Why not ?
Le Wisconsin n'est pas réputé pour être l'Etat le plus fun de l'Union. Forcément quand on est surnommé « l'Etat du blaireau », on ne part pas avec toutes les chances de son côté. Pourtant, ça n'empêche pas Decrescent, groupe de Milwaukee, de nous sortir un premier album Blackened Bequest. Difficile de trouver des informations fiables et poussées sur la formation tant ils ont l'air jeunes et peu connus. Mais la magie d'internet, de Bandcamp, de Facebook et autres nous apporte leur musique jusqu'à nous en ce début d'année 2018.
La première remarque que l'on pourrait faire serait d'ordre général ; on voit à travers ce groupe les possibilités pour une formation Metal de toucher le monde entier dans un format pro. On est loin des cassettes et autres démos enregistrées à la MJC du coin. Le son de l'album est abouti et ne fait en rien amateur. Decrescent s'inscrit dans une mouvance Death avec une petite touche de technique et une ambiance générale froide et tranchante. Pas de trop de place pour de l'alambiqué ou même une bonne tartine de gras comme savent le faire certaines formations, ils veulent prouver qu'ils sont capables de jouer dans la cour des grands.
Visuellement parlant, pas grand chose de remarquable, on est dans la brume façon Stephen King, avec une femme enroulée dans une robe qui se perd dans ce brouillard qui n'annonce pas vraiment de bonnes nouvelles. Le lien avec le titre n'est guère évident et on imagine que le thème de la Nature pourrait ressortir des textes. On sent que l'on va aussi voyager dans la galaxie avec des titres comme Planetary Corruption ou Galactic Enslavement.
Mais on débute sur une courte introduction dont l'utilité pourrait être discutée : quelques secondes, trois arpèges et quatre blasts et l'affaire est pliée. Certes, on se met dans l'ambiance mais tout ça semble vraiment superflu. Défileront ensuite neuf morceaux, rarement au dessus de cinq minutes. On peut donc parler de concision mais surtout d'efficacité et de rapidité. Peu de morceaux lents ou mid-tempo, ou purement rapides, on pourrait dire que les morceaux ne sont pas vraiment typés. Le groupe préfère concentrer son écriture autour des nombreux changements de rythmes et d'une ambiance générale. Comptez combien de cassures ou de changements vous pouvez trouver dans un titre comme Sons of Revenants, c'est faramineux ! C'est sûrement la raison pour laquelle certains les classent dans la catégorie Death Technique. Seul le dernier titre The Archetype semble être bâti comme une démonstration de leur talent et de la variété de leurs influences tout en racontant une histoire: breaks un peu jazzy, passages mid tempo, intro à l'orgue, pas mal de syncopes, outro en arpèges qui répondent à l'intro. Une bonne façon de finir l'album tout en conservant la brutalité ambiante avec les blasts très présents.
Ce que l'on ne peut pas leur retirer, c'est le fait de connaître leurs classiques. On retrouve dans leur musique des touches de Death, de Nile (sur A Praise Obscene) ou encore de Deathcore dans le chant. On pourrait même sentir une inspiration un peu Black Metal, je pourrais le rrapprocher de Dissection sur Enraptured (les parties en arpèges font penser à Where Dead Angels Lie). Attention, ce ne sont que de subtils rappels, le groupe ne manque absolument pas de personnalité et ne réchauffe pas de vieilles recettes. Bien au contraire, ils savent imposer une touche qui les place plutôt bien dans ce créneau Death.
De plus, ils savent manier le groove, le Heavy et la technique. On a besoin de moments forts pour se souvenir d'un album, ici c'est le break de Galactic Enslavement qui fait le job, ce ne sont quelques notes qui poussent le titre au dessus des autres. Les nombreuses interventions de la basse sont de la partie et, là aussi, donnent un côté personnel à la musique de Decrescent. La technique, c'est surtout du solo bien placé. Les morceaux ne sont pas alambiqués et respectent un certain canon, dont le solo fait partie, le solo un peu foufou à la Slayer vieille époque ou celui doublé et mid tempo de APraise Obscene.
Decrescent a en fait toutes les qualités pour faire parler d'eux : un bon son, des morceaux bien bâtis, des musiciens solides et un album Blackened Bequest convaincant. Ne reste qu'à espérer qu'ils outrepassent les vicissitudes des petits groupes en devenir, ou qu'une boite digne de ce nom les repère pour les pousser un peu plus haut et un peu plus loin, juste histoire de voir s'ils peuvent encore plus gagner en personnalité et se faire un nom !
Tracklist :
01. Intro
02. Sons Of Revenants
03. Galactic Enslavement
04. Enraptured
05. A Praise Obscene
06. Planetary Corruption
07. Death Campaign
08. Blackened Bequest
09. A Haunting Of Dimensions
10. The Archetype