de costumes étranges (je ne parle bien sûr pas des costumes med-fan / medieval fantasy / médiévaux), et toujours, malheureusement, d’un public parfois peu respectueux lors des concerts les plus calmes (non-metal, globalement), à discuter sans gêne.
Florent : Ce que vient de souligner Dolorès est peut-être un des points les plus intéressants de ce report : aucun des membres du crew Horns Up rassemblé pour ce Cernunnos n'est du genre à se promener en kilt corne à la hanche en criant "vive Odin". Musicalement, bien sûr, le pagan et le folk (dans une certaine mesure) me parlent, tout comme une certaine forme de musique traditionnelle (et pour le coup, je dois dire que le défunt Ragnard Rock a eu un sacré rôle dans ma formation avec cette scène 100% folklorique, idée à creuser pour d'autres festivals au thème semblable... comme le Cernunnos). La reconstitution historique m'intéresse également, même si j'ai toujours cette désagréable impression que le tout est cosmétique et pas forcément aussi fouillé que j'aimerais qu'il le soit (et je dis ça en tant que profane absolu). Reste que je ne suis pas forcément "à ma place" non plus, mais c'est aussi ça, l'avantage des festivals metal et de leur variété : la possibilité de voyager et de sortir de sa zone de confort, de s'ouvrir l'esprit et de faire tomber les préjugés. Après tout, dans quinze jours, je vais à un festival de porngrind.
Animations du weekend
Dolorès : Hors des espaces dédiés aux concerts, des animations ont pu prendre place pendant le weekend. Parmi ce que j’ai pu voir, il y avait notamment la compagnie Tan Elleil, reconnue pour son univers fantasy transmis par des costumes magnifiques, offrant musique et spectacle lors de déambulations pendant la journée.
Les Compagnons de la Mémoire d’Antan étaient également présents, avec quelques invités, pour le spectacle de feu et de danse le premier soir. Les danseuses ont présenté plusieurs fois de l’ATS, un format d’improvisation synchronisée de groupe mêlant diverses danses folkloriques (orientales, indiennes, flamenco…) dans un mélange contemporain aux costumes métissés et d’inspirations anciennes. Pour cela, elles étaient accompagnées d’accessoires de feu (mains de feu et éventails). Un jeune homme nous a également présenté son premier spectacle au bâton de feu, et malgré quelques ratés, l’ensemble était plutôt réussi.
La troupe Midgardfolkar a également présenté à deux reprises des démonstrations de combat viking. Contrairement à ce que le livret indiquait, l’association fait bien de la reconstitution IXème siècle (et non XIème), c’est-à-dire du combat comme on peut l’imaginer à l’époque des principaux raids vikings sur d’autres territoires. Cela inclue des armures principalement de cuir, des boucliers de bois, des épées à une main, des danaxes (arme longue avec fer de hache). Je n’ai malheureusement pu voir que la fin de l’une des démonstrations, ce qui ne m’a donné qu’un petit aperçu de ce que la troupe faisait (autres armes présentes ce jour-là, formations autres que des duels, respect des règles de combat ?). Contrairement à beaucoup de troupes que je connais, les Midgardfolker font du western et non de l’eastern, c’est-à-dire que le style de combat est assez différent de ce qu’on voit le plus fréquemment en combat viking, et l’ensemble paraît notamment un peu plus lent. Cela reste néanmoins impressionnant, et une animation assez complémentaire du reste de la programmation.
LAPPALEINEN
LA HALLE
14H45-15H25
Nostalmaniac : À peine arrivé sur le site, c'est le concert de Lappaleinen qui s'apprête à commencer. J'avais découvert le groupe nordiste il y a un pile un an à Lens, en Belgique, et j'avais gardé un assez bon souvenir tant le groupe sortait du lot cette soirée-là par rapport aux mauvais groupes pouet pouet folk. Hélas, mon impression n'est pas du tout là même cette fois-ci en les revoyant sur la grande scène de la Halle. La faute à des compos qui me paraissent bien trop anecdotiques, entre Folk et Death Metal mélodique, qui font que je n'arrive pas à embarquer dans le set malgré l'énergie et les efforts déployés du frontman Florent (qu'on imagine aisément dans ses autres projets dans un registre nettement Brutal Death/Grind). Il faut d'ailleurs savoir que le groupe (formé en 2011) a choisi cette date pour tirer sa révérence. Un bel épilogue donc dans une salle bien remplie avec un public réceptif et bien décidé à se réchauffer. Cependant, je me résous à penser que Lappaleinen s'apprécie vraiment mieux dans une petite salle à l'ambiance plus intimiste et alcoolisée. Les quelques couacs au niveau du son (ces slaps de basse notamment) et un bassiste à l'attitude un peu trop coreuse ne m'aideront pas à plus apprécier le set mais, voilà, le groupe peut être fier de faire ses adieux dans de telles conditions.
Setlist :
Swamplord
Cresting the Waves
Maelstrom
Sludgeborn
Riding on the Load of Hay
Kraken's Awakening
Before the End of the Day
HANTAOMA
LA HALLE
16H15-17H00
Florent : Voilà peut-être la curiosité du festival : Hantaoma pour son... tout premier concert. Pour l'occasion accompagnés de deux membres de Khaos Dei, le duo Patrick - Patrice (Stille Volk) fait le pari plutôt couillu (expliqué en interview par après) de ne pas laisser la moindre place à leur facette folk, laissant les instruments traditionnels au vestiaire pour se concentrer sur le côté le plus metal. De quoi déstabiliser le public fan de leur premier album, Malombra, d'autant plus quand on sait que le set d'aujourd'hui sera axé en grande partie... sur Malamort, second opus même pas encore paru et dont seront tirés cinq morceaux. Certes, le single Trebas del castel est déjà connu et s'avère efficace en live - bien qu'un peu répétitif - mais tout de même, le pari est osé.
Et plutôt réussi au final : cette version plus "frontale" a son charme, même s'il y manque un petit quelque chose. Surtout, le groupe, qui n'a que deux (!) répétitions dans les jambes, ne semble pas du tout mal à l'aise, bien aidé par l'expérience des deux Pat dans Stille Volk. Patrick, peu habitué au chant extrême, met quelques morceaux pour être à l'aise mais c'est surtout son chant clair, très personnel (et très bien soutenu par celui de Patrice), qui impressionne et donne un cachet particulier à Hantaoma. Tout n'était pas parfait, mais nul doute que si le groupe se met à jouer un peu plus souvent, il y a du potentiel. Surtout : les gars ont l'air de prendre leur pied, y compris leurs musiciens live, plongés loin de leurs racines black/death !
Nostalmaniac : Si l'affiche du Cernunnos de cette année est plutôt variée et recherchée, la reformation de Hantaoma fait assurément office de valeur ajoutée. D'autant plus que c'est le tout premier concert du combo venu représenter l'Occitanie.
Side project de Patrice Roques et Patrick Lafforgue de Stille Volk, Hantaoma a donc refait surface avec l'annonce surprise d'un nouvel album à paraître en mars et qui succédera donc à « Malombra » paru en... 2005 et qui avait joui dans mes souvenirs d'une certaine popularité à sa sortie. Treize ans après, la formule n'a pas vraiment changé et on peut toujours y voir une sorte de prolongement métallique à Stille Volk.
Sur scène par contre, les choses sont différentes avec le duo Lafforgue (chant) / Roques (guitare) qui est soutenu par la section rythmique du groupe Black/Death Khaos-Dei : Patrick à la guitare et Damian à la batterie. Et ils apportent inévitablement un côté plus nerveux, rapide voir thrashisant aux compos sans perdre pour autant le côté Folk Metal d'origine. Une impression renforcée par l'absence d'instruments traditionnels, et même de samples. Un choix audacieux, mais qui me plaît. Il faut dire que le chant en occitan apporte vraiment une touche particulière très prenante, je suis vraiment séduit tout au long du set. Lafforgue impose son charisme naturel et le morceau "Hantaoma" est vraiment un des highlights du concert que je suis content d'entendre dans une version certes plus épurée, mais qui gagne en efficacité. Au final, nous avons eu droit à quarante-cinq minutes de show très convaincant qui laisse présager un retour sous les meilleurs auspices.
Dolorès : N’ayant pas été marquée par Lappalainen, ma journée commence véritablement avec Hantaoma que j’étais curieuse de voir malgré le fait que le style ne me parlait pas spécialement. J’apprécie le fait que le groupe garde une certaine identité en choisissant de chanter en occitan. A cela s’ajoute que le nouvel album a l’air beaucoup moins « folk », plus mature et solennel que ne l’était le premier, sorti il y a 13 ans déjà ! La prestation, également plus rentre-dedans car sans instruments folk, a donc déjà un peu plus de quoi me plaire.
Le chanteur a d’ailleurs une forte présence scénique, mais surtout vocale. N’étant pas complètement fan de sa manière de chanter, je dois avouer que le fait que sa voix ressorte énormément du mix m’a un peu gênée, notamment car le chanteur a tendance à heurter les oreilles sur les sons qui contiennent des T et des S. Il faudrait vraiment mettre en place une sorte de filtre anti-pop pour le live, pour ces gens-là... Dommage, car ce sont finalement peu de détails qui m’ont gâché le concert qui était tout de même assez carré et entraînant.
Setlist
Tres pèiras
Malurous
Malombra
Marcamal
Lo Reigne del Negre
Frej Eternal
Hantaoma
Las Trébas del Castel
Los Dracons
LABORATORIUM PIESNI
L'ABREUVOIR
17H05-17H45
Florent : C'est le moment pour moi d'évoquer, d'emblée, un des soucis majeurs de ce week-end : cette foutue gestion des deux scènes. L'Abreuvoir est une salle plutôt agréable, intimiste, dans laquelle se dérouleront l'air de rien de sacrés concerts (Angantyr, Saor, Dornenreich pour ne citer qu'eux)... et à laquelle l'accès est particulièrement compliqué. Pourquoi ? Tout bonnement parce que pendant une bonne majorité du temps, les deux salles ne seront pas ouvertes en même temps, ce qui force les gens à faire la file devant les portes avant chaque concert et donc, s'ils veulent être bien placés, à rater une partie du concert précédent (tous les concerts s'enchaînant en cinq minutes). Le souci disparaîtra progressivement, les portes finissant par rester ouvertes (ou en tout cas "ouvrables") et les gens finissant par pouvoir rester au chaud en attendant le concert qu'ils veulent voir, mais pour certains groupes, dont Laboratorium Piesni, ça aura été un beau bordel. Arrivé après quelques morceaux, je ne peux tout bonnement pas me frayer un chemin vers la scène et me contente d'écouter quelques titres de loin. Dommage, car le tout avait l'air vraiment magnifique.
Dolorès : Ma plus grande tristesse du weekend aura été de voir que l’horaire des Polonaises avait été changé en dernière minute, faisant débuter leur set à 17h05, soit pile pendant mon interview de Faun. Etant venue en partie pour elles, je savoure tout de même la seconde partie du concert, malgré la difficulté d’accéder à une place correcte tant l’Abreuvoir est blindé pour voir le projet le plus à part du weekend.
En effet, pour ceux qui ne connaissent pas, Laboratorium Piesni est un ensemble vocal féminin d’origine polonaise, qui a plus ou moins fait le buzz sur internet ces derniers mois grâce à leur authenticité marquante et leurs clips assez nombreux. Le concept général est de présenter, a cappella ou accompagnées de percussions (voire de violon), des chants polyphoniques traditionnels des pays de l’est.
Il est assez humain d’être hypnotisé et pris de frissons lorsque des chœurs de voix humaines s’élèvent, et c’est sans doute pour cela que la simplicité du groupe polonais séduit autant. Malgré cela, on remarque quand même que leur technique vocale est impressionnante, car elles ne se contentent pas de chanter en chœur, mais poussent également des cris et des sons très difficiles à sortir sans une technique bien maîtrisée, qui donnent un charme immense à leurs prestations. Tour à tour, elles prennent la mélodie principale, tout comme entre les titres, elles prennent tour à tour la parole pour expliquer un peu le thème ou l’histoire des chants qu’elles nous présentent, difficiles à saisir sans une petite aide à la compréhension.
N’ayant vu que la seconde partie de leur concert, j’étais tout de même très heureuse d’entendre certains de mes titres favoris, tels que le fameux « Sztoj pa moru », ou « Lecieli żurauli » chanté en biélorusse et qui est, pour moi, leur titre le plus ensorcelant. Je ne peux pas restituer toute la setlist, mais à noter qu’elles ont également joué « Käppee » et « Ergen Deda », qui sont encore davantage intenses en live.
Nostalmaniac : Le collectif polonais Laboratorium Pieśni était ma grande curiosité du week-end. Exclusivement composé de femmes, je suis très vite séduit par leurs voix et surtout les techniques vocales utilisées. Il y a une sorte de magie qui opère avec cet ensemble de chants polyphoniques quasi a cappella et dont les refrains sont vite entêtants ("Käppee"). J'apprécie aussi leur manière de communiquer avec le public en racontant la petite histoire derrière chaque morceau. Pas de grandes épopées mythologiques, mais plutôt des sortes de contes qui se transmettent de génération en génération et des chants traditionnels issus de plusieurs pays. C'est ce qui fait aussi la force du "laboratoire de chant", brasser les cultures : Finlande, Bulgarie, Biélorussie, etc. Un moment d'évasion sublimé par quelques percussions et une véritable émotion qui émane d'un bout à l'autre du concert dans une salle de l'Abreuvoir pleine à craquer et un public définitivement conquis par les six chanteuses.
EREB ALTOR
LA HALLE
17H50-18H40
Florent: Ereb Altor m'avait fort frustré au Ragnard Rock, la faute à un son calamiteux qui gâchait complètement leur prestation. Il faut dire que les harmonies vocales des trois chanteurs se doivent d'être parfaitement mises en son, ce qui sera le cas cette fois sur la Halle. De quoi apprécier les très beaux passages en chant clair de Nifelheim et, surtout, de l'incroyable Midsommarblot qui conclut le set. Rien issu de By Honour, toutefois, à ma grande déception... et, au final, une prestation qui me laisse un goût amer sans que je puisse me l'expliquer. Ereb Altor ne m'a tout bonnement rien fait ressentir aujourd'hui. Là où le charisme du groupe m'avait saisi malgré un son médiocre à Simandre, ça aura été tout l'inverse ici - un concert de qualité, mais tout sauf mémorable. C'était pourtant sur papier le nom de ce Cernunnos m'alléchant le plus. L'attitude un peu blasée des membres que nous aurons l'occasion d'interviewer un peu plus tard me surprendra également. Mauvais jour ? Peut-être.
Nostalmaniac : C'est qu'il fallait effacer le mauvais souvenir du Ragnard Rock Fest 2016 où les Suédois avaient dû faire avec le pire ingé son du festival. Une bouillie sonore qui n'avait pas rendu justice à leur set qui s'annonçait épique. Dans la grande salle de la Halle, le son sera grandement en leur faveur et le quintet va nous proposer en ce début de soirée un show d’une cinquantaine de minutes qui laisse évidemment une large place à leur dernière offrande « Ulfven » avec pas moins de quatre extraits (Völuspá, En synd svart som sot, Av blod är jag kommen et le morceau-titre) mais aussi quelques morceaux plus anciens comme le magnifique et évocateur Myrding tiré de « The End » (2010).
Néanmoins, j'ai du mal à ressentir l'émotion que je peux ressentir sur album et je trouve la prestation un peu trop fade et rodée. Il n'y aura que vers la fin du concert et Midsommarblot que j'arrive à me laisser vraiment porter par ces mélodies et cette ambiance scandinavo-scandinave. Pas de grosse déception mais il manquait un petit quelque chose...
Setlist:
Völuspá
En synd svart som sot
Nattramn
Av blod är jag kommen
Nifelheim
Myrding
Ulfven
Midsommarblot
WALDGEFLÜSTER
L'ABREUVOIR
18H45-19H30
Dolorès : J’ai découvert le groupe allemand quelques jours avant le festival, et autant dire que j’étais bien déçue de ne pas avoir écouté leur musique avant. Dans le genre Black un peu atmosphérique, mélodieux, à chant clair bien parsemé (certains diront « Black fragile »), on a ici de la qualité. J’avais complètement scotché sur le titre « Ruinenfelder » qui m’a conquise à nouveau en live. Le chanteur a, certes, une intonation très « pleurnicharde » mais arrive à trouver un équilibre qui rend l’ensemble extrêmement beau et sincère. En soi, rien de bien original dans la composition, simplement ces sonorités typiques du Black allemand un peu émotionnel, très bien rendu sur scène, tant dans le son que le jeu et l’attitude des musiciens de Waldgeflüster.
Malgré l’horaire de début de soirée, la salle n’étant malheureusement pour eux pas bien remplie. En réalité, le groupe n’est pas très connu par chez nous, et leur présence est sans doute liée à la tournée avec Angantyr, Ereb Altor et Asenblut, tous présents le même jour. Néanmoins, il est probable qu’ils en aient profité pour séduire le public français. Les spectateurs présents semblent avoir, pour la plupart, beaucoup apprécié leur musique assez convaincante, entre un Der Weg Einer Freiheit plus sentimental et un Black un peu plus folklorique à la Falls of Rauros, Panopticon ou Drudkh.
Nostalmaniac : Signé chez Nordvis Produktion (Grift, Panopticon, Saiva), le combo allemand Waldgeflüster avait de quoi piquer ma curiosité. Du moins, sur le papier. Dans les faits, je me retrouve face à un énième groupe de Black Metal atmo "tremolo-picked guitar riffs" qui me fait étonnement plus penser à une version pagan de Der Weg einer Freiheit qu'à un ersatz de Wolves In The Throne Room. Sans doute aussi le look et les mèches des autres membres. Néanmoins, il n'y a rien de foncièrement mauvais dans les compos, tout est assez cohérent, mais rien non plus de mémorable et c'est tout le problème. J'ai l'impression d'entendre les mêmes structures qui se répétent sans que quelque chose se dégage hormis le vocaliste Winterherz que l'on sent vraiment habité avec son imposant marteau de Thor sur le bras.
ANGANTYR
L'ABREUVOIR
20H40-21H25
Florent: Après la déception Ereb Altor, autant dire que j'attends beaucoup d'Angantyr pour me réchauffer un peu. Dans un Abreuvoir bondé, pas de soucis pour se tenir chaud... d'autant que le set des Danois va tout bonnement tout exploser. Angantyr fait partie de ces groupes dont je suis bien incapable de citer un morceau, et pour cause : j'écoute généralement tout un album, d'une traite, me laissant emporter par le maëlstrom de mélodies et de furie que déverse Ynleborgaz. Ce sera la même chose dans ce concert, même si la vieillerie Endelos me brise particulièrement la nuque. Le public est en transe, le leader (et maître à penser) du groupe semble en être satisfait. Le coup de la corne de brume était peut-être un peu de trop, mais le fait d'en entendre tout le week-end joue probablement. Seul (gros) bémol : le concert se terminera... en retard, ce qui veut dire que nous ratons le début de Faun.
Nostalmaniac : Depuis 1997, Ynleborgaz a su garder à flot Angantyr en livrant quelques albums passionnants. Un Black Metal enraciné, mais hautement hypnotisant. Retranscrit en live, l'intensité prédomine et me donne l'impression d'une tempête qui ne laisse que la désolation derrière son passage. Le bassiste qui accompagne Ynleborgaz sur scène, Vrede (Myrd, Plage), me fait beaucoup penser à Necrobutcher (Mayhem) de par son attitude scénique dédaigneuse. Difficile de reconnaitre tous les morceaux même si il faut signaler deux extraits du nouvel album « Ulykke » qui s'annonce très efficace. Côté scéno, on remarquera les sculptures en bois (dont une tombera dès les premières déferlantes) et le drapeau danois sale qui suffissent à planter le décor. Pas besoin d'en faire plus. Angantyr a délivré un set absolument intense et dévastateur qui va même manger sur le début de set de Faun. Certains diront que le groupe a même tenté un rappel. Pour pinailler, je trouve le jeu de lumière un peu trop épileptique et présent, ça ne convient pas vraiment au genre. A part ça, il n'y a vraiment rien à reprocher au trio qui mérite certainement un peu plus de reconnaissance et que leur nouvel album ne tombe pas aux oubliettes.
FAUN
LA HALLE
21H30-23H00
Dolorès : Après une première grosse surprise en 2016 au Ragnard Rock Festival, en open air, je redécouvre Faun, une seconde fois, en salle cette fois. Le public est au rendez-vous, nous sommes nombreux à envahir la salle bien avant le début du concert pour ne pas être comprimé à l’arrière. C’est d’ailleurs l’occasion de découvrir une facette de Faun que je ne connaissais pas, et qui débute dès les balances. Oliver commence déjà à blaguer avec le public pendant le soundcheck, une attitude qui va s’installer tout au long du concert (notamment sur le morceau « Walpurgisnacht » où le groupe s’amuse beaucoup à jouer avec le public). Je ne saurais dire si c’est parce que c’est leur premier concert de 2018, après une tournée acoustique et qu’ils sont hystériques à l’idée de refaire un live plus énergique, la sortie du Best Of quelques jours auparavant, ou quoi que ce soit d’autre, mais les membres de Faun sont en pleine forme et cela se voit.
Au niveau de la setlist, par rapport à leur concert au RRF, l’accent est bien plus mis sur le dernier album Midgard (2016) : « Alba II » (la version remaniée par rapport à celle de 2011), « Sonnenreigen (Lughnasad) », « Nacht des Nordens », « Radenballade » et même un « Odin » sans Einar Selvik tout à fait merveilleux. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils jouent celle-ci, et je ne pensais pas qu’ils pouvaient assurer ce titre sans l’invité du groupe Wardruna, pourtant sa partie est transformée en chœurs de la part de tout le groupe, pour un titre tout aussi majestueux qu'avec Einar.
Le reste de la setlist est plus commun : de la première partie de carrière de Faun, l’ouverture sur « Andro », le remaniement extrême de « Iyansa », ou encore l’hymne « Rhiannon » sont présents. De l’album Eden, le tube « Iduna » bien sûr, mais plus étrange est l’absence de « Hymn to Pan » que je croyais être leur titre de rappel officiel. Celui-ci est remplacé par « Diese kalt Nacht », je ne comprends d’ailleurs pas ce que celui-ci a de spécial, il est assez fade en comparaison d’autres hymnes plus sympathiques pour clôturer un concert.
« Pearl » est également l’occasion parfaite pour avoir un aperçu de la nouvelle chanteuse, Laura Fella, qui a remplacé Katja, en ce qui concerne toutes les parties vocales plus aigues et lyriques. Je dois dire que je suis assez surprise, car son timbre de voix n’a rien à voir et permet vraiment de créer une rupture avec l’ancien Faun, car Laura est loin d’avoir une voix fluette. Sa voix sonne peut-être plus « pop » mais attise vraiment ma curiosité sur les futurs titres de Faun à venir. Je suis d’ailleurs étonnée que n’ait pas été présenté le titre « Feuer », sorti mi-février, et qui présente bien Laura et sa voix plus puissante aux fans.
Sur d’autres titres, je remarque également que l’espace vocal pris par Laura dans la plupart des titres permet finalement à Fiona, présente depuis les débuts, de prendre plus de libertés et d’assumer un peu plus son chant alors qu’elle se contentait auparavant de doubler le chant principal. Elle semble prendre plus de plaisir à chanter qu’auparavant, et se mettre un peu plus en avant devant le micro, ce qui est agréable à voir.
Pour conclure, je serai toujours un peu déçue de ne pas avoir beaucoup de titres des premiers albums, et la tournée Best of à venir avec, en plus, la présence de Lisa Pawelke (chanteuse des quatre premiers albums), ne passera malheureusement pas par la France. Néanmoins, un concert d’une heure et demie de Faun est un véritable bonheur, et leur setlist est finalement assez équilibrée entre titres plus pop et dansants et d’autres morceaux plus solennels qui restent malgré tout présents. Faun n’a pas perdu son âme en chemin, 15 ans après le premier album. Midgard était pour moi le retour en force du groupe, que vient confirmer cette prestation.
Setlist:
Andro
Wind und Geige
Alba II
Walpurgisnacht
Nacht Des Nordens
Drehleier
Blaue Stunde
Odin
Pearl
Rabenballade
Iduna
Iyansa
Rhiannon
Wenn wir uns wiedersehen
Diese kalte Nacht
Ainsi se termine la première journée du Cernunnos Pagan Fest 2018. Le froid règne dans l'enceinte de la Ferme du Buisson et il est donc difficile de s'attarder aux bars à l'extérieur et à l'aftershow proposé par les organisateurs jusqu'à 2h30. Pour le lendemain, on a déjà noté les concerts de Darkenhöld, Celtachor, Belenos, Dornenreich, Saor et Saor Patrol !
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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Crédits photos : Gazag - Equipe Horns Up